Nigeria
Affrontements mortels à Kano
De violents affrontements intercommunautaires ont ensanglanté pendant 48 heures la ville de Kano, faisant de nombreux morts. C'est le résultat des premières manifestations anti-américaines au Nigeria. Elles se sont déroulées à Kano la vieille ville et bastion par excellence de l'islam.
De notre correspondant régional
Vendredi 12 octobre 2001, un cortège bruyant de 5 000 fanatiques prend possession des rues de Kano, capitale de l'important Etat Haoussa du centre-nord du Nigeria. C'est la deuxième manifestation anti-américaine depuis les frappes sur l'Afghanistan. Peuplée en majorité de musulmans, Kano la poudrière, Kano la volcanique, Kano est l'un des 11 Etats de la fédération nigériane a adopté la charia.
Depuis, les grands noms de l'internationale islamiste comme le Yéménite Zendani, le Jordanien Azam font des émules parmi la jeunesse dés£uvrée. Les grands prédicateurs de Kano, les rares lettrés de l'Etat, s'engouffrent dans la brèche, multipliant les prêches, les causeries et les rassemblements des jeunes. Manipulant à leur gré l'actualité internationale, et devant un auditoire réceptif et attentif, ils ont réussi à diaboliser les Etats-Unis. La crise israélo-palestinienne, la traque des musulmans dans le monde restent le fil rouge de leur prêche dans les mosquées.
Ben Laden perçu comme un Che Guevara islamiste
La propagande porte ses fruits. Des milliers de dés£uvrés peu cultivés mais foncièrement fervents se sentent investis d'une mission. Ils créent le Congrès de la jeunesse musulmane du Nigeria. Tous les terroristes fichés et traqués par la CIA sont à leurs yeux, des symboles de la résistance au grand Satan américain. Ben Laden, le premier. A Kano, le milliardaire saoudien est un héros, un Che Guevara islamiste. Ses posters sont placardés avec soins dans les maisons, les tee-shirts à son effigie sont très prisés. Ben Laden est pour eux la glaive de Allah, le Tout-puissant.
Comme les attentats de Nairobi et de Dar-Es-Salaam, des scènes de joie ont accueilli la destruction des deux tours jumelles et du Pentagone à Kano. Allah, toujours grand, avait prédit cette victoire, résumait une banderole en ouverture de cortège le 13 septembre 2001 sur l'avenue Ahmadou Bello au centre de Kano.
Six petites collégiennes qui se rendaient à un examen, ont rencontré la mort en chemin, victimes de la fougue et de la rage des manifestants. Des corps mutilés à la machette, des véhicules incendiés, des mosquées et des églises brûléesà Kano a vécu 48 heures sanglantes et horribles. Les seuls symboles américains détruits sont le drapeau et les posters du président Bush.
Soulé Lamido, ministre des Affaires étrangères du Nigeria et originaire de Kano, était aussi sur la liste noire des fanatiques. Il l'a échappé belle parce que résidant à Abuja. Son domicile de Kano est encore fortement gardé par l'armée et la police nigérianes. L'impressionnant dispositif de sécurité, patrouilles mobiles, blindés, hélicoptères, a fini par rétablir l'ordre à Kano samedi. Le couvre-feu instauré par le gouverneur de l'Etat a renforcé la dissuasion au centre-ville. Les heurts se sont déplacés vers les quartiers nord et ont vite fait de basculer en affrontement inter-religieux.
Kano a repris ses règlements de compte entre chrétiens et musulmans. De nombreux fuyards ont choisi de se réfugier dans les commissariat de police et les casernes à la recherche de la paix et de la sécurité. Le président Obasanjo, depuis sont arrivée au pouvoir en mai 1999, n'a toujours pas de solution pour les conflits inter-ethniques et inter-religieux. Kano, Sokoto, Zampfara, Bauchi et Lagos tous des Etats du Nigeria, se sont régulièrement embrasées ces derniers mois, tantôt pour cohabitation difficile entre chrétiens et musulmans, tantôt encore pour incompréhension entre Haoussa et Yorouba. Ces violences ont déjà tué plus de 6 000 personnes.
Alors qu'il participe à une réunion de l'UNESCO à Paris, le président Obasanjo a une nouvelle fois nié l'évidence, imputant les violences et les morts de Kano à des «hooligans».
Vendredi 12 octobre 2001, un cortège bruyant de 5 000 fanatiques prend possession des rues de Kano, capitale de l'important Etat Haoussa du centre-nord du Nigeria. C'est la deuxième manifestation anti-américaine depuis les frappes sur l'Afghanistan. Peuplée en majorité de musulmans, Kano la poudrière, Kano la volcanique, Kano est l'un des 11 Etats de la fédération nigériane a adopté la charia.
Depuis, les grands noms de l'internationale islamiste comme le Yéménite Zendani, le Jordanien Azam font des émules parmi la jeunesse dés£uvrée. Les grands prédicateurs de Kano, les rares lettrés de l'Etat, s'engouffrent dans la brèche, multipliant les prêches, les causeries et les rassemblements des jeunes. Manipulant à leur gré l'actualité internationale, et devant un auditoire réceptif et attentif, ils ont réussi à diaboliser les Etats-Unis. La crise israélo-palestinienne, la traque des musulmans dans le monde restent le fil rouge de leur prêche dans les mosquées.
Ben Laden perçu comme un Che Guevara islamiste
La propagande porte ses fruits. Des milliers de dés£uvrés peu cultivés mais foncièrement fervents se sentent investis d'une mission. Ils créent le Congrès de la jeunesse musulmane du Nigeria. Tous les terroristes fichés et traqués par la CIA sont à leurs yeux, des symboles de la résistance au grand Satan américain. Ben Laden, le premier. A Kano, le milliardaire saoudien est un héros, un Che Guevara islamiste. Ses posters sont placardés avec soins dans les maisons, les tee-shirts à son effigie sont très prisés. Ben Laden est pour eux la glaive de Allah, le Tout-puissant.
Comme les attentats de Nairobi et de Dar-Es-Salaam, des scènes de joie ont accueilli la destruction des deux tours jumelles et du Pentagone à Kano. Allah, toujours grand, avait prédit cette victoire, résumait une banderole en ouverture de cortège le 13 septembre 2001 sur l'avenue Ahmadou Bello au centre de Kano.
Six petites collégiennes qui se rendaient à un examen, ont rencontré la mort en chemin, victimes de la fougue et de la rage des manifestants. Des corps mutilés à la machette, des véhicules incendiés, des mosquées et des églises brûléesà Kano a vécu 48 heures sanglantes et horribles. Les seuls symboles américains détruits sont le drapeau et les posters du président Bush.
Soulé Lamido, ministre des Affaires étrangères du Nigeria et originaire de Kano, était aussi sur la liste noire des fanatiques. Il l'a échappé belle parce que résidant à Abuja. Son domicile de Kano est encore fortement gardé par l'armée et la police nigérianes. L'impressionnant dispositif de sécurité, patrouilles mobiles, blindés, hélicoptères, a fini par rétablir l'ordre à Kano samedi. Le couvre-feu instauré par le gouverneur de l'Etat a renforcé la dissuasion au centre-ville. Les heurts se sont déplacés vers les quartiers nord et ont vite fait de basculer en affrontement inter-religieux.
Kano a repris ses règlements de compte entre chrétiens et musulmans. De nombreux fuyards ont choisi de se réfugier dans les commissariat de police et les casernes à la recherche de la paix et de la sécurité. Le président Obasanjo, depuis sont arrivée au pouvoir en mai 1999, n'a toujours pas de solution pour les conflits inter-ethniques et inter-religieux. Kano, Sokoto, Zampfara, Bauchi et Lagos tous des Etats du Nigeria, se sont régulièrement embrasées ces derniers mois, tantôt pour cohabitation difficile entre chrétiens et musulmans, tantôt encore pour incompréhension entre Haoussa et Yorouba. Ces violences ont déjà tué plus de 6 000 personnes.
Alors qu'il participe à une réunion de l'UNESCO à Paris, le président Obasanjo a une nouvelle fois nié l'évidence, imputant les violences et les morts de Kano à des «hooligans».
par Jean-Luc Aplogan
Article publié le 16/10/2001