Etats-Unis
Alerte à l'anthrax
Alors que de l'anthrax a été trouvé dans trois Etats et que 12 personnes au moins ont été exposées, la psychose gagne le pays tout entier. La piste terroriste est sérieusement étudiée. Les fausses alertes se multiplient touchant aussi bien la distribution du courrier que les transports aériens.
De notre correspondant à New York
Après une semaine de dénégations, les autorités se sont décidées à reconnaître ce que la population américaine savait déjà. Evoquant les affaires de contamination à l'anthrax, le ministre de la défense John Ashcroft a parlé d'un «acte terroriste», admettant dans la foulée que certains des complices des attentats du 11 septembre se trouvaient toujours très vraisemblablement aux Etats-Unis. Le ministre de la Santé Tommy Thompson a lui aussi affirmé : «il ne fait aucun doute qu'il s'agisse de bioterrorisme». Jusque là, le FBI se refusait à envisager la piste bioterroriste, parlant dans un premier temps d'un «acte isolé», puis d'une «enquête criminelle». Reste à prouver le lien avec les attentats du 11 septembre et le réseau Al Qaïda.
Si l'objectif était d'utiliser l'anthrax comme une arme de terreur, c'est gagné. Une seule personne est décédée des suites de la maladie du charbon, qui est pourtant devenu une obsession nationale. La bactérie mortelle occupe la une de tous les médias, bien avant les bombardements en Afghanistan ou les dernières menaces du réseau Al Qaïda. Le pays vit désormais au rythme de l'annonce des nouvelles contaminations. Hier soir, les New-Yorkais déjà traumatisés ont appris que trois personnes supplémentaires avaient été testées positif. Il s'agit d'un policier et de deux techniciens qui ont manipulé une lettre de menace contaminée à l'anthrax et envoyée à NBC qui avait déjà contaminé une employée de la chaîne. Cela porte à 12 le nombre de cas avérés d'anthrax. Huit d'entre eux ont frappé des employés du groupe de presse tabloïde American Media Inc. Un seul de ces employés est mort des suites de la forme respiratoire de la maladie du charbon. Les autres se portent bien et ne semblent pas avoir contracté la maladie.
A New York, une assistante du journaliste vedette de la chaîne NBC, Tom Brokaw, a contracté une forme cutanée, et donc bénigne, de la maladie du charbon, après avoir manipulé une lettre de menace postée le 18 septembre dans le New Jersey voisin et contenant une substance similaire à du sable. Une autre employée de NBC présente également des symptômes indiquant qu'elle aussi a probablement été exposée à l'anthrax. Dans le Nevada, une succursale de Microsoft a reçu un courrier testé positif à l'anthrax. Il contenait des images pornographiques et a été renvoyé de Malaisie. Ni poudre, ni substance granuleuse n'ont été signalées mais les pages de magazine présentaient des traces d'humidité. Quatre de six employés ayant manipulé la lettre ont été testés négatifs. Plusieurs autres cas de possibles contaminations étaient en cours de vérification.
Comme une traînée de poudre
Dans tout le pays, la peur de l'anthrax s'est répandue comme une traînée de poudre. Plusieurs grands médias ont fermé leurs locaux à courrier. Des entreprises les ont imités après l'annonce que Microsoft était touché. De nombreux particuliers sont désemparés. En Floride, des personnes ont appelé des officiers de police pour leur demander de trier leur courrier. D'autres affirmaient même ne plus oser s'approcher de leur boîte aux lettres. Les services postaux ont donné des consignes de vigilance très strictes. Les Américains ne doivent pas ouvrir les courriers suspects, mais les isoler et appeler l'inspecteur des postes. La psychose est particulièrement sensible à New York, déjà fragilisée par les attentats du 11 septembre. Les demandes d'antibiotique Cipro, censé guérir la maladie du Charbon, ont littéralement explosé. De plus en plus de personnes se présentent dans les services d'urgence, persuadées d'avoir été exposées.
Dans tous les Etats, les cas non confirmés, les fausses alertes et les canulars se multiplient, impliquant presque toujours des poudres suspectes. Le trafic aérien a également été perturbé. Un avion à destination de Denver a atterri d'urgence à Indianapolis après qu'une poudre, finalement non toxique, a été trouvée dans un placard. Un autre avion a été maintenu au sol quatre heures durant, en Californie. Un passager avait été vu en train de mettre de la poudre dans le système d'aération. Une tente de décontamination a été mise en place, et le passager suspect déshabillé, lavé au détergent et habillé d'une combinaison étanche. Après vérification, la «poudre» n'était que des confettis, tombés d'une carte de v£ux.
Les autorités s'efforcent de rassurer la population alors que la panique semble gagner le pays. Selon le ministre de la santé Tommy Thompson, les Etats-Unis disposent de plus de 2 millions de doses d'antibiotiques. De quoi traiter deux millions de personnes pendant 60 jours en cas d'exposition à la maladie du charbon. Il demandera au Congrès 1 milliard de dollars supplémentaires, pour approvisionner les stocks, «juste pour être sûr que les Américains, où qu'ils se trouvent dans le monde, seront protégés».
Après une semaine de dénégations, les autorités se sont décidées à reconnaître ce que la population américaine savait déjà. Evoquant les affaires de contamination à l'anthrax, le ministre de la défense John Ashcroft a parlé d'un «acte terroriste», admettant dans la foulée que certains des complices des attentats du 11 septembre se trouvaient toujours très vraisemblablement aux Etats-Unis. Le ministre de la Santé Tommy Thompson a lui aussi affirmé : «il ne fait aucun doute qu'il s'agisse de bioterrorisme». Jusque là, le FBI se refusait à envisager la piste bioterroriste, parlant dans un premier temps d'un «acte isolé», puis d'une «enquête criminelle». Reste à prouver le lien avec les attentats du 11 septembre et le réseau Al Qaïda.
Si l'objectif était d'utiliser l'anthrax comme une arme de terreur, c'est gagné. Une seule personne est décédée des suites de la maladie du charbon, qui est pourtant devenu une obsession nationale. La bactérie mortelle occupe la une de tous les médias, bien avant les bombardements en Afghanistan ou les dernières menaces du réseau Al Qaïda. Le pays vit désormais au rythme de l'annonce des nouvelles contaminations. Hier soir, les New-Yorkais déjà traumatisés ont appris que trois personnes supplémentaires avaient été testées positif. Il s'agit d'un policier et de deux techniciens qui ont manipulé une lettre de menace contaminée à l'anthrax et envoyée à NBC qui avait déjà contaminé une employée de la chaîne. Cela porte à 12 le nombre de cas avérés d'anthrax. Huit d'entre eux ont frappé des employés du groupe de presse tabloïde American Media Inc. Un seul de ces employés est mort des suites de la forme respiratoire de la maladie du charbon. Les autres se portent bien et ne semblent pas avoir contracté la maladie.
A New York, une assistante du journaliste vedette de la chaîne NBC, Tom Brokaw, a contracté une forme cutanée, et donc bénigne, de la maladie du charbon, après avoir manipulé une lettre de menace postée le 18 septembre dans le New Jersey voisin et contenant une substance similaire à du sable. Une autre employée de NBC présente également des symptômes indiquant qu'elle aussi a probablement été exposée à l'anthrax. Dans le Nevada, une succursale de Microsoft a reçu un courrier testé positif à l'anthrax. Il contenait des images pornographiques et a été renvoyé de Malaisie. Ni poudre, ni substance granuleuse n'ont été signalées mais les pages de magazine présentaient des traces d'humidité. Quatre de six employés ayant manipulé la lettre ont été testés négatifs. Plusieurs autres cas de possibles contaminations étaient en cours de vérification.
Comme une traînée de poudre
Dans tout le pays, la peur de l'anthrax s'est répandue comme une traînée de poudre. Plusieurs grands médias ont fermé leurs locaux à courrier. Des entreprises les ont imités après l'annonce que Microsoft était touché. De nombreux particuliers sont désemparés. En Floride, des personnes ont appelé des officiers de police pour leur demander de trier leur courrier. D'autres affirmaient même ne plus oser s'approcher de leur boîte aux lettres. Les services postaux ont donné des consignes de vigilance très strictes. Les Américains ne doivent pas ouvrir les courriers suspects, mais les isoler et appeler l'inspecteur des postes. La psychose est particulièrement sensible à New York, déjà fragilisée par les attentats du 11 septembre. Les demandes d'antibiotique Cipro, censé guérir la maladie du Charbon, ont littéralement explosé. De plus en plus de personnes se présentent dans les services d'urgence, persuadées d'avoir été exposées.
Dans tous les Etats, les cas non confirmés, les fausses alertes et les canulars se multiplient, impliquant presque toujours des poudres suspectes. Le trafic aérien a également été perturbé. Un avion à destination de Denver a atterri d'urgence à Indianapolis après qu'une poudre, finalement non toxique, a été trouvée dans un placard. Un autre avion a été maintenu au sol quatre heures durant, en Californie. Un passager avait été vu en train de mettre de la poudre dans le système d'aération. Une tente de décontamination a été mise en place, et le passager suspect déshabillé, lavé au détergent et habillé d'une combinaison étanche. Après vérification, la «poudre» n'était que des confettis, tombés d'une carte de v£ux.
Les autorités s'efforcent de rassurer la population alors que la panique semble gagner le pays. Selon le ministre de la santé Tommy Thompson, les Etats-Unis disposent de plus de 2 millions de doses d'antibiotiques. De quoi traiter deux millions de personnes pendant 60 jours en cas d'exposition à la maladie du charbon. Il demandera au Congrès 1 milliard de dollars supplémentaires, pour approvisionner les stocks, «juste pour être sûr que les Américains, où qu'ils se trouvent dans le monde, seront protégés».
par Philippe Bolopion
Article publié le 15/10/2001