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Attentats

Bioterrorisme : la France sur le qui-vive

Les alertes à l'anthrax se multiplient. Aux Etats-Unis mais aussi en Europe, et notamment en France. La moindre poudre suspecte décelée à l'intérieur d'un courrier provoque une intervention des services spécialisés. Pour le moment, Bernard Kouchner maintient qu'il n'y a pas de cas avéré de maladie du charbon en France.
Entre lundi et mardi, plusieurs lettres suspectes sont parvenues à des destinataires français. Au Collège de France, au Centre national d'études spatiales, à la Caisse des dépôts et consignations, au bureau de poste de Sarcelle, mais aussi à Sorgues (Vaucluse), Saint-Etienne, Rennes, les pompiers sont intervenus à la suite d'appel de personnes ayant reçu des enveloppes dans lesquelles se trouvait une poudre jugée suspecte. En tout, 38 alertes dans 17 départements ont été recensées en 48 heures. La fiabilité du dispositif d'urgence mis en place par le gouvernement dans le cadre du plan Biotox, a donc été largement mise à l'épreuve. Les pompiers sont intervenus pour évacuer les employés des établissements concernés, procéder à des décontaminations, prendre en charge les employés dont l'état nécessitait une hospitalisation. A chaque fois, des équipes spécialisées ont été envoyées pour procéder aux prélèvements nécessaires aux analyses des substances incriminées.

Les équipes de secours ont dû faire face à un certain nombre de canulars ou d'actes de malveillance. A Marseille, des envois qui contenaient une poudre étrange ont été signalés aux autorités alors qu'il ne s'agissait, en fait, que de talc. Le ministre français de la Santé a estimé que des «alertes excessives» risqueraient d'envenimer une «situation difficile». Ajoutant même : «Ces actes doivent être réprimés fortement».

Aucun cas de charbon diagnostiqué

Pour le moment, Bernard Kouchner a maintenu qu'il n'y avait «aucun cas de charbon» diagnostiqué sur le territoire national. Plusieurs dizaines de personnes ont été orientées sur des hôpitaux «par précaution». Pour les douze destinataires des lettres qui ont été directement en contact avec la poudre, un traitement antibiotique préventif a quand même été prescrit. Même si aucun d'entre eux n'a présenté de symptômes cliniques laissant penser qu'ils auraient été contaminés par la bactéries de l'anthrax. Mais comme l'a expliqué Bernard Kouchner : «Nous préférons traiter par excès que par défaut». Les analyses toxicologiques et bactériologiques des substances qui se trouvaient dans les enveloppes ont été réalisées par un laboratoire militaire spécialisé. Bernard Kouchner a annoncé mardi matin que l'examen des poudres suspectes s'était révélé négatif. Malgré tout, il faudra attendre encore 24 heures «que les cultures poussent», pour éliminer avec certitude l'éventualité de la présence du bacille du charbon.

La France ne se trouve donc pas dans le même cas de figure que les Etats-Unis où treize personnes ont été contaminées ces derniers jours et un décès enregistré. Lundi, George W. Bush a même annoncé que Tom Daschle, leader démocrate au Sénat, avait reçu une lettre contenant le bactérie de l'anthrax et que quarante membres de son bureau avaient été mis sous antibiotiques. Un bébé de sept mois a aussi contracté la forme cutanée de la maladie (moins grave que la forme pulmonaire), vraisemblablement lors de son passage au bureau de l'un de ses parents, employé de la chaîne de télévision NBC à New York, où des enveloppes suspectes ont été envoyées.

Pour Bernard Kouchner qui se veut encore et toujours rassurant, le dispositif d'alerte français est «excellent». Il a d'ailleurs de nouveau affirmé : «Nous sommes prêts à toutes éventualités». Il n'empêche que le climat de suspicion incite à la plus extrême prudence en France, mais aussi dans les autres pays où les alertes se sont multipliées ces derniers jours, comme la Suisse, l'Autriche, les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Italie et même Israël. D'ailleurs, Lionel Jospin dirigera mercredi une réunion consacrée à la sécurité intérieure à laquelle les principaux ministres concernés (Santé, Intérieur, Justice, Transports) doivent participer.



par Valérie  Gas

Article publié le 16/10/2001