Attentats
Le plan Biotox
Comment la France protège-t-elle ses citoyens contre le risque bactériologique : enquête sur le plan Biotox de Marina Mielczarek.
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Le 20 mars 1995 dans le métro de Tokyo, 12 personnes mourraient après avoir inhalé un gaz toxique, le sarin. La secte Aum avait revendiqué l'attentat, montrant aux autorités leur impuissance à traquer le terrorisme chimique.
Octobre 2001, un mois après l'opération suicide contre les tours jumelles de New York, un tel scénario est envisagé dans l'ensemble des pays occidentaux. Alors que les Etats-Unis enregistrent 4 victimes dont un mort de la maladie du charbon, les fausses alertes à la bactérie d'anthrax se multiplient sur tous les continents.
Le mois dernier, la France a réactivé son plan Biotox, un ensemble de mesures décidées depuis la guerre du Golfe en cas de menaces chimiques ou bactériologiques. Dans une conférence de presse exceptionnelle, le ministre français de la Santé assure que «9 hôpitaux militaires et civils sélectionnées sur le territoire sont chargés, 24h sur 24 d'accueillir les victimes potentielles et d'analyser le plus vite possible les produits toxiques. Outre ces 9 laboratoires, le «Plan blanc» oblige les hôpitaux français à une veille exceptionnelle les obligeant à garde des lits disponibles en cas d'opération terroriste».
L'eau et l'air sont analysés plus régulièrement, notamment pour éviter une contamination botulique, une bactérie soluble capable d'empoisonner les habitants d'une grande ville via le réseau d'eau courante. «La difficulté face au bioterrorisme, explique le docteur Rodier, spécialiste des maladies infectieuses à l'Organisation Mondiale de la Santé à Genève, c'est de savoir combien de personnes sont susceptibles d'être contaminées en cas d'attaque, il faut être capable d'identifier l'origine de l'accident et de chercher la nature du produit utilisé».
Depuis le 11 septembre, tous les scénarii sont imaginables
Aucun épidémiologue ne s'étonne que l'attaque aux Etats-Unis
soit perpétrée à l'anthrax. Contrairement aux virus, le bacille du charbon résiste à l'air et à l'eau, il est facilement manipulable et disponible dans des cabinets vétérinaires (puisqu'il s'agit d'abord d'une maladie d'animaux, courante chez les ruminants) et même dans le sol des terrains d'élevage.
Lors de la conférence de presse sur le plan Biotox à Paris, le ministre de la Santé avait annoncé la maladie du charbon comme maladie ajoutée à la liste des infections à déclarations obligatoire. Pendant cette réunion, Bernard Kouchner avait minimisé le risque d'une opération terroriste au virus de la variole, de la peste ou de fièvres hémorragiques de type Ebola ou Lhassa. Moins d'un mois après cette réunion, la France commandait trois millions de vaccins antivarioliques supplémentaires, venant s'ajouter aux 5 millions de doses déjà disponibles en France.
Des médecins généralistes ont critiqué le plan Biotox, des fiches d'information et de formation sur les maladies rares comme la peste ou les maladies disparues comme la variole, (éradiquée de la planète depuis 1980) avaient été promises par le gouvernement, seulement, elles ont mis plus de deux semaines à être imprimées et ne sont toujours pas distribuées dans tous les cabinets.
«Depuis le 11 septembre, tous les scénarii sont imaginables, y compris celui d'un accident contre une centrale nucléaire par un Boeing détourné, et aucun Etat ne s'était préparé à une telle éventualité, reconnaît Jean-François Lacronic, directeur de l'Office de Protection des Rayonnements Ionisants en France. Nos centrales sont construites pour résister à un petit avion militaire ou de tourisme mais en aucun cas à un gros Boeing et cela causerait d'importants dégâts, c'est certain ! ».
De l'avis des experts, à l'Organisation mondiale de la santé de Genève, comme dans les plus grands centres spécialisés parisiens le risque le plus redouté concerne l'alimentation. Un poison inséré dans la chaîne alimentaire industrielle serait difficile à trouver et s'étendrait très rapidement sur la planète.
Octobre 2001, un mois après l'opération suicide contre les tours jumelles de New York, un tel scénario est envisagé dans l'ensemble des pays occidentaux. Alors que les Etats-Unis enregistrent 4 victimes dont un mort de la maladie du charbon, les fausses alertes à la bactérie d'anthrax se multiplient sur tous les continents.
Le mois dernier, la France a réactivé son plan Biotox, un ensemble de mesures décidées depuis la guerre du Golfe en cas de menaces chimiques ou bactériologiques. Dans une conférence de presse exceptionnelle, le ministre français de la Santé assure que «9 hôpitaux militaires et civils sélectionnées sur le territoire sont chargés, 24h sur 24 d'accueillir les victimes potentielles et d'analyser le plus vite possible les produits toxiques. Outre ces 9 laboratoires, le «Plan blanc» oblige les hôpitaux français à une veille exceptionnelle les obligeant à garde des lits disponibles en cas d'opération terroriste».
L'eau et l'air sont analysés plus régulièrement, notamment pour éviter une contamination botulique, une bactérie soluble capable d'empoisonner les habitants d'une grande ville via le réseau d'eau courante. «La difficulté face au bioterrorisme, explique le docteur Rodier, spécialiste des maladies infectieuses à l'Organisation Mondiale de la Santé à Genève, c'est de savoir combien de personnes sont susceptibles d'être contaminées en cas d'attaque, il faut être capable d'identifier l'origine de l'accident et de chercher la nature du produit utilisé».
Depuis le 11 septembre, tous les scénarii sont imaginables
Aucun épidémiologue ne s'étonne que l'attaque aux Etats-Unis
soit perpétrée à l'anthrax. Contrairement aux virus, le bacille du charbon résiste à l'air et à l'eau, il est facilement manipulable et disponible dans des cabinets vétérinaires (puisqu'il s'agit d'abord d'une maladie d'animaux, courante chez les ruminants) et même dans le sol des terrains d'élevage.
Lors de la conférence de presse sur le plan Biotox à Paris, le ministre de la Santé avait annoncé la maladie du charbon comme maladie ajoutée à la liste des infections à déclarations obligatoire. Pendant cette réunion, Bernard Kouchner avait minimisé le risque d'une opération terroriste au virus de la variole, de la peste ou de fièvres hémorragiques de type Ebola ou Lhassa. Moins d'un mois après cette réunion, la France commandait trois millions de vaccins antivarioliques supplémentaires, venant s'ajouter aux 5 millions de doses déjà disponibles en France.
Des médecins généralistes ont critiqué le plan Biotox, des fiches d'information et de formation sur les maladies rares comme la peste ou les maladies disparues comme la variole, (éradiquée de la planète depuis 1980) avaient été promises par le gouvernement, seulement, elles ont mis plus de deux semaines à être imprimées et ne sont toujours pas distribuées dans tous les cabinets.
«Depuis le 11 septembre, tous les scénarii sont imaginables, y compris celui d'un accident contre une centrale nucléaire par un Boeing détourné, et aucun Etat ne s'était préparé à une telle éventualité, reconnaît Jean-François Lacronic, directeur de l'Office de Protection des Rayonnements Ionisants en France. Nos centrales sont construites pour résister à un petit avion militaire ou de tourisme mais en aucun cas à un gros Boeing et cela causerait d'importants dégâts, c'est certain ! ».
De l'avis des experts, à l'Organisation mondiale de la santé de Genève, comme dans les plus grands centres spécialisés parisiens le risque le plus redouté concerne l'alimentation. Un poison inséré dans la chaîne alimentaire industrielle serait difficile à trouver et s'étendrait très rapidement sur la planète.
par Marina Mielczarek
Article publié le 19/10/2001