Etats-Unis
L'anthrax s'insinue au Capitole
Plus de trente personnes ont été testées positif à l'anthrax dans les bureaux du leader de la majorité sénatoriale Tom Daschle. Des spores de la bactérie mortelle ont été trouvées dans plusieurs immeubles du Capitole, dont les bureaux ont été fermés. La chambre des représentants a cessé de siéger jusqu'à la semaine prochaine.
De notre correspondant à New York
Le fonctionnement normal des institutions est perturbé. La chambre des représentants est fermée jusqu'à la semaine prochaine. Des tests et des opérations de décontamination seront pratiqués dans les locaux et à l'extérieur. Les parlementaires ont été invités à rentrer chez eux. Le Sénat doit lui se rassembler normalement, aujourd'hui, mais ses bureaux alentours seront fermés et inspectés. Déjà plus de trente employés travaillant dans les bureaux du démocrate Tom Daschle ont été testés positifs à l'anthrax, après qu'une des employées du leader de la majorité a ouvert une lettre contenant une poudre suspecte. Personne ne semble avoir pour l'instant contracté la maladie du charbon. Deux officiers de police chargés de la sécurité du Capitole ont également été testés positif. Selon des informations non confirmées, des traces de la bactérie mortelle auraient également été découvertes dans un bureau adjacent, ainsi que dans le système de ventilation du Sénat et la salle du courrier, de l'autre côté de la rue.
La piste bioterroriste se précise. L'anthrax envoyée par courrier à Tom Daschle, est de «très bonne qualité». Les spores sont fines, très volatiles. Le bacille de la maladie du charbon contenu dans la poudre analysée est très concentré. Il réagit toutefois aux antibiotiques et ne semble pas avoir été génétiquement modifié, mais cette forme d'anthrax est considérée par certains comme une arme de guerre. Selon des officiels de la santé cités dans la presse américaine, la souche d'anthrax qui a contaminé une employée de la chaîne NBC à New York serait la même que celle trouvée en Floride, où une personne est morte de la maladie du charbon voilà deux semaines.
Selon le chef du FBI, la lettre adressée à Tom Daschle et celle à l'origine de la contamination d'une personne dans les bureaux de la chaîne NBC présentaient des similitudes. Les écritures se ressemblent et les deux enveloppes ont été postées de Trenton, dans le New Jersey voisin de New York. Dans les deux cas, les lettres contenaient des menaces à l'encontre des Etats-Unis et des références à Allah. Les analyses n'ont pour l'instant pas révélé si l'anthrax trouvée provient également de la même souche. L'enquête se concentrait hier sur les bureaux de poste de Floride et du New Jersey, ainsi que sur les laboratoires ayant accès à l'anthrax.
«Où cela va-t-il s'arrêter !»
La plus grande confusion régnait au Congrès hier quant à l'attitude à adopter. «Nous ne laisserons pas cela arrêter les travaux du Sénat», affirmait Tom Daschle. La décision de la chambre des représentants d'interrompre ses travaux étaient critiquée par des officiels du Sénat, qui parlaient de «réaction excessive». L'attitude sénatoriale était stigmatisée comme «irresponsable» par certains parlementaires qui y voyaient un geste de vaine défiance. Plus de mille personnes travaillant dans le complexe ont subi des tests et se sont vu remettre pour trois jours d'antibiotiques, à titre préventif.
A New York, des traces d'anthrax ont été trouvées dans les bureaux du gouverneur de l'Etat George Pataki. Les spores étaient dans le local des services de sécurité. Dans un premier temps, personne n'a été testé positif. Tous les employés ont toutefois été traités de façon préventive avec l'antibiotique Cipro, et les bureaux concernés ont été bouclés. La source de la contamination n'était pas connue. «Je suis en pleine forme», a déclaré George Pataki, faisant tout son possible pour éviter tout mouvement de panique. «Je ne me ferai pas tester moi-même, sur consigne de mon docteur», a-t-il expliqué. Là encore, les bureaux localisés sur deux étages d'un gratte-ciel en plein coeur de Manhattan ont été provisoirement fermés le temps de procéder à une décontamination. Ils devraient rouvrir lundi prochain sans que le travail du gouverneur ne soit interrompu.
Les chiffres ont tendance à augmenter chaque jour, mais hier soir, on dénombrait 40 personnes exposées à l'anthrax, et seulement quatre, dont un bébé, ayant contracté la maladie du charbon. Une seule d'entre elle est décédée, les autres sont pour l'instant dans une condition stable. Les villes de Washington, New York, Boca Raton en Floride et Reno dans le Nevada ont été touchées. Ces nouvelles contaminations, tant par leurs cibles que par leur ampleur, ont donné une nouvelle vigueur à la psychose qui couve dans le pays. «Mais où ça va s'arrêter, s'exclamait une jeune femme tombée en arrêt devant une télévision, dans un lieu public. Ce n'est pas possible. On va tous finir par être exposés». Quelque 20 000 personnes travaillent dans les bureaux du Capitole.
Le ministre de la santé Tommy Thompson a admis qu'il «ne fait aucun doute que nous venons d'entrer dans une période dominée par l'inconnu», ajoutant toutefois : «Nous sommes prêts à répondre». Le gouvernement redouble d'efforts pour renforcer le système de santé et stocker davantage d'antibiotiques. Selon le responsable des postes, Jack Potts, le risque pour le public de recevoir du courrier contaminé est «infiniment petit (...). Si les gens sont prudents et font preuve de bon sens, il n'y a rien à craindre».
Aucun lien formel n'a pour l'instant été établi avec les attentats du 11 septembre.
Le fonctionnement normal des institutions est perturbé. La chambre des représentants est fermée jusqu'à la semaine prochaine. Des tests et des opérations de décontamination seront pratiqués dans les locaux et à l'extérieur. Les parlementaires ont été invités à rentrer chez eux. Le Sénat doit lui se rassembler normalement, aujourd'hui, mais ses bureaux alentours seront fermés et inspectés. Déjà plus de trente employés travaillant dans les bureaux du démocrate Tom Daschle ont été testés positifs à l'anthrax, après qu'une des employées du leader de la majorité a ouvert une lettre contenant une poudre suspecte. Personne ne semble avoir pour l'instant contracté la maladie du charbon. Deux officiers de police chargés de la sécurité du Capitole ont également été testés positif. Selon des informations non confirmées, des traces de la bactérie mortelle auraient également été découvertes dans un bureau adjacent, ainsi que dans le système de ventilation du Sénat et la salle du courrier, de l'autre côté de la rue.
La piste bioterroriste se précise. L'anthrax envoyée par courrier à Tom Daschle, est de «très bonne qualité». Les spores sont fines, très volatiles. Le bacille de la maladie du charbon contenu dans la poudre analysée est très concentré. Il réagit toutefois aux antibiotiques et ne semble pas avoir été génétiquement modifié, mais cette forme d'anthrax est considérée par certains comme une arme de guerre. Selon des officiels de la santé cités dans la presse américaine, la souche d'anthrax qui a contaminé une employée de la chaîne NBC à New York serait la même que celle trouvée en Floride, où une personne est morte de la maladie du charbon voilà deux semaines.
Selon le chef du FBI, la lettre adressée à Tom Daschle et celle à l'origine de la contamination d'une personne dans les bureaux de la chaîne NBC présentaient des similitudes. Les écritures se ressemblent et les deux enveloppes ont été postées de Trenton, dans le New Jersey voisin de New York. Dans les deux cas, les lettres contenaient des menaces à l'encontre des Etats-Unis et des références à Allah. Les analyses n'ont pour l'instant pas révélé si l'anthrax trouvée provient également de la même souche. L'enquête se concentrait hier sur les bureaux de poste de Floride et du New Jersey, ainsi que sur les laboratoires ayant accès à l'anthrax.
«Où cela va-t-il s'arrêter !»
La plus grande confusion régnait au Congrès hier quant à l'attitude à adopter. «Nous ne laisserons pas cela arrêter les travaux du Sénat», affirmait Tom Daschle. La décision de la chambre des représentants d'interrompre ses travaux étaient critiquée par des officiels du Sénat, qui parlaient de «réaction excessive». L'attitude sénatoriale était stigmatisée comme «irresponsable» par certains parlementaires qui y voyaient un geste de vaine défiance. Plus de mille personnes travaillant dans le complexe ont subi des tests et se sont vu remettre pour trois jours d'antibiotiques, à titre préventif.
A New York, des traces d'anthrax ont été trouvées dans les bureaux du gouverneur de l'Etat George Pataki. Les spores étaient dans le local des services de sécurité. Dans un premier temps, personne n'a été testé positif. Tous les employés ont toutefois été traités de façon préventive avec l'antibiotique Cipro, et les bureaux concernés ont été bouclés. La source de la contamination n'était pas connue. «Je suis en pleine forme», a déclaré George Pataki, faisant tout son possible pour éviter tout mouvement de panique. «Je ne me ferai pas tester moi-même, sur consigne de mon docteur», a-t-il expliqué. Là encore, les bureaux localisés sur deux étages d'un gratte-ciel en plein coeur de Manhattan ont été provisoirement fermés le temps de procéder à une décontamination. Ils devraient rouvrir lundi prochain sans que le travail du gouverneur ne soit interrompu.
Les chiffres ont tendance à augmenter chaque jour, mais hier soir, on dénombrait 40 personnes exposées à l'anthrax, et seulement quatre, dont un bébé, ayant contracté la maladie du charbon. Une seule d'entre elle est décédée, les autres sont pour l'instant dans une condition stable. Les villes de Washington, New York, Boca Raton en Floride et Reno dans le Nevada ont été touchées. Ces nouvelles contaminations, tant par leurs cibles que par leur ampleur, ont donné une nouvelle vigueur à la psychose qui couve dans le pays. «Mais où ça va s'arrêter, s'exclamait une jeune femme tombée en arrêt devant une télévision, dans un lieu public. Ce n'est pas possible. On va tous finir par être exposés». Quelque 20 000 personnes travaillent dans les bureaux du Capitole.
Le ministre de la santé Tommy Thompson a admis qu'il «ne fait aucun doute que nous venons d'entrer dans une période dominée par l'inconnu», ajoutant toutefois : «Nous sommes prêts à répondre». Le gouvernement redouble d'efforts pour renforcer le système de santé et stocker davantage d'antibiotiques. Selon le responsable des postes, Jack Potts, le risque pour le public de recevoir du courrier contaminé est «infiniment petit (...). Si les gens sont prudents et font preuve de bon sens, il n'y a rien à craindre».
Aucun lien formel n'a pour l'instant été établi avec les attentats du 11 septembre.
par Philippe Bolopion
Article publié le 18/10/2001