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Aviation

La crise réactive la concurrence transatlantique

Pour faire face à la crise des transports aériens après les attentats du 11 septembre, les compagnies aériennes demandent l'aide des Etats. Le gouvernement fédéral américain va débloquer 15 milliards de dollars en urgence. Tandis qu'en Europe, la Commission européenne se prononce pour des aides ciblées et limitées dans le temps. En attendant, la guerre des tarifs et billets à prix cassés a repris des deux côtés de l'Atlantique.
Depuis les attentats de New York et Washington les compagnies aériennes américaines subissent une baisse d'activité plus grave qu'au moment de la guerre du Golfe, en 1991. Dans les deux semaines qui ont suivi le 11 septembre les pertes ont atteint cinq milliards de dollars, notamment du fait de la fermeture du trafic aérien pendant plusieurs jours. Très rapidement, Georges W. Bush, président du plus grand pays libéral du monde, a annoncé une aide d'urgence au secteur aérien de 15 milliards de dollars. Cinq milliards de versements directs aux compagnies et 10 milliards de garanties de crédit. Les compagnies aériennes américaines n'en annonçaient pas moins 100.000 licenciements auxquels s'ajoutent de 20.000 à 30.000 suppressions d'emplois chez le constructeur Boeing. Sachant que le transport aérien connaissaient déjà des difficultés avant les attentats certaines voix syndicales se sont élevées pour dénoncer le prétexte à une réduction des effectifs.

C'est à présent l'Union européenne qui soupçonne les compagnies américaines de pratiques concurrentielles déloyales. Empochant les aides publiques, elles semblent en profiter pour casser les prix, au détriment des compagnies européennes qui sont pourtant également touchées par la crise. L'Association des compagnies aériennes européennes a dénoncé des rabais allant jusqu'à 50% sur certaines liaisons transatlantiques et demandé à la Commissaire européenne chargée des transports Loyola de Palacio de négocier avec les Etats-Unis un code de bonne conduite concurrentielle pendant cette période troublée.

Ciel unique européen

Loyola de Palacio aura cependant plus de mal à plaider cette cause si ces interlocuteurs lui rappellent que British Airways offre actuellement 5 millions de billets à prix cassés sur 80 destinations européennesàEn effet, l'aide publique américaine aux entreprises de transports aériens n'a présenté aucune difficulté idéologique ou financière Outre-Altantique. Il n'en est pas de même en Europe. Les Quinze, quant à eux, devront notifier à la Commission européenne toutes les aides qu'ils entendent fournir à leurs compagnies ou constructeurs aéronautiques afin d'examiner leur conformité avec le droit communautaire de la concurrence.

Les Etats-membres seront toutefois autorisés à prendre des mesures d'urgence, limitées dans le temps, afin de répondre aux circonstances exceptionnelles dans lesquelles se trouve l'industrie aérienne depuis le 11 septembre. Il s'agit notamment de la couverture des pertes de chiffres d'affaires dans les jours qui ont suivi les attentats, les coûts supplémentaires liés au renforcement de la sécurité ou au relèvement des primes d'assurances. Pour la France, le ministre des transports Jean-Claude Gayssot devait annoncer lundi les premières mesures de soutien au secteur aérien avant le les défendre mardi à Luxembourg lors du conseil européen des ministres des transports consacré à ce thème.

Car la crise rampante du transport aérien avant les événements récents a été brutalement accélérée. Swissair en a fait les frais entraînant la SABENA et Air Lib dans son sillage tandis que d'autres compagnies annoncent des suppressions d'emplois. Dernière en date, l'Irlandaise Aer Lingus avec 2500 licenciements. Or d'Europe, les compagnies japonaises connaissent également le marasme. Et la compagnie panafricaine Air Afrique, confrontée à une quasi-faillite en attendant sa restructuration sous la houlette d'Air France, a été contrainte de rendre 4 de ses 6 avions en exploitation pour dette auprès de la société de leasing qui les lui louait.

La Commission européenne estime donc qu'on ne fera pas l'économie du mouvement de restructuration des compagnies aériennes européennes n'en laissant subsister que quatre ou cinq de niveau international. Le projet de «Ciel unique européen» pour 2004 prend même désormais un caractère d'urgence afin de réduire les coûts, améliorer l'efficacité et la sécurité du transport aérien.



par Francine  Quentin

Article publié le 15/10/2001