Serbie
Serbie-Montenegro: référendum sur l'union
L'avenir de la République fédérale de Yougoslavie, composée de la Serbie et du Montenegro, sera tranché par les électeurs monténégrins qui seront conduits à se prononcer lors d'un référendum sur l'indépendance.
De notre correspondant dans les Balkans
«Il est inutile de perdre davantage notre temps, les points de vue ne peuvent pas être rapprochés. L'avenir du Monténégro et de la Fédération yougoslave doit être décidé par les électeurs monténégrins», ont conclu en substance le président monténégrin Milo Djukanovic et le président fédéral yougoslave Vojislav Kostunica, après une rencontre historique à Belgrade vendredi après-midi. C'était en effet la première fois que Milo Djukanovic acceptait de discuter avec des représentants des institutions fédérales yougoslaves, que les Monténégrins jugent «illégitimes». Podgorica propose de remplacer l'actuelle fédération par une «union des Etats indépendants et internationalement reconnus de Serbie et du Monténégro», et ne voulait discuter de ce projet qu'avec les représentants de la République de Serbie.
Ce sera désormais aux électeurs monténégrins de trancher, et le référendum devrait être convoqué au printemps. Cela fait des années que les dirigeants monténégrins promettent d'organiser cette consultation, mais il semble bien que cette fois-ci sera la bonne. Les proches de Milo Djukanovic doivent pourtant encore s'entendre avec l'opposition pro-serbe au Monténégro sur les modalités d'organisation de ce référendum, et la nature exacte de la question qui sera posée aux électeurs. L'opposition exige une majorité qualifiée, alors que lors des élections législatives du 22 avril dernier, 55% seulement des électeurs monténégrins avaient voté en faveur de formations favorables à l'indépendance.
Une guérilla albanaise au Montenegro ?
Le bloc des partisans de Milo Djukanovic û environ 40% de l'électorat - doit s'assurer du soutien des indépendantistes convaincus de l'Alliance libérale du Monténégro, mais surtout des minorités nationales: les Slaves musulmans représentent 18% de la population monténégrine et les Albanais environ 8%. Les tractations politiques qui vont s'engager au Monténégro peuvent laisser augurer d'une dangereuse période d'incertitude, certains pouvant jouer la carte de la provocation pour invalider la légitimité du référendum. Des bruits inquiétants semblent confirmer l'apparition d'une guérilla séparatiste albanaise dans quelques villages du nord du Monténégro.
Dans l'immédiat, l'incertitude constitutionnelle aura des effets pénalisants sur l'économie de la Serbie et du Monténégro, beaucoup d'aides internationales étant suspendues à la résolution de la crise entre Belgrade et Podgorica. En cas d'indépendance du Monténégro, la Fédération yougoslave cessera d'exister, ce qui remettra notamment en question le statut du Kosovo qui, depuis juin 1999, ne dépend plus de la Serbie mais seulement de la Fédération yougoslave. A Pristina, beaucoup ne s'y trompent pas: l'indépendance monténégrine représente probablement la seule manière d'obtenir également l'indépendance du Kosovo.
La Serbie deviendra aussi ipso facto indépendante, et cette perspective risque de durcir l'affrontement politique entre le Président Kostunica et le Premier ministre de la République de Serbie, Zoran Djindjic, les deux hommes ayant en vue le même poste, la Présidence de la République de Serbie, toujours occupée par le dernier partisan de Slobodan Milosevic, Milan Milutinovic, inculpé par le Tribunal pénal international de La Haye. Le vieux rêve d'indépendance d'une partie de la société monténégrine pourrait entraîner une nouvelle déstabilisation en chaîne de toute la région mais, aux yeux de beaucoup de Monténégrin, l'avenir de leur pays ne peut pas être «pris en otage» par le statut du Kosovo.
«Il est inutile de perdre davantage notre temps, les points de vue ne peuvent pas être rapprochés. L'avenir du Monténégro et de la Fédération yougoslave doit être décidé par les électeurs monténégrins», ont conclu en substance le président monténégrin Milo Djukanovic et le président fédéral yougoslave Vojislav Kostunica, après une rencontre historique à Belgrade vendredi après-midi. C'était en effet la première fois que Milo Djukanovic acceptait de discuter avec des représentants des institutions fédérales yougoslaves, que les Monténégrins jugent «illégitimes». Podgorica propose de remplacer l'actuelle fédération par une «union des Etats indépendants et internationalement reconnus de Serbie et du Monténégro», et ne voulait discuter de ce projet qu'avec les représentants de la République de Serbie.
Ce sera désormais aux électeurs monténégrins de trancher, et le référendum devrait être convoqué au printemps. Cela fait des années que les dirigeants monténégrins promettent d'organiser cette consultation, mais il semble bien que cette fois-ci sera la bonne. Les proches de Milo Djukanovic doivent pourtant encore s'entendre avec l'opposition pro-serbe au Monténégro sur les modalités d'organisation de ce référendum, et la nature exacte de la question qui sera posée aux électeurs. L'opposition exige une majorité qualifiée, alors que lors des élections législatives du 22 avril dernier, 55% seulement des électeurs monténégrins avaient voté en faveur de formations favorables à l'indépendance.
Une guérilla albanaise au Montenegro ?
Le bloc des partisans de Milo Djukanovic û environ 40% de l'électorat - doit s'assurer du soutien des indépendantistes convaincus de l'Alliance libérale du Monténégro, mais surtout des minorités nationales: les Slaves musulmans représentent 18% de la population monténégrine et les Albanais environ 8%. Les tractations politiques qui vont s'engager au Monténégro peuvent laisser augurer d'une dangereuse période d'incertitude, certains pouvant jouer la carte de la provocation pour invalider la légitimité du référendum. Des bruits inquiétants semblent confirmer l'apparition d'une guérilla séparatiste albanaise dans quelques villages du nord du Monténégro.
Dans l'immédiat, l'incertitude constitutionnelle aura des effets pénalisants sur l'économie de la Serbie et du Monténégro, beaucoup d'aides internationales étant suspendues à la résolution de la crise entre Belgrade et Podgorica. En cas d'indépendance du Monténégro, la Fédération yougoslave cessera d'exister, ce qui remettra notamment en question le statut du Kosovo qui, depuis juin 1999, ne dépend plus de la Serbie mais seulement de la Fédération yougoslave. A Pristina, beaucoup ne s'y trompent pas: l'indépendance monténégrine représente probablement la seule manière d'obtenir également l'indépendance du Kosovo.
La Serbie deviendra aussi ipso facto indépendante, et cette perspective risque de durcir l'affrontement politique entre le Président Kostunica et le Premier ministre de la République de Serbie, Zoran Djindjic, les deux hommes ayant en vue le même poste, la Présidence de la République de Serbie, toujours occupée par le dernier partisan de Slobodan Milosevic, Milan Milutinovic, inculpé par le Tribunal pénal international de La Haye. Le vieux rêve d'indépendance d'une partie de la société monténégrine pourrait entraîner une nouvelle déstabilisation en chaîne de toute la région mais, aux yeux de beaucoup de Monténégrin, l'avenir de leur pays ne peut pas être «pris en otage» par le statut du Kosovo.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 29/10/2001