Nations unies
Kofi Annan, prix Nobel de la paix 2001
Le Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan et l'ONU ont reçu conjointement, le 12 octobre, le prix Nobel de la Paix 2001 «pour leur travail en faveur d'un monde mieux organisé et plus pacifique».
A ce jour, un seul secrétaire général des Nations unies avait été lauréat du prix Nobel. Le Suédois Dag Hammarskjoeld avait reçu la prestigieuse récompense mais à titre posthume en 1961. L'ONU, quant à elle, n'avait jamais été primée, même si nombre de ses institutions comme l'UNICEF, le HCR ou les casques bleus furent lauréates. Il y a quelques jours, de nombreux observateurs avaient estimé probable la récompense conjointe de Kofi Annan et des Nations unies. Voilà qui est fait.
Issu d'une famille aristocratique de la tribu des Fante, au Ghana, où il est né le 8 avril 1938, Kofi Annan ne laisse personne indifférent. D'une élégance jamais prise à défaut, cet homme de 63 ans frappe ses interlocuteurs par son inlassable courtoisie. «Quand il entre dans une pièce, une onde de sérénité se propage. On dirait le pape» a déclaré un ancien ministre européen. Cependant comme le pape, le secrétaire général de l'ONU a peu de pouvoir, en dehors de son autorité morale. Kofi Annan, depuis son élection à la tête des Nations Unies le 1er janvier 1997, s'est toujours attiré le respect d'une grande partie de la communauté internationale. «On l'a beaucoup critiqué comme étant l'homme des Etats-Unis, mais il est l'homme de la communauté mondiale» a affirmé Geir Lundestad, directeur de l'Institut Nobel avant d'ajouter : «Cela s'est confirmé lors de sa réélection le 27 juin 2001. Monsieur Annan a reçu le soutien de l'Afrique, bien sûr, mais aussi de l'Asie et de toutes les grandes puissances même si la Chine a peu traîné les pieds». Effectivement, l'extraordinaire consensus autour de cet homme s'est manifesté lors de sa réélection unanime en juin dernier par les 189 Etats membres pour un second mandat de cinq ans, du 1er janvier 2002 au 31 décembre 2006. «Il est le meilleur secrétaire général de l'histoire des Nations unies, sans exception» a dit de lui l'ancien ambassadeur américain à l'ONU, Richard Holbrooke.
Après sa réélection, Kofi Annan avait résumé ainsi ses aspirations : «J'ai l'espoir que dans cinq ans les peuples du monde, pour qui cette organisation a été fondée, auront le sentiment qu'elle est plus proche d'eux, travaille mieux pour répondre à leurs besoins et met le bien-être de l'individu au centre de tout ce qu'elle fait». Ainsi sur ce dernier point, il a récemment déclaré «approuver les raids américano-britanniques en Afghanistan appelant toutefois à tout faire pour épargner la population civile».
Toute une carrière au sein des Nations unies
Ce Ghanéen a une parfaite connaissance des Nations unies où il y a passé près de 40 ans de sa vie. Entré dans le système onusien en 1962 comme fonctionnaire d'administration et du budget auprès de l'Organisation mondiale de la Santé à Genève, il a, depuis, été en poste à la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, à Addis-Abeba, à la Force d'urgence des Nations unies à Ismailia, au Haut Commissariat pour les Réfugiés à Genève puis au Siège des Nations unies à New York, comme sous-secrétaire général à la gestion des ressources humaines et coordinateur des Nations unies pour les questions de sécurité (1987-1990) puis comme sous-secrétaire général à la planification des programmes, du budget et à la comptabilité. Il a ensuite dirigé la première équipe des Nations unies chargée de négocier avec l'Irak sur la question de la vente du pétrole pour financer l'aide humanitaire mais a aussi été chargé de la transition entre la FORPRONU et l'OTAN dans l'ex-Yougoslavie, fin 1995-début 1996 et a signé en février 1998 un accord avec l'Irak sur l'inspection des sites présidentiels par l'ONU.
Premier Africain noir à la diriger, Kofi Annan a concentré tous ses efforts sur la réorganisation interne de l'ONU où il a montré qu'il n'était pas seulement un gestionnaire mais également un homme capable d'initiative et d'autonomie. Après son aveu sur des faillites de l'ONU au Rwanda et en Bosnie, Kofi Annan, jamais à court d'idées, s'est donné pour objectifs le développement de la lutte contre le sida, la poursuite des efforts de paix au Proche-Orient et la mise en £uvre d'engagements du sommet du Millénaire pour le développement.
Kofi Annan et l'ONU, lauréats de ce premier prix Nobel de la paix au XXIème siècle, se verront remettre un chèque commun de 10 millions de couronnes suédoises, soit plus d'un million d'euros, le 10 décembre, à Oslo, lors de la cérémonie du centenaire du Prix Nobel.
Pour en savoir plus :
Site des Nations unies : http://www.un.org/french/
Site du Comité Nobel : http://www.nobel.se
Issu d'une famille aristocratique de la tribu des Fante, au Ghana, où il est né le 8 avril 1938, Kofi Annan ne laisse personne indifférent. D'une élégance jamais prise à défaut, cet homme de 63 ans frappe ses interlocuteurs par son inlassable courtoisie. «Quand il entre dans une pièce, une onde de sérénité se propage. On dirait le pape» a déclaré un ancien ministre européen. Cependant comme le pape, le secrétaire général de l'ONU a peu de pouvoir, en dehors de son autorité morale. Kofi Annan, depuis son élection à la tête des Nations Unies le 1er janvier 1997, s'est toujours attiré le respect d'une grande partie de la communauté internationale. «On l'a beaucoup critiqué comme étant l'homme des Etats-Unis, mais il est l'homme de la communauté mondiale» a affirmé Geir Lundestad, directeur de l'Institut Nobel avant d'ajouter : «Cela s'est confirmé lors de sa réélection le 27 juin 2001. Monsieur Annan a reçu le soutien de l'Afrique, bien sûr, mais aussi de l'Asie et de toutes les grandes puissances même si la Chine a peu traîné les pieds». Effectivement, l'extraordinaire consensus autour de cet homme s'est manifesté lors de sa réélection unanime en juin dernier par les 189 Etats membres pour un second mandat de cinq ans, du 1er janvier 2002 au 31 décembre 2006. «Il est le meilleur secrétaire général de l'histoire des Nations unies, sans exception» a dit de lui l'ancien ambassadeur américain à l'ONU, Richard Holbrooke.
Après sa réélection, Kofi Annan avait résumé ainsi ses aspirations : «J'ai l'espoir que dans cinq ans les peuples du monde, pour qui cette organisation a été fondée, auront le sentiment qu'elle est plus proche d'eux, travaille mieux pour répondre à leurs besoins et met le bien-être de l'individu au centre de tout ce qu'elle fait». Ainsi sur ce dernier point, il a récemment déclaré «approuver les raids américano-britanniques en Afghanistan appelant toutefois à tout faire pour épargner la population civile».
Toute une carrière au sein des Nations unies
Ce Ghanéen a une parfaite connaissance des Nations unies où il y a passé près de 40 ans de sa vie. Entré dans le système onusien en 1962 comme fonctionnaire d'administration et du budget auprès de l'Organisation mondiale de la Santé à Genève, il a, depuis, été en poste à la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, à Addis-Abeba, à la Force d'urgence des Nations unies à Ismailia, au Haut Commissariat pour les Réfugiés à Genève puis au Siège des Nations unies à New York, comme sous-secrétaire général à la gestion des ressources humaines et coordinateur des Nations unies pour les questions de sécurité (1987-1990) puis comme sous-secrétaire général à la planification des programmes, du budget et à la comptabilité. Il a ensuite dirigé la première équipe des Nations unies chargée de négocier avec l'Irak sur la question de la vente du pétrole pour financer l'aide humanitaire mais a aussi été chargé de la transition entre la FORPRONU et l'OTAN dans l'ex-Yougoslavie, fin 1995-début 1996 et a signé en février 1998 un accord avec l'Irak sur l'inspection des sites présidentiels par l'ONU.
Premier Africain noir à la diriger, Kofi Annan a concentré tous ses efforts sur la réorganisation interne de l'ONU où il a montré qu'il n'était pas seulement un gestionnaire mais également un homme capable d'initiative et d'autonomie. Après son aveu sur des faillites de l'ONU au Rwanda et en Bosnie, Kofi Annan, jamais à court d'idées, s'est donné pour objectifs le développement de la lutte contre le sida, la poursuite des efforts de paix au Proche-Orient et la mise en £uvre d'engagements du sommet du Millénaire pour le développement.
Kofi Annan et l'ONU, lauréats de ce premier prix Nobel de la paix au XXIème siècle, se verront remettre un chèque commun de 10 millions de couronnes suédoises, soit plus d'un million d'euros, le 10 décembre, à Oslo, lors de la cérémonie du centenaire du Prix Nobel.
Pour en savoir plus :
Site des Nations unies : http://www.un.org/french/
Site du Comité Nobel : http://www.nobel.se
par Clarisse Vernhes
Article publié le 12/10/2001