Congo démocratique
Le «dialogue» est mal parti
Le dialogue inter-congolais, qui s'est ouvert lundi, à Addis-Abeba, n'a pas tenu ses promesses. L'absence de plusieurs poids lourds et une audience réduite remettent, dors et déjà, à plus tard les véritables négociations sur l'avenir de la RDC.
Les ambitions du dialogue inter-congolais qui s'est ouvert lundi à Addis-Abeba se sont rétrécies comme une peau de chagrin. «Il s'agit encore une fois d'une réunion intermédiaire avant l'ouverture du dialogue proprement dit», souligne Léonard She Okitundu, le ministre des Affaires étrangère du président congolais, Joseph Kabila. Kinshasa refuse que les discussions de fond sur l'avenir politique de la République démocratique du Congo aient lieu avant que tous les participants soient présents et que les questions restées en suspend lors de la dernière réunion, à Gaborone, telles que la participation des miliciens Maï-Maï à ce sommet, soient résolues.
De leur côté, les mouvements armés par le Rwanda et l'Ouganda insistent pour que les négociations politiques commencent immédiatement. Tryphon Kin-Kiey Mulumba, porte-parole du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), mouvement armé par le Rwanda, accuse le gouvernement de Kinshasa de vouloir empêcher la tenue de ces négociations.
Seuls soixante-dix Congolais ont été invités à Addis-Abeba au lieu des 330 personnes envisagées par la «facilitation». Ni le président Joseph Kabila, ni celui Front de libération du Congo (FLC), Jean-Pierre Bemba, armé par l'Ouganda, n'ont fait le déplacement. L'ex-président du Botswana, Ketumile Masire, médiateur des négociations, avance des explications financières, affirmant qu'il lui manque encore 36 millions de francs pour permettre au dialogue inter congolais de prendre place. Mais l'un de ses adjoints admet que plus de 64 millions de francs ont déjà été dépensés lors des seules phases préparatoires.
Les vrais freins aux dialogues inter-congolais
En fait, tous les participants s'accordent à reconnaître que les vrais freins au lancement du dialogue inter-congolais ne sont par d'ordre financier mais politique. Les Congolais paraissent toujours tiraillés entre des intérêts contradictoires : aux luttes d'influence, hélas traditionnelles, entre les anciennes puissances coloniales se sont ajoutés au cours de cette guerre régionale des intérêts à très court terme.
La guerre dans l'ex-Zaïre représente en effet des opportunités financières. On fait des «bénéfices» au Congo-Kinshasa. Les cercles rapprochés du pouvoir au Rwanda, en Ouganda, au Burundi, au Zimbabwe, en Namibie et en Angola ont accumulé les biens mal acquis en République Démocratique du Congo, depuis 1996, tandis que la population congolaise est morte par millions et que l'espérance de vie des citoyens de ce pays a globalement baissé.
Une récente enquête des Nations unies montre que le régime Tutsi du Rwanda, à travers le Rassemblement Congolais pour la Démocratie, est à la tête d'une pyramide de pillage dans les territoires qu'il occupe dans l'Est de la République Démocratique du Congo au dépend des populations locales, terrorisées. L'occupation ougandaise est moins organisée et probablement bien moins rentable. Toutefois, différents cercles militaires y jouent sur les divisions au sein du RCD-Kisangani de Wamba Dia Wamba et du Front de Libération du Congo (FLC) de Jean-Pierre Bemba pour détourner une partie des recettes de ces territoires à travers, notamment, l'accaparement des douanes.
Quant à l'Angola et au Zimbabwe, ils ont obtenu, on le sait, des contrats juteux du pouvoir de Kinshasa. Ces intérêts, à court terme et fortement individualisés, correspondent directement avec avec ceux des Etats. C'est en partie pourquoi ce dialogue inter-congolais se présente encore et toujours sous le caractère d'une hypothèse. La majorité de ceux qui sont actuellement à Addis-Abeba pour ouvrir le dialogue inter congolais sont également ceux qui se sont le plus remplis les poches et qui ont le moins d'intérêts à voir cette guerre prendre fin.
Kinshasa appelle à la tenue d'élections générales dans les meilleurs délais. Des élections impossibles tant que l'Est du pays reste occupé par les troupes rwandaises, burundaises et ougandaises. Or ce sont dans ces régions occupées que le régime de Kinshasa est le plus populaire. Quant aux mouvements armés, ils craignent comme la peste des élections qu'ils sont certains de perdre. Ils militent donc pour que les futures institutions soient décidées à huit clos dans le cadre du dialogue inter congolais. Conçu à Lusaka, en 1998, ce «dialogue» constitue, en effet, l'unique espace de légitimité pour ces mouvements armés honnis par les populations qu'ils prétendent représenter.
De leur côté, les mouvements armés par le Rwanda et l'Ouganda insistent pour que les négociations politiques commencent immédiatement. Tryphon Kin-Kiey Mulumba, porte-parole du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), mouvement armé par le Rwanda, accuse le gouvernement de Kinshasa de vouloir empêcher la tenue de ces négociations.
Seuls soixante-dix Congolais ont été invités à Addis-Abeba au lieu des 330 personnes envisagées par la «facilitation». Ni le président Joseph Kabila, ni celui Front de libération du Congo (FLC), Jean-Pierre Bemba, armé par l'Ouganda, n'ont fait le déplacement. L'ex-président du Botswana, Ketumile Masire, médiateur des négociations, avance des explications financières, affirmant qu'il lui manque encore 36 millions de francs pour permettre au dialogue inter congolais de prendre place. Mais l'un de ses adjoints admet que plus de 64 millions de francs ont déjà été dépensés lors des seules phases préparatoires.
Les vrais freins aux dialogues inter-congolais
En fait, tous les participants s'accordent à reconnaître que les vrais freins au lancement du dialogue inter-congolais ne sont par d'ordre financier mais politique. Les Congolais paraissent toujours tiraillés entre des intérêts contradictoires : aux luttes d'influence, hélas traditionnelles, entre les anciennes puissances coloniales se sont ajoutés au cours de cette guerre régionale des intérêts à très court terme.
La guerre dans l'ex-Zaïre représente en effet des opportunités financières. On fait des «bénéfices» au Congo-Kinshasa. Les cercles rapprochés du pouvoir au Rwanda, en Ouganda, au Burundi, au Zimbabwe, en Namibie et en Angola ont accumulé les biens mal acquis en République Démocratique du Congo, depuis 1996, tandis que la population congolaise est morte par millions et que l'espérance de vie des citoyens de ce pays a globalement baissé.
Une récente enquête des Nations unies montre que le régime Tutsi du Rwanda, à travers le Rassemblement Congolais pour la Démocratie, est à la tête d'une pyramide de pillage dans les territoires qu'il occupe dans l'Est de la République Démocratique du Congo au dépend des populations locales, terrorisées. L'occupation ougandaise est moins organisée et probablement bien moins rentable. Toutefois, différents cercles militaires y jouent sur les divisions au sein du RCD-Kisangani de Wamba Dia Wamba et du Front de Libération du Congo (FLC) de Jean-Pierre Bemba pour détourner une partie des recettes de ces territoires à travers, notamment, l'accaparement des douanes.
Quant à l'Angola et au Zimbabwe, ils ont obtenu, on le sait, des contrats juteux du pouvoir de Kinshasa. Ces intérêts, à court terme et fortement individualisés, correspondent directement avec avec ceux des Etats. C'est en partie pourquoi ce dialogue inter-congolais se présente encore et toujours sous le caractère d'une hypothèse. La majorité de ceux qui sont actuellement à Addis-Abeba pour ouvrir le dialogue inter congolais sont également ceux qui se sont le plus remplis les poches et qui ont le moins d'intérêts à voir cette guerre prendre fin.
Kinshasa appelle à la tenue d'élections générales dans les meilleurs délais. Des élections impossibles tant que l'Est du pays reste occupé par les troupes rwandaises, burundaises et ougandaises. Or ce sont dans ces régions occupées que le régime de Kinshasa est le plus populaire. Quant aux mouvements armés, ils craignent comme la peste des élections qu'ils sont certains de perdre. Ils militent donc pour que les futures institutions soient décidées à huit clos dans le cadre du dialogue inter congolais. Conçu à Lusaka, en 1998, ce «dialogue» constitue, en effet, l'unique espace de légitimité pour ces mouvements armés honnis par les populations qu'ils prétendent représenter.
par Gabriel Kahn
Article publié le 17/10/2001