Serbie
Pour Slobodan Milosevic, la meilleure des défenses reste l'attaque
L'ancien président yougoslave continue de refuser toute légitimité au Tribunal pénal international et choisit une stratégie de provocation, en rappelant que les Etats-Unis auraient pu faire appel aux services secrets yougoslaves pour contrer Oussama Ben Laden et ses réseaux islamistes dans les Balkans.
De notre correspondant dans les Balkans
«Cessez de m'ennuyer avec la lecture de textes qui sont du niveau intellectuel d'un enfant de sept ans, pardon d'un enfant retardé de sept ans», a lancé l'ancien président yougoslave, en référence aux actes d'accusation établis contre lui par le procureur du TPI Carla del Ponte. La dernière confrontation de Slobodan Milosevic, mardi, s'est soldée par un nouveau dialogue de sourds. Alors que le Tribunal cherche à élargir les charges pesant contre l'ancien homme fort de Belgrade, celui-ci continue de dénier toute légitimité à la cour.
A terme, la stratégie de Slobodan a peut-être des chances de se révéler payante, puisque le TPI semble se révéler un peu embarrassé sur le calendrier du procès. Le procureur général du TPI Carla del Ponte a lancé l'hypothèse d'une ouverture du procès général le 12 février 2002, incluant les crimes commis en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. Pourtant, le porte-parole du procureur, Florence Hartmann, a rappelé : «nous sommes prêts pour le Kosovo et la Croatie mais il faut environ trois mois et demi entre la confirmation d'un acte d'accusation et le début d'un procès. Or l'acte d'accusation sur la Bosnie ne sera déposé qu'en novembre».
Slobodan Milosevic semble décidé à jouer sur ces incohérences du Tribunal, en essayant de convoquer à sa rescousse l'opinion publique de Serbie. Il a ainsi expliqué que le Tribunal «ferait le jeu de l'extrémisme albanais dans le sud de la Serbie». En effet, le TPI semble toujours bien peu disposé à entamer des enquêtes sur les crimes commis par l'UCK du Kosovo et l'UCPMB, la guérilla albanaise du sud de la Serbie. En Macédoine également, la Cour de La Haye a indiqué qu'elle entendait se saisir des crimes imputés à la guérilla albanaise, notamment les charniers de civils macédoniens récemment découverts, mais rien de concret ne semble avoir encore été entrepris.
Des retards désastreux
Pour les opinions orthodoxes des Balkans, ces retards du TPI sont désastreux, alors que les généraux croates inculpés au printemps dernier courent toujours, sans que Carla del Ponte ne paraisse très intéressée à obtenir leur arrestation et leur transfert. L'image d'un «TPI anti-serbe», véhiculée par la presse de Belgrade ou de Skopje semble, hélas, se confirmer, discréditant la perspective d'une justice internationale véritablement objective.
Dans ses réponses au TPI, Slobodan Milosevic n'a pas non plus manqué de rappeler le danger représenté par les réseaux radicaux musulmans. Selon lui, «Oussama Ben Laden était en Albanie deux ans après les attentats contre les ambassades américaines» en Tanzanie et au Kenya, en août 1998. A cette époque plusieurs militants venus du monde arabe, probablement liés aux réseaux Ben Laden ont effectivement été arrêtés en Albanie. En fait, l'ancien président essaie de suggérer que les services secrets américains auraient pu faire appel à ce moment aux services serbes. Si une éventuelle présence physique de Ben Laden en Albanie demeure très improbable, cette hypothèse est par contre fort envisageable.
En 1995, lors des accords de Dayton, Slobodan Milosevic et son régime avaient été promus au rang de partenaires stratégiques des Etats-Unis et, à l'été 1998, l'UCK était, aux yeux des Etats-Unis, une «organisation terroriste». Slobodan Milosevic ne veut décidément pas comprendre que ses anciens amis américains n'ont aucune intention de lui rendre grâce des services rendus durant de longues années.
«Cessez de m'ennuyer avec la lecture de textes qui sont du niveau intellectuel d'un enfant de sept ans, pardon d'un enfant retardé de sept ans», a lancé l'ancien président yougoslave, en référence aux actes d'accusation établis contre lui par le procureur du TPI Carla del Ponte. La dernière confrontation de Slobodan Milosevic, mardi, s'est soldée par un nouveau dialogue de sourds. Alors que le Tribunal cherche à élargir les charges pesant contre l'ancien homme fort de Belgrade, celui-ci continue de dénier toute légitimité à la cour.
A terme, la stratégie de Slobodan a peut-être des chances de se révéler payante, puisque le TPI semble se révéler un peu embarrassé sur le calendrier du procès. Le procureur général du TPI Carla del Ponte a lancé l'hypothèse d'une ouverture du procès général le 12 février 2002, incluant les crimes commis en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. Pourtant, le porte-parole du procureur, Florence Hartmann, a rappelé : «nous sommes prêts pour le Kosovo et la Croatie mais il faut environ trois mois et demi entre la confirmation d'un acte d'accusation et le début d'un procès. Or l'acte d'accusation sur la Bosnie ne sera déposé qu'en novembre».
Slobodan Milosevic semble décidé à jouer sur ces incohérences du Tribunal, en essayant de convoquer à sa rescousse l'opinion publique de Serbie. Il a ainsi expliqué que le Tribunal «ferait le jeu de l'extrémisme albanais dans le sud de la Serbie». En effet, le TPI semble toujours bien peu disposé à entamer des enquêtes sur les crimes commis par l'UCK du Kosovo et l'UCPMB, la guérilla albanaise du sud de la Serbie. En Macédoine également, la Cour de La Haye a indiqué qu'elle entendait se saisir des crimes imputés à la guérilla albanaise, notamment les charniers de civils macédoniens récemment découverts, mais rien de concret ne semble avoir encore été entrepris.
Des retards désastreux
Pour les opinions orthodoxes des Balkans, ces retards du TPI sont désastreux, alors que les généraux croates inculpés au printemps dernier courent toujours, sans que Carla del Ponte ne paraisse très intéressée à obtenir leur arrestation et leur transfert. L'image d'un «TPI anti-serbe», véhiculée par la presse de Belgrade ou de Skopje semble, hélas, se confirmer, discréditant la perspective d'une justice internationale véritablement objective.
Dans ses réponses au TPI, Slobodan Milosevic n'a pas non plus manqué de rappeler le danger représenté par les réseaux radicaux musulmans. Selon lui, «Oussama Ben Laden était en Albanie deux ans après les attentats contre les ambassades américaines» en Tanzanie et au Kenya, en août 1998. A cette époque plusieurs militants venus du monde arabe, probablement liés aux réseaux Ben Laden ont effectivement été arrêtés en Albanie. En fait, l'ancien président essaie de suggérer que les services secrets américains auraient pu faire appel à ce moment aux services serbes. Si une éventuelle présence physique de Ben Laden en Albanie demeure très improbable, cette hypothèse est par contre fort envisageable.
En 1995, lors des accords de Dayton, Slobodan Milosevic et son régime avaient été promus au rang de partenaires stratégiques des Etats-Unis et, à l'été 1998, l'UCK était, aux yeux des Etats-Unis, une «organisation terroriste». Slobodan Milosevic ne veut décidément pas comprendre que ses anciens amis américains n'ont aucune intention de lui rendre grâce des services rendus durant de longues années.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 31/10/2001