Syrie
Le «<i>oui, mais</i>» de la Syrie aux Etats-Unis
Bien que toujours placée par Washington sur la liste des Etats soutenant le terrorisme, la Syrie est en même temps courtisée par les Etats-Unis pour faire partie de la coalition qu'ils mettent sur pied mais elle refuse de s'engager avant de savoir quels sont les objectifs précis de cette coalition, craignant qu'une frappe contre l'Afghanistan ne soit qu'un prélude a d'autres contre des pays ou des organisations arabes.
De notre correspondante en Syrie
Depuis les attentats du 11 septembre, ce ne sont qu'échanges de messages et de civilités entre la Syrie et les Etats-Unis, qui cherchent par tous les moyens à gagner le plus grand nombre de pays à la coalition anti-terroriste. Mais si Damas a proclamé haut et fort sa condamnation de ces attentats et de toute forme de terrorisme, ses responsables et la presse officielle répètent chaque jour qu'il faut faire une distinction claire entre le terrorisme et les mouvements de résistance contre l'occupation, comme le Hezbollah libanais et le soulèvement palestinien.
Le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk al-Chareh a souligne à plusieurs reprises au cours des derniers jours que la Syrie est déterminée à contribuer a la lutte contre le terrorisme. «Mais, a-t-il dit, cette lutte doit avoir des objectifs clairs et précis, elle doit être basée sur des preuves, elle doit épargner les civils et toute campagne doit être menée sous l'égide de l'ONU».
Les craintes des pays arabes
Recevant mardi le chef de la diplomatie allemande Joschka Fischer, M. Chareh a ajoute cette phrase sibylline: «Nous ne voulons pas d'agenda cache pour quelque pays que ce soit, et il faut être franc a propos de ce qui va se produire à l'avenir».
Car la Syrie, comme beaucoup de pays arabes, craignent l'après-Afghanistan. Si l'on ne procède pas dès maintenant à une définition claire du terrorisme, qui peut empêcher les Etats-Unis à l'avenir de frapper qui bon leur semble, se demande-t-on dans les cercles politiques syriens.
Le démenti apporté par la Maison-Blanche aux propos du roi Abdallah II de Jordanie, qui avait indiqué avoir obtenu des assurances du président George Bush qu'aucun pays arabe ne serait visé, ne font qu'alimenter ces craintes. Et le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a déclaré mardi qu'une frappe éventuelle contre un pays arabe comme l'Irak porterait préjudice à la coalition que les Etats-Unis veulent constituer.
Certains milieux diplomatiques estiment que la prochaine cible des Etats-Unis, après Ben Laden, pourrait être certains membres du Hezbollah libanais, accusés d'avoir participé dans les années 80 à des attentats anti-américains à Beyrouth ou au rapt d'Occidentaux.
Or, la Syrie ne ménage pas son appui au Hezbollah, dont le secrétaire général Hassan Nasrallah s'est rendu la semaine dernière à Damas, à l'occasion d'un congrès d'appui à l'Intifada, et a déclaré à cette occasion que les Arabes ne devaient pas payer le prix des attentats aux Etats-Unis.
Mais il faut souligner que les organisations palestiniennes radicales, basées ou présentes à Damas, et notamment les islamistes du Djihad islamique et du Hamas, ont adopté un profil bas dans la capitale syrienne depuis les attentats du 11 septembre, s'abstenant notamment de revendiquer depuis Damas des opérations anti-israéliennes.
C'est l'appui de Damas à ces organisations radicales libanaises et palestiniennes qui lui vaut de figurer sur la liste élaborée par le Département d'Etat des pays soutenant le terrorisme. Mais, a récemment souligné Farouk al-Chareh, selon lequel cette liste a été dressée sous la pression d'Israël, les Etats-Unis eux-mêmes reconnaissent que depuis 1986, il n'ont aucune preuve de l'implication de la Syrie dans un acte terroriste.
En outre, la Syrie a participé en 1990 à la coalition anti-irakienne menée par les Etats-Unis, et obtenu en échange des gains de poids: l'assurance d'avoir les mains libres au Liban, un plus grand quota de travailleurs syriens dans les pays du Golfe, et le lancement du processus de paix.
Une leçon que les Etats-Unis semblent ne pas avoir oubliée, puisque le président Bush, dans un souci manifeste de rallier les Arabes, vient de se déclarer favorable à l'existence d'un Etat palestinien.
Depuis les attentats du 11 septembre, ce ne sont qu'échanges de messages et de civilités entre la Syrie et les Etats-Unis, qui cherchent par tous les moyens à gagner le plus grand nombre de pays à la coalition anti-terroriste. Mais si Damas a proclamé haut et fort sa condamnation de ces attentats et de toute forme de terrorisme, ses responsables et la presse officielle répètent chaque jour qu'il faut faire une distinction claire entre le terrorisme et les mouvements de résistance contre l'occupation, comme le Hezbollah libanais et le soulèvement palestinien.
Le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk al-Chareh a souligne à plusieurs reprises au cours des derniers jours que la Syrie est déterminée à contribuer a la lutte contre le terrorisme. «Mais, a-t-il dit, cette lutte doit avoir des objectifs clairs et précis, elle doit être basée sur des preuves, elle doit épargner les civils et toute campagne doit être menée sous l'égide de l'ONU».
Les craintes des pays arabes
Recevant mardi le chef de la diplomatie allemande Joschka Fischer, M. Chareh a ajoute cette phrase sibylline: «Nous ne voulons pas d'agenda cache pour quelque pays que ce soit, et il faut être franc a propos de ce qui va se produire à l'avenir».
Car la Syrie, comme beaucoup de pays arabes, craignent l'après-Afghanistan. Si l'on ne procède pas dès maintenant à une définition claire du terrorisme, qui peut empêcher les Etats-Unis à l'avenir de frapper qui bon leur semble, se demande-t-on dans les cercles politiques syriens.
Le démenti apporté par la Maison-Blanche aux propos du roi Abdallah II de Jordanie, qui avait indiqué avoir obtenu des assurances du président George Bush qu'aucun pays arabe ne serait visé, ne font qu'alimenter ces craintes. Et le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a déclaré mardi qu'une frappe éventuelle contre un pays arabe comme l'Irak porterait préjudice à la coalition que les Etats-Unis veulent constituer.
Certains milieux diplomatiques estiment que la prochaine cible des Etats-Unis, après Ben Laden, pourrait être certains membres du Hezbollah libanais, accusés d'avoir participé dans les années 80 à des attentats anti-américains à Beyrouth ou au rapt d'Occidentaux.
Or, la Syrie ne ménage pas son appui au Hezbollah, dont le secrétaire général Hassan Nasrallah s'est rendu la semaine dernière à Damas, à l'occasion d'un congrès d'appui à l'Intifada, et a déclaré à cette occasion que les Arabes ne devaient pas payer le prix des attentats aux Etats-Unis.
Mais il faut souligner que les organisations palestiniennes radicales, basées ou présentes à Damas, et notamment les islamistes du Djihad islamique et du Hamas, ont adopté un profil bas dans la capitale syrienne depuis les attentats du 11 septembre, s'abstenant notamment de revendiquer depuis Damas des opérations anti-israéliennes.
C'est l'appui de Damas à ces organisations radicales libanaises et palestiniennes qui lui vaut de figurer sur la liste élaborée par le Département d'Etat des pays soutenant le terrorisme. Mais, a récemment souligné Farouk al-Chareh, selon lequel cette liste a été dressée sous la pression d'Israël, les Etats-Unis eux-mêmes reconnaissent que depuis 1986, il n'ont aucune preuve de l'implication de la Syrie dans un acte terroriste.
En outre, la Syrie a participé en 1990 à la coalition anti-irakienne menée par les Etats-Unis, et obtenu en échange des gains de poids: l'assurance d'avoir les mains libres au Liban, un plus grand quota de travailleurs syriens dans les pays du Golfe, et le lancement du processus de paix.
Une leçon que les Etats-Unis semblent ne pas avoir oubliée, puisque le président Bush, dans un souci manifeste de rallier les Arabes, vient de se déclarer favorable à l'existence d'un Etat palestinien.
par Acil TABBARA
Article publié le 04/10/2001