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Affaires politico-financières

Dominique Strauss-Kahn relaxé

Dominique Strauss-Kahn, l'ancien ministre français de l'Economie a été relaxé dans l'un des dossiers de l'affaire de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF). En octobre, il avait déjà bénéficié d'une audience très favorable, à l'issue de laquelle aucune peine n'avait été requise contre lui. Cette décision du tribunal correctionnel de Paris va lui permettre de revenir sur la scène politique française, la tête haute.
Serein en apparence mais particulièrement prudent, de peur, sans doute, d'irriter les magistrats avant leur décision, Dominique Strauss-Kahn était resté muet depuis l'audience sur l'affaire qui l'avait contraint à la démission le 2 novembre 1999, mais qui est apparue au fur et à mesure des débats comme un dossier sans substance. Deux jours avant que cette relaxe soit prononcée, son entourage se refusait à tout commentaire. Mais personne n'a pu oublier les prévenances dont avait bénéficié l'ancien ministre de l'Economie en octobre dernier : autorisation exceptionnelle de quitter la salle d'audience le premier jour du procès ou encore les réprimandes du tribunal au parquet qui avaient détendu chaque jour davantage les avocats de député du Val d'Oise.

Lors du procès il y a un peu plus d'un mois, dans ses réquisitions, le représentant du parquet n'avait pu dissimuler sa gêne en s'en remettant «à l'appréciation du tribunal», une façon à peine voilée de requérir une relaxe, deux ans après que ce même parquet eut émis un réquisitoire introductif visant nommément Dominique Strauss-Kahn le poussant, à l'époque à la démission. DSK était accusé d'avoir fourni en toute conscience à la justice et à l'Ordre des avocats de Paris des documents antidatés, destinés à justifier son rôle dans les négociations entre la MNEF et la Compagnie générale des eaux (aujourd'hui Vivendi), entre 1994 et 1996. «Il n'y a aucune version de rechange qui permette d'infirmer la version de Dominique Strauss-Kahn» avait prévenu le ministère public en octobre admettant ainsi que ce dernier n'avait commis qu'une simple erreur de date sans tenter toutefois de dissimuler un travail dont la réalité avait été prouvée par l'instruction.

Le retour de DSK en politique

Seule la relaxe pouvait satisfaire réellement DSK et lui permettre de relancer sa carrière politique. Maître Jean Veil, l'un des avocats de DSK s'est réjoui de cette décision : «Mes premières pensées vont à Dominique Strauss-Kahn, qui sort d'un épisode judiciaire de deux ans et pour lequel les affaires sont totalement terminées» a-t-il affirmé à l'issue du jugement. Cependant, les avocats de l'ancien ministre de l'Economie ont demandé ce mercredi une «refonte complète et totale de la procédure». DSK, de son côté, a quitté le Palais de justice sans un mot.

Bénéficiant désormais d'un non-lieu dans l'affaire Elf et d'une relaxe dans celle de la MNEF, DSK pourrait revenir, à quelques mois des élections présidentielle et législatives, sur le devant de la scène politique pour soutenir activement la campagne de Lionel Jospin, en mal de «poids lourds» pour contrer la popularité de Jacques Chirac. Le premier secrétaire du parti socialiste, François Hollande, l'a bien compris et a assuré, dès avant le jugement, que Dominique Strauss-Kahn avait «une place évidente dans la campagne des socialistes et ensuite dans tous les postes de responsabilités si nous sommes appelés à conduire de nouveau les destinées du pays». Concernant les vives critiques qu'avaient formulées les socialistes à l'égard de DSK lors de sa mise en cause en 1999, François Hollande répond «elles étaient légitimes à l'époque mais il a fait la démonstration de son innocence. Autant il était normal qu'il s'éloigne, autant aujourd'hui il peut retrouver toute sa place». Un message en forme d'invitation ?



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 07/11/2001