Affaires politico-financières
Lionel Jospin prêt à témoigner
Le Premier ministre français s'est montré disposé, le 7 novembre, à être entendu comme témoin dans une affaire de financement occulte du parti socialiste (PS). Il marque ainsi sa différence avec le président Jacques Chirac dans les affaires liées au RPR.
Mercredi 7 novembre, le journal l'Est Républicain annonçait que le juge de la ville de Pau, dans le sud-ouest de la France, voulait interroger Lionel Jospin dans l'affaire du financement occulte du PS, dite affaire Destrade. Rapidement, le Premier ministre français faisait savoir, via un communiqué, qu'il était prêt à se rendre à cette convocation. Ainsi, il a demandé, comme la procédure l'exige, à la Garde des Sceaux de proposer lors d'un prochain Conseil des ministres de «l'autoriser» à témoigner. Aucune date n'a, pour l'instant, été fixée pour cette procédure et a fortiori pour l'audition du juge. Ironie de la situation, cette autorisation sera donc accordée en présence du chef de l'Etat, qui, il y a quelques mois avait refusé d'être entendu comme témoin dans des affaires liées au RPR.
Si Matignon s'est refusé à tout commentaire, l'empressement du Premier ministre à faire connaître sa décision était clairement destinée à afficher une attitude à l'opposé de celle de Jacques Chirac. En effet, au mois d'avril dernier, le président français avait refusé, au nom de ses prérogatives constitutionnelles, de répondre à une convocation du juge Halphen, en charge de l'affaire des HLM de Paris. A six mois des échéances électorales, Lionel Jospin voit donc, ici, tout l'intérêt politique qu'il peut tirer de cet épisode judiciaire. Son statut -il ne jouit d'aucune immunité pénale particulière contrairement au chef de l'Etat- étant moins protecteur que celui du président, il n'avait d'autre choix que celui qu'il a fait.
Il faut dire que depuis le début de la cohabitation en 1997, les affaires n'ont cessé de donner lieu à des joutes entre les deux têtes de l'exécutif. Et c'est précisément sur le refus de Jacques Chirac d'être entendu par un juge que Lionel Jospin avait, cet été, porté une attaque virulente en expliquant que son retard à reconnaître son passé trotskiste était «quand même moins grave que de tarder à s'expliquer devant les juges».
Lionel Jospin ne devrait pas être inquiété
Dans le cadre de l'affaire Destrade, une information judiciaire a été ouverte en janvier 1995. Elle concerne un réseau de trafic d'influence et d'escroquerie que l'ancien député des Pyrénées-Atlantique est soupçonné d'avoir mis en place pour financer le parti socialiste. Ce financement aurait été monté au début des années 90 grâce à des commissions occultes perçues de supermarchés lors des demandes d'autorisation d'implantation. Après six ans de laborieuse enquête, la destination finale de ces fonds n'a toujours pas été formellement établie. Sur le fond, Lionel Jospin ne devrait cependant pas être menacé car cette information judiciaire porte sur des faits postérieurs à la période où il était premier secrétaire du PS (de 1981 à 1988).
Après cette annonce, les réactions n'ont pas tardé à venir faisant le plus souvent, à gauche, référence à l'attitude de Jacques Chirac durant l'été dernier. Arnaud Montebourg en a profité pour mettre les pieds dans le plat en déclarant que le Premier ministre était «un très bon exemple que devrait suivre le président de la République qui, réfugié dans le sanctuaire de son statut, a jusqu'à présent, refusé de participer à la manifestation de la vérité». François Hollande, le premier secrétaire du PS, plus sibyllin, a estimé que le Premier ministre «a une nouvelle fois manifesté son respect du droit et de la justice. C'est bien qu'il en soit ainsi au plus haut niveau de l'Etat». Quant à Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, il s'est félicité du «comportement profondément républicain» de Lionel Jospin. En revanche, refusant de se prononcer sur le refus du président Chirac de témoigner devant un magistrat, il a ajouté : «Chacun agit en son âme et conscience». A droite, tous les ténors se sont fait discrets, aucun n'a ouvertement critiqué la décision du chef du gouvernement.
Si Matignon s'est refusé à tout commentaire, l'empressement du Premier ministre à faire connaître sa décision était clairement destinée à afficher une attitude à l'opposé de celle de Jacques Chirac. En effet, au mois d'avril dernier, le président français avait refusé, au nom de ses prérogatives constitutionnelles, de répondre à une convocation du juge Halphen, en charge de l'affaire des HLM de Paris. A six mois des échéances électorales, Lionel Jospin voit donc, ici, tout l'intérêt politique qu'il peut tirer de cet épisode judiciaire. Son statut -il ne jouit d'aucune immunité pénale particulière contrairement au chef de l'Etat- étant moins protecteur que celui du président, il n'avait d'autre choix que celui qu'il a fait.
Il faut dire que depuis le début de la cohabitation en 1997, les affaires n'ont cessé de donner lieu à des joutes entre les deux têtes de l'exécutif. Et c'est précisément sur le refus de Jacques Chirac d'être entendu par un juge que Lionel Jospin avait, cet été, porté une attaque virulente en expliquant que son retard à reconnaître son passé trotskiste était «quand même moins grave que de tarder à s'expliquer devant les juges».
Lionel Jospin ne devrait pas être inquiété
Dans le cadre de l'affaire Destrade, une information judiciaire a été ouverte en janvier 1995. Elle concerne un réseau de trafic d'influence et d'escroquerie que l'ancien député des Pyrénées-Atlantique est soupçonné d'avoir mis en place pour financer le parti socialiste. Ce financement aurait été monté au début des années 90 grâce à des commissions occultes perçues de supermarchés lors des demandes d'autorisation d'implantation. Après six ans de laborieuse enquête, la destination finale de ces fonds n'a toujours pas été formellement établie. Sur le fond, Lionel Jospin ne devrait cependant pas être menacé car cette information judiciaire porte sur des faits postérieurs à la période où il était premier secrétaire du PS (de 1981 à 1988).
Après cette annonce, les réactions n'ont pas tardé à venir faisant le plus souvent, à gauche, référence à l'attitude de Jacques Chirac durant l'été dernier. Arnaud Montebourg en a profité pour mettre les pieds dans le plat en déclarant que le Premier ministre était «un très bon exemple que devrait suivre le président de la République qui, réfugié dans le sanctuaire de son statut, a jusqu'à présent, refusé de participer à la manifestation de la vérité». François Hollande, le premier secrétaire du PS, plus sibyllin, a estimé que le Premier ministre «a une nouvelle fois manifesté son respect du droit et de la justice. C'est bien qu'il en soit ainsi au plus haut niveau de l'Etat». Quant à Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, il s'est félicité du «comportement profondément républicain» de Lionel Jospin. En revanche, refusant de se prononcer sur le refus du président Chirac de témoigner devant un magistrat, il a ajouté : «Chacun agit en son âme et conscience». A droite, tous les ténors se sont fait discrets, aucun n'a ouvertement critiqué la décision du chef du gouvernement.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 08/11/2001