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Burundi

Le prix de la paix

La mise en place des institutions de transition au Burundi ne pourra réussir que si le calme prévaut le pays. Des forces étrangères devraient y veiller, si les financements sont là.
Le processus de paix conduit par Nelson Mandela, s'est conclu le 28 août dernier par un accord de paix, signé à Arusha, en Tanzanie. Mais pour autant, la paix n'est pas effective au Burundi. Tout repose actuellement sur un équilibre précaire, et qui tient par la seule force de la personnalité du négociateur des accords de paix: Nelson Mandela. Il a imposé aux différentes composantes de la société burundaise, un compromis de paix sur le plan politique, et qui devrait selon ses prévisions calmer quelques ardeurs militaires. Le Front pour la démocratie au Burundi, le FRODEBU, parti de la majorité hutue, participe aux nouvelles institutions de la république, aux côtés des Tutsis, minoritaires, mais qui contrôlent les pouvoirs militaire et politique.

Les accords d'Arusha n'ont pu régler le problème de la sécurité des populations. La réorganisation d'une police républicaine a été repoussée au profit d'une recomposition de l'armée, à qui a été dévolu une mission de sécurité. Malgré le déséquilibre du nombre de la population, 20% de Tutsis et 80% de Hutus, la future armée burundaise devra être composée à parts égales de Tutsis et Hutus. L'Organisation de l'unité africaine (OUA) avait dépêché au Burundi des experts militaires du Sénégal, du Ghana, du Nigeria et l'Afrique du sud, qui avaient pour mission d'établir les bases de cette future armée burundaise. Ces mêmes pays avaient accepté d'envoyer des contingents militaires, qui devraient garantir la sécurité des institutions de la transition.

L'Afrique du sud met la main à la poche

Aujourd'hui, seule l'Afrique du sud a envoyé sur place, et à ses frais sept cents hommes. Un effort que ce pays ne pourra tenir seul. Nelson Mandela a d'ailleurs demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de mandater rapidement une mission militaire de maintien de la paix au Burundi. «La responsabilité du processus de paix passe désormais dans les mains de la Commission de suivi et d'application des accords d'Arusha, CSA, et celles de la communauté internationale, sous les auspices des Nations Unies» a-t-il précisé. L'Union européenne a, quant à elle annoncé ses intentions de participer financièrement à l'installation d'une force de paix au Burundi.

La présence d'une force militaire d'interposition ou de maintien de la paix semble indispensable. En effet l'apparente stabilité politique cache une situation d'affrontements permanents dans le pays. Une insécurité qui s'est accrue depuis que la Mission d'observation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUC), a déployé des contingents militaires aux frontières congolaises avec le Burundi. Les petites milices qui vivaient de divers trafics se sont repliées à l'intérieur du Burundi, et profitent des querelles ethniques pour rançonner des villageois. La technique étant de faire porter le chapeau au groupe ethnique rival, ce qui a pour effet d'entretenir les rancoeurs, des envies de vengeance et le sentiment d'insécurité.



par Didier  Samson

Article publié le 02/11/2001