Algérie
L'incurie gouvernementale mise en cause
Alors qu'Alger compte encore ses morts après l'inondation catastrophique de samedi, la population met en cause l'impréparation des autorités.
De notre correspondant en Algérie
C'est par des quolibets et des sifflets que le président Bouteflika a été reçu à Bab el Oued, quartier populaire d'Alger, durement touché par les violentes intempéries du 10 novembre dernier. Il s'y est rendu trois jours après la survenance de cette catastrophe qui a fait 600 morts et prés de 400 blessés.
La longue liste des victimes n'est malheureusement pas close. De nombreuses personnes sont encore ensevelies sous de la terre, des détritus, de la ferraille et des troncs d'arbres charriés par les eaux en furie. La population est meurtrie. Alger la blanche a été transformée en Alger la boueuse. Bab el oued, ou habite plus de 200 000 personnes, est le quartier le plus touché. On y a recensé le plus grand nombre de victimes. Plus des deux tiers du bilan provisoire.
A Bab el Oued, on est à la fois atterré et révolté. On n'admet pas la lenteur de la réaction des autorités, le faible niveau de son intervention, sans parler de son imprévision. La météo nationale savait que le temps allait sérieusement se gâter. Elle en avait informé tous les services officiels trois jours avant les pluies diluviennes. Aucune mesure préventive n'a été prise. Au moment de la catastrophe, la protection civile s'est révélé sous équipée, voire inexpérimentée pour face aux évènements. La population s'est retrouvée livrée à elle-même.
C'est elle qui a organisé les premiers secours avec des moyens rudimentaires. Elle s'est ensuite impliqué dans les opérations de sauvetage et de déblayage des décombres charriés par les eaux. Non sans se poser des questions. Car au fil des heures, ces algérois de l'ex-fief du front islamique du salut (parti dissous en 1992) ont découvert que leur commune - de Frais vallon à l'ouest, Triollet au centre jusqu'au boulevard du front de mer- s'était transformé en un immense cimetière. Qu'est-ce qui nous arrive ? Pourquoi autant de morts ?
Rapidemment, les habitants de Bab el oued ont compris où se situe le mal. Si la pluie diluvienne a été le déclencheur, les gestionnaires de la ville d'Alger, leur tutelle et le pouvoirs publics, en général, sont pour eux à la source de ce malheur. On les accuse de laisser aller, d'incurie et d'incompétence. La route à double voie qui traverse Frais Vallon pour déboucher ensuite sur le Triollet jusqu'à la mer a été construite dans le lit d'un oued. Dans cet oued se déversait les eaux de pluie et tous les ruissellements provenant des collines qui flanquent Frais Vallon. Chaque fois qu'il pleut, l'eau envahit la route à double voie. Les canalisations d'évacuation des eaux ont toujours été inadaptées. Tous les automobilistes le savent. Ce que peu de personnes savaient et que des fuites ont révélé à l'occasion de cette catastrophe, c'est que de grandes canalisations souterraines qui débouchent sur la mer ont été volontairement obstruées, il y a environ trois ans après qu'on y ait découvert les traces d'un «campement» terroriste. Elles servaient à évacuer sur la mer les eaux fluviales.
Des canalisations volontairement obstruées
Avec la sécheresse, la rareté des écoulements d'eau, ces buses géantes ont été transformées en refuge terroriste. Qui a décidé de les boucher ? Personne ne le sait encore. «Quoi qu'il en soit, celui qui a ordonné cette mesure est un anti-terroriste primaire et sûrement pas un ingénieur des ponts et chaussées», commente un officier du génie de l'armée en retraite. Faute de canalisations, les pluies diluviennes ont envahi la forte pente de l'ancien lit de l'oued, devenu une route à double voie. Sa forte inclinaison, le haut débit de la pluie pendant quelques heures ont mené droit à la catastrophe.
L'eau a dévalé en emportant tout - baraques, voitures...et individus - sur son passage. Mais tout n'est pas à mettre au compte de la topographie des lieux, ni à cataloguer exclusivement au registre des catastrophes naturels. Il y a eu négligence dans la gestion du système de voirie et d'écoulement des eaux ainsi qu'une incurie des autorités à réagir convenablement à la détresse des gens. Pour le quotidien d'Oran (12 novembre 2001) qui recoupe de larges pans de l'opinion, «dans la basse ville où l'on meurt de rien et pour rien, on se demande à quoi servent des gouvernants».
La Croix Rouge française recueille les dons du public pour les sinistrés algériens, en coordination avec le Croissant Rouge algérien.
C'est par des quolibets et des sifflets que le président Bouteflika a été reçu à Bab el Oued, quartier populaire d'Alger, durement touché par les violentes intempéries du 10 novembre dernier. Il s'y est rendu trois jours après la survenance de cette catastrophe qui a fait 600 morts et prés de 400 blessés.
La longue liste des victimes n'est malheureusement pas close. De nombreuses personnes sont encore ensevelies sous de la terre, des détritus, de la ferraille et des troncs d'arbres charriés par les eaux en furie. La population est meurtrie. Alger la blanche a été transformée en Alger la boueuse. Bab el oued, ou habite plus de 200 000 personnes, est le quartier le plus touché. On y a recensé le plus grand nombre de victimes. Plus des deux tiers du bilan provisoire.
A Bab el Oued, on est à la fois atterré et révolté. On n'admet pas la lenteur de la réaction des autorités, le faible niveau de son intervention, sans parler de son imprévision. La météo nationale savait que le temps allait sérieusement se gâter. Elle en avait informé tous les services officiels trois jours avant les pluies diluviennes. Aucune mesure préventive n'a été prise. Au moment de la catastrophe, la protection civile s'est révélé sous équipée, voire inexpérimentée pour face aux évènements. La population s'est retrouvée livrée à elle-même.
C'est elle qui a organisé les premiers secours avec des moyens rudimentaires. Elle s'est ensuite impliqué dans les opérations de sauvetage et de déblayage des décombres charriés par les eaux. Non sans se poser des questions. Car au fil des heures, ces algérois de l'ex-fief du front islamique du salut (parti dissous en 1992) ont découvert que leur commune - de Frais vallon à l'ouest, Triollet au centre jusqu'au boulevard du front de mer- s'était transformé en un immense cimetière. Qu'est-ce qui nous arrive ? Pourquoi autant de morts ?
Rapidemment, les habitants de Bab el oued ont compris où se situe le mal. Si la pluie diluvienne a été le déclencheur, les gestionnaires de la ville d'Alger, leur tutelle et le pouvoirs publics, en général, sont pour eux à la source de ce malheur. On les accuse de laisser aller, d'incurie et d'incompétence. La route à double voie qui traverse Frais Vallon pour déboucher ensuite sur le Triollet jusqu'à la mer a été construite dans le lit d'un oued. Dans cet oued se déversait les eaux de pluie et tous les ruissellements provenant des collines qui flanquent Frais Vallon. Chaque fois qu'il pleut, l'eau envahit la route à double voie. Les canalisations d'évacuation des eaux ont toujours été inadaptées. Tous les automobilistes le savent. Ce que peu de personnes savaient et que des fuites ont révélé à l'occasion de cette catastrophe, c'est que de grandes canalisations souterraines qui débouchent sur la mer ont été volontairement obstruées, il y a environ trois ans après qu'on y ait découvert les traces d'un «campement» terroriste. Elles servaient à évacuer sur la mer les eaux fluviales.
Des canalisations volontairement obstruées
Avec la sécheresse, la rareté des écoulements d'eau, ces buses géantes ont été transformées en refuge terroriste. Qui a décidé de les boucher ? Personne ne le sait encore. «Quoi qu'il en soit, celui qui a ordonné cette mesure est un anti-terroriste primaire et sûrement pas un ingénieur des ponts et chaussées», commente un officier du génie de l'armée en retraite. Faute de canalisations, les pluies diluviennes ont envahi la forte pente de l'ancien lit de l'oued, devenu une route à double voie. Sa forte inclinaison, le haut débit de la pluie pendant quelques heures ont mené droit à la catastrophe.
L'eau a dévalé en emportant tout - baraques, voitures...et individus - sur son passage. Mais tout n'est pas à mettre au compte de la topographie des lieux, ni à cataloguer exclusivement au registre des catastrophes naturels. Il y a eu négligence dans la gestion du système de voirie et d'écoulement des eaux ainsi qu'une incurie des autorités à réagir convenablement à la détresse des gens. Pour le quotidien d'Oran (12 novembre 2001) qui recoupe de larges pans de l'opinion, «dans la basse ville où l'on meurt de rien et pour rien, on se demande à quoi servent des gouvernants».
La Croix Rouge française recueille les dons du public pour les sinistrés algériens, en coordination avec le Croissant Rouge algérien.
par Belkacem Kolli
Article publié le 13/11/2001