Afghanistan
Amina Afzali, femme politique afghane
Elle s’appelle Amina Safi Afzali. Elle est la seule femme envoyée par l’Alliance du Nord à la conférence de Bonn. Agée de 43 ans, Amina n’est pas une inconue dans les milieux afghans. Son mari, le commandant Safiollah Afzali a été tué il y a 15 ans par les Soviétiques. Il dirigeait un groupe de Moudjahédines dans la région de Herat. Amina vit à Machad dans le Nord de l’Iran. Avec ses quatre enfants – trois filles et un garçon – elle est retournée à Kaboul en 1992 après le départ des Soviétiques. Mais elle a dû retourner en exil après la chute de la capitale afghane aux mains des Talibans. Aujourd’hui, Amina Afzali, qui dirige le mouvement islamique des femmes afghanes, veut défendre les droits des afghanes et tout d’abord leur droit de revenir sur la scène politique et dans la société.
RFI : Vous allez participer à la conférence de Bonn au sein de la délégation de 11 personnes envoyées qui représentent l’alliance du Nord. Quelles sont selon vous les priorités pour les femmes afghanes ?
Amina Sali Afzali : Il y a beaucoup de chose à faire, mais la première et la plus importante est d’accepter que les femmes puissent participer à la gestion du pays et qu’elles soient intégrées dans le gouvernement et dans les postes de direction. Il faut que dans le prochain gouvernement et le prochain parlement il y ait des femmes.
RFI : Le président Rabbani a affirmé il y a quelques jours que les femmes afghanes devaient avoir le droit de vote. Qu’en pensez-vous ?
AA : Les femmes afghanes constituent la moitié de la population du pays. Avant les Taliban, les femmes étaient présentes dans tous les domaines politiques, culturels, économiques. Même sous les Talibans, les femmes afghanes ont continué à se battre en continuant l’éducation des filles. Elles ont voulu montrer qu’elles continuaient à vivre et à se battre. Il est normal que les femmes aient le droit de vote. C’est un minimum.
D’ailleurs, durant ce qu’on appelle l’ère de la démocratie, dans les années 60, les femmes étaient présentes dans de nombreuses fonctions officielles. Madame Kobra Nouzai était ministre de la santé. Nous avons également des députés femmes au parlement. De nombreuses femmes occupaient des postes importantes dans les administrations. Tout pouvoir qui veut obtenir la confiance de la population et avoir une légitimité doit donc intégrer les femmes dans la vie politique et sociale. Si non, un pouvoir représentatif n’a pas de sens.
RFI : Vous n’êtes pas la seule femmes à participer à cette conférence. La délégation de l’ancien roi Zaher Shah comprend également deux Afghanes. Est-ce que vous les connaissez ?
AA. Oui. IL s’agit de Rona Youssefi et de Sima Vali. Nous nous sommes rencontrées il y a trois mois lors de la conférence de Rome sur l’Afghanistan. Nous sommes en contact. Au cours de la conférence de Bonn, nous allons coordonner nos efforts pour faire entendre la voix des femmes afghanes.
RFI : Durant leur règne, les Taliban avaient interdit aux femmes de sortir seules dans la rue ou de faire des études. Comment on peut effacer les effets de ces années noires ?
AA : Il faut que les Nations unies et la communauté internationale lancent un vaste programme pour l’éducation des jeunes filles et l’intégration des femmes dans la vie sociale, économique et culturelle. C’est le seul moyen de réparer les dommages des années Taliban.
RFI : Vous-même, vous portez le voile. Les Taliban avaient obligé les femmes à porter la burqah. Pensez-vous que le nouveau pouvoir doit rendre obligatoire le voile, même s’il ne s’agit pas de la burqah ?
AA : Non. Je ne crois pas qu’il faut rendre le voile obligatoire. Mais je crois que les femmes afghanes porteront volontairement le voile car il correspond à notre culture, à notre religion et à nos traditions. Mais il ne faut que le port du voile soit obligatoire. Je pense que les femmes afghanes pourront plus facilement être présentes dans la vie politique, sociale et culturelle si elles portent le voile. Et puis, il ne faut pas donner de prétexte aux intégristes.
Amina Sali Afzali : Il y a beaucoup de chose à faire, mais la première et la plus importante est d’accepter que les femmes puissent participer à la gestion du pays et qu’elles soient intégrées dans le gouvernement et dans les postes de direction. Il faut que dans le prochain gouvernement et le prochain parlement il y ait des femmes.
RFI : Le président Rabbani a affirmé il y a quelques jours que les femmes afghanes devaient avoir le droit de vote. Qu’en pensez-vous ?
AA : Les femmes afghanes constituent la moitié de la population du pays. Avant les Taliban, les femmes étaient présentes dans tous les domaines politiques, culturels, économiques. Même sous les Talibans, les femmes afghanes ont continué à se battre en continuant l’éducation des filles. Elles ont voulu montrer qu’elles continuaient à vivre et à se battre. Il est normal que les femmes aient le droit de vote. C’est un minimum.
D’ailleurs, durant ce qu’on appelle l’ère de la démocratie, dans les années 60, les femmes étaient présentes dans de nombreuses fonctions officielles. Madame Kobra Nouzai était ministre de la santé. Nous avons également des députés femmes au parlement. De nombreuses femmes occupaient des postes importantes dans les administrations. Tout pouvoir qui veut obtenir la confiance de la population et avoir une légitimité doit donc intégrer les femmes dans la vie politique et sociale. Si non, un pouvoir représentatif n’a pas de sens.
RFI : Vous n’êtes pas la seule femmes à participer à cette conférence. La délégation de l’ancien roi Zaher Shah comprend également deux Afghanes. Est-ce que vous les connaissez ?
AA. Oui. IL s’agit de Rona Youssefi et de Sima Vali. Nous nous sommes rencontrées il y a trois mois lors de la conférence de Rome sur l’Afghanistan. Nous sommes en contact. Au cours de la conférence de Bonn, nous allons coordonner nos efforts pour faire entendre la voix des femmes afghanes.
RFI : Durant leur règne, les Taliban avaient interdit aux femmes de sortir seules dans la rue ou de faire des études. Comment on peut effacer les effets de ces années noires ?
AA : Il faut que les Nations unies et la communauté internationale lancent un vaste programme pour l’éducation des jeunes filles et l’intégration des femmes dans la vie sociale, économique et culturelle. C’est le seul moyen de réparer les dommages des années Taliban.
RFI : Vous-même, vous portez le voile. Les Taliban avaient obligé les femmes à porter la burqah. Pensez-vous que le nouveau pouvoir doit rendre obligatoire le voile, même s’il ne s’agit pas de la burqah ?
AA : Non. Je ne crois pas qu’il faut rendre le voile obligatoire. Mais je crois que les femmes afghanes porteront volontairement le voile car il correspond à notre culture, à notre religion et à nos traditions. Mais il ne faut que le port du voile soit obligatoire. Je pense que les femmes afghanes pourront plus facilement être présentes dans la vie politique, sociale et culturelle si elles portent le voile. Et puis, il ne faut pas donner de prétexte aux intégristes.
par Propos recueillis par Siavosh Ghazi à Téhéran
Article publié le 26/11/2001