Afghanistan
En l’absence des chefs de guerre...
La conférence inter-afghane sur l'avenir politique de l'Afghanistan s'est ouverte mardi 27 novembre à Bonn, dans l’ouest de l’Allemagne. Vingt-huit délégués afghans doivent négocier la mise sur pied d'une administration transitoire en Afghanistan et les conditions d'un rétablissement de la sécurité.
Remettre l’Afghanistan sur le chemin de la paix: voilà l’ambition de la conférence inter-afghane dont les travaux ont commencé mardi au Petersberg, la résidence des hôtes de l'Allemagne qui surplombe le Rhin, à Bonn. Concrètement, il s’agit de négocier la mise sur pied d'une administration transitoire en Afghanistan et les conditions d'un rétablissement de la sécurité dans ce pays ravagé par plus de vingt ans de guerre. C'est en tout cas le double objectif fixé par les Nations unies. Certains diplomates ne cachent pas leur scepticisme, en raison de la ferme opposition de l'Alliance du Nord, nouveau maître de Kaboul, à tout déploiement d'une force multinationale en Afghanistan.
Cette réunion, placée sous l'égide de l'Onu, regroupe quatre délégations totalisant vingt-huit délégués afghans, dont trois femmes. Ils sont censés représenter les différentes ethnies et les multiples potentats locaux ou régionaux qui forment la mosaïque afghane. «C'est à vous, représentants de l'Afghanistan, de saisir ce moment historique, leur a lancé le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer, en ouvrant la conférence. Je vous exhorte tous à trouver un compromis historique». Souhaitant que prévalent «la sagesse et la volonté de compromis pour l'avenir de l'Afghanistan», le diplomate allemand a insisté : «C'est votre responsabilité. Personne ne peut vous la retirer et personne ne le veut».
«Vous ne devez pas répéter les erreurs du passé»
En marge de la cérémonie d'ouverture, un délégué de l'Alliance a affirmé s'attendre à «un accord dans les trois jours sur une autorité de transition». Mais il rejeté toute idée de discussion sur le déploiement d'une force multinationale. Le ministre de l'Intérieur et chef de la délégation de l'Alliance du Nord, Younis Qanooni, a assuré de son côté lors de la cérémonie d'ouverture que son groupe était prêt à partager le pouvoir. «Nous n'aurions aucune fierté à monopoliser le pouvoir, a-t-il déclaré. Nous soutenons sincèrement les efforts pour la paix et avons pour but la reconstruction du pays et l'instauration d'une unité nationale». Et d’ajouter : «Nous voulons un système dans lequel règne la justice. Nous voulons un système dans lequel tous les Afghans, y compris les femmes, participent de manière égale aux structures politiques du pays».
Le représentant spécial des Nations unies pour l'Afghanistan, Lakhdar Brahimi, a lu un message du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, lequel a exhorté lui aussi les délégués à saisir cette «chance historique (...) Vous devez faire preuve d'un courage et d'un sens des responsabilités sans précédent. Vous devez penser avant tout aux intérêts de votre peuple. Vous ne devez pas laisser se répéter les erreurs du passé, particulièrement celles de 1992», allusion aux quatre années de terreur et de destructions qui ont suivi la prise de Kaboul par l'Alliance du Nord en 1992.
Sur le plan financier, le soutien sera conditionné, a rappelé Joschka Fischer. La communauté internationale est prête à aider l'Afghanistan «maintenant et sur le long terme». Mais la délivrance de cette aide à la reconstruction est liée «à de claires attentes», a souligné le ministre allemand. «D'abord, il faut un accord sur des règles contraignantes pour un processus politique négocié et sur un gouvernement de transition large et représentatif. Ensuite, nous voulons le respect et la protection des droits de l'homme, ce qui signifie avant tout la garantie des droits et de la dignité des femmes».
Les espoirs soulevés par cette conférence inter-afghane paraissent devoir être tempérés. Outre l’Alliance du nord, l'Iran, poids lourd régional, a exprimé mardi son opposition à l'idée d'une force multinationale sous mandat de l'ONU en Afghanistan, estimant qu'elle violerait «l'intégrité territoriale de ce pays». Or, selon le ministre français des affaires étrangères Hubert Védrine, une telle force n’est pas envisageable sans l'accord des chefs afghans et des pays voisins. «L'idéal, a dit le ministre français, ce serait qu'il y ait un accord politique à la conférence de Bonn, et qu'à partir de là on puisse définir une force» sous l'égide de l'ONU. Cette force «viendrait à partir du moment où la paix est établie pour consolider l'accord signé». Quant au président Rabbani, chassé par les talibans en 1996, il a relativisé la légitimité de la conférence de Bonn en relevant l’absence des chefs de guerre afghans, ceux qui détiennent le pouvoir de fait: «Il s’agit d’un sommet de représentant et non d’un sommet des dirigeants des différentes parties en Afghanistan».
Cette réunion, placée sous l'égide de l'Onu, regroupe quatre délégations totalisant vingt-huit délégués afghans, dont trois femmes. Ils sont censés représenter les différentes ethnies et les multiples potentats locaux ou régionaux qui forment la mosaïque afghane. «C'est à vous, représentants de l'Afghanistan, de saisir ce moment historique, leur a lancé le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer, en ouvrant la conférence. Je vous exhorte tous à trouver un compromis historique». Souhaitant que prévalent «la sagesse et la volonté de compromis pour l'avenir de l'Afghanistan», le diplomate allemand a insisté : «C'est votre responsabilité. Personne ne peut vous la retirer et personne ne le veut».
«Vous ne devez pas répéter les erreurs du passé»
En marge de la cérémonie d'ouverture, un délégué de l'Alliance a affirmé s'attendre à «un accord dans les trois jours sur une autorité de transition». Mais il rejeté toute idée de discussion sur le déploiement d'une force multinationale. Le ministre de l'Intérieur et chef de la délégation de l'Alliance du Nord, Younis Qanooni, a assuré de son côté lors de la cérémonie d'ouverture que son groupe était prêt à partager le pouvoir. «Nous n'aurions aucune fierté à monopoliser le pouvoir, a-t-il déclaré. Nous soutenons sincèrement les efforts pour la paix et avons pour but la reconstruction du pays et l'instauration d'une unité nationale». Et d’ajouter : «Nous voulons un système dans lequel règne la justice. Nous voulons un système dans lequel tous les Afghans, y compris les femmes, participent de manière égale aux structures politiques du pays».
Le représentant spécial des Nations unies pour l'Afghanistan, Lakhdar Brahimi, a lu un message du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, lequel a exhorté lui aussi les délégués à saisir cette «chance historique (...) Vous devez faire preuve d'un courage et d'un sens des responsabilités sans précédent. Vous devez penser avant tout aux intérêts de votre peuple. Vous ne devez pas laisser se répéter les erreurs du passé, particulièrement celles de 1992», allusion aux quatre années de terreur et de destructions qui ont suivi la prise de Kaboul par l'Alliance du Nord en 1992.
Sur le plan financier, le soutien sera conditionné, a rappelé Joschka Fischer. La communauté internationale est prête à aider l'Afghanistan «maintenant et sur le long terme». Mais la délivrance de cette aide à la reconstruction est liée «à de claires attentes», a souligné le ministre allemand. «D'abord, il faut un accord sur des règles contraignantes pour un processus politique négocié et sur un gouvernement de transition large et représentatif. Ensuite, nous voulons le respect et la protection des droits de l'homme, ce qui signifie avant tout la garantie des droits et de la dignité des femmes».
Les espoirs soulevés par cette conférence inter-afghane paraissent devoir être tempérés. Outre l’Alliance du nord, l'Iran, poids lourd régional, a exprimé mardi son opposition à l'idée d'une force multinationale sous mandat de l'ONU en Afghanistan, estimant qu'elle violerait «l'intégrité territoriale de ce pays». Or, selon le ministre français des affaires étrangères Hubert Védrine, une telle force n’est pas envisageable sans l'accord des chefs afghans et des pays voisins. «L'idéal, a dit le ministre français, ce serait qu'il y ait un accord politique à la conférence de Bonn, et qu'à partir de là on puisse définir une force» sous l'égide de l'ONU. Cette force «viendrait à partir du moment où la paix est établie pour consolider l'accord signé». Quant au président Rabbani, chassé par les talibans en 1996, il a relativisé la légitimité de la conférence de Bonn en relevant l’absence des chefs de guerre afghans, ceux qui détiennent le pouvoir de fait: «Il s’agit d’un sommet de représentant et non d’un sommet des dirigeants des différentes parties en Afghanistan».
par Philippe Quillerier-Lesieur (avec AFP)
Article publié le 27/11/2001