Afghanistan
Progrès politiques, blocages sécuritaires
Les quatre délégations réunies à Bonn, notamment l'Alliance du Nord et les partisans de l'ex-roi Zaher Shah sont tombées d'accord jeudi pour participer à une administration provisoire chargée de succéder aux talibans. Mais l’Onu reste pessimiste sur la question d’une force multinationale.
Alors que les derniers vestiges du régime taliban semblent sur le point de céder et que l’Alliance du nord contrôle les trois-quarts de l'Afghanistan, les factions afghanes réunies depuis mardi à Bonn s'activent, sous la pression de l'Onu et de la communauté internationale, pour mettre en place une administration provisoire à Kaboul. «Nous sommes parvenus à un accord sur la création d'un mécanisme avec la participation de tous les groupes, en particulier celui de Rome», a déclaré Mehrabuddin Mastan, un haut responsable de l'Alliance du nord.
C’est la première véritable avancée enregistrée à la conférence inter-afghane de Bonn. Un signe d’autant plus prometteur que l'Alliance du Nord et le groupe de Rome, qui représente l'ancien souverain Zaher Shah, exilé dans la capitale italienne depuis son renversement en 1973, sont les deux plus importantes factions afghanes sur les quatre présentes à Bonn.
Ces progrès restent encore limités. «Il y a un accord sur la nécessité d'une administration intérimaire au pouvoir à Kaboul. Il y a presque un accord sur la taille de chaque représentation au sein de cette administration, mais nous n'y sommes pas encore», a souligné Ahmad Fawzi, porte-parole du représentant spécial de l'Onu pour l'Afghanistan, Lakhdar Brahimi. Mais l'Alliance du nord se veut optimiste. Elle espère un «accord complet» sur les sujets en discussion dans les deux prochains jours, a affirmé un de ses dirigeants.
«Pas d’accord immédiat» sur une force multinationale
Concrètement, l'Alliance et les royalistes se sont accordés sur la formation d'un Conseil suprême intérimaire (sorte de parlement) comprenant entre cinquante et soixante représentants du roi et de l'Alliance, et entre dix et vingt représentants des deux autres groupes afghans, celui du «Processus de Chypre» (considéré comme proche de l'Iran) et celui de Peshawar (soutenu par le Pakistan).
Selon un diplomate européen, «il existe un large accord sur les contours d'une autorité» intérimaire, chargée de gérer le pays jusqu'à la convocation au printemps d'une Loya Jirga, assemblée traditionnelle afghane, d'où émergeront un nouveau gouvernement et un parlement. Ceux-ci auront pour tâche d'élaborer une Constitution et d'organiser des élections démocratiques dans un délai de deux ans. Les délégués «travaillent maintenant à la répartition des pouvoirs, à la répartition des postes entre partis et personnes», a ajouté ce responsable de l'Union européenne sous couvert de l'anonymat. «Ceci est la phase difficile».
Il faut dire que l'Alliance n’a accepté qu’avec réticence de participer à la conférence de Bonn, organisée par l'Onu. Elle souhaite que les discussions entre Afghans se tiennent à l'avenir sur le sol afghan. «Nous voulons continuer à avancer, a déclaré Mehrabuddin Mastan, mais nous ne voulons pas aller trop vite. Nous devons trouver un accord, mais la deuxième phase des discussions devra se tenir à Kaboul et les dirigeants devront s'y rendre».
L'Alliance du Nord, composée principalement de minorités ethniques tadjike, ouzbèke et hazara, craint de voir les Pachtounes, l'ethnie majoritaire dont sont issus la plupart des talibans et les royalistes partisans de Zaher Shah, se distribuer les meilleurs postes à son détriment. Mercredi, le chef de sa délégation à Bonn, Younis Qanooni, avait indiqué que l'Alliance était prête à accepter un «rôle important» de l'ancien roi si la Loya Jirgah en décidait ainsi.
L'Onu, qui parraine la conférence sur l'Afghanistan, est en revanche pessimiste sur l'autre question à l'ordre du jour, le déploiement d'une force multinationale en Afghanistan réclamée par la communauté internationale en échange d'une aide de plusieurs milliards de dollars. «Honnêtement, vous ne devriez pas vous attendre à un accord immédiat sur ce point», a pronostiqué Francesc Vendrell, adjoint au représentant spécial de l'ONU pour l'Afghanistan. Younis Qanooni a réitéré son opposition dans l'immédiat à toute présence militaire étrangère, en suggérant que cette question soit débattue lors d'une prochaine réunion inter-afghane à Kaboul. Il n'a pas caché sa préférence pour une force de sécurité afghane, si cela s'avérait nécessaire, alors que les trois autres groupes afghans présents à Bonn seraient eux prêts à accepter une force issue de pays musulmans.
Face à cet obstacle qui apparaît difficilement surmontable dans l’immédiat, l'Onu a annoncé qu’elle se contenterait d'un accord sur la transition politique, quitte à renvoyer à une réunion ultérieure un accord sur la sécurité. D‘autant que l’Iran, l’un des poids lourds de la région, a réitéré jeudi l'opposition de son pays à la présence de forces étrangères en Afghanistan.
C’est la première véritable avancée enregistrée à la conférence inter-afghane de Bonn. Un signe d’autant plus prometteur que l'Alliance du Nord et le groupe de Rome, qui représente l'ancien souverain Zaher Shah, exilé dans la capitale italienne depuis son renversement en 1973, sont les deux plus importantes factions afghanes sur les quatre présentes à Bonn.
Ces progrès restent encore limités. «Il y a un accord sur la nécessité d'une administration intérimaire au pouvoir à Kaboul. Il y a presque un accord sur la taille de chaque représentation au sein de cette administration, mais nous n'y sommes pas encore», a souligné Ahmad Fawzi, porte-parole du représentant spécial de l'Onu pour l'Afghanistan, Lakhdar Brahimi. Mais l'Alliance du nord se veut optimiste. Elle espère un «accord complet» sur les sujets en discussion dans les deux prochains jours, a affirmé un de ses dirigeants.
«Pas d’accord immédiat» sur une force multinationale
Concrètement, l'Alliance et les royalistes se sont accordés sur la formation d'un Conseil suprême intérimaire (sorte de parlement) comprenant entre cinquante et soixante représentants du roi et de l'Alliance, et entre dix et vingt représentants des deux autres groupes afghans, celui du «Processus de Chypre» (considéré comme proche de l'Iran) et celui de Peshawar (soutenu par le Pakistan).
Selon un diplomate européen, «il existe un large accord sur les contours d'une autorité» intérimaire, chargée de gérer le pays jusqu'à la convocation au printemps d'une Loya Jirga, assemblée traditionnelle afghane, d'où émergeront un nouveau gouvernement et un parlement. Ceux-ci auront pour tâche d'élaborer une Constitution et d'organiser des élections démocratiques dans un délai de deux ans. Les délégués «travaillent maintenant à la répartition des pouvoirs, à la répartition des postes entre partis et personnes», a ajouté ce responsable de l'Union européenne sous couvert de l'anonymat. «Ceci est la phase difficile».
Il faut dire que l'Alliance n’a accepté qu’avec réticence de participer à la conférence de Bonn, organisée par l'Onu. Elle souhaite que les discussions entre Afghans se tiennent à l'avenir sur le sol afghan. «Nous voulons continuer à avancer, a déclaré Mehrabuddin Mastan, mais nous ne voulons pas aller trop vite. Nous devons trouver un accord, mais la deuxième phase des discussions devra se tenir à Kaboul et les dirigeants devront s'y rendre».
L'Alliance du Nord, composée principalement de minorités ethniques tadjike, ouzbèke et hazara, craint de voir les Pachtounes, l'ethnie majoritaire dont sont issus la plupart des talibans et les royalistes partisans de Zaher Shah, se distribuer les meilleurs postes à son détriment. Mercredi, le chef de sa délégation à Bonn, Younis Qanooni, avait indiqué que l'Alliance était prête à accepter un «rôle important» de l'ancien roi si la Loya Jirgah en décidait ainsi.
L'Onu, qui parraine la conférence sur l'Afghanistan, est en revanche pessimiste sur l'autre question à l'ordre du jour, le déploiement d'une force multinationale en Afghanistan réclamée par la communauté internationale en échange d'une aide de plusieurs milliards de dollars. «Honnêtement, vous ne devriez pas vous attendre à un accord immédiat sur ce point», a pronostiqué Francesc Vendrell, adjoint au représentant spécial de l'ONU pour l'Afghanistan. Younis Qanooni a réitéré son opposition dans l'immédiat à toute présence militaire étrangère, en suggérant que cette question soit débattue lors d'une prochaine réunion inter-afghane à Kaboul. Il n'a pas caché sa préférence pour une force de sécurité afghane, si cela s'avérait nécessaire, alors que les trois autres groupes afghans présents à Bonn seraient eux prêts à accepter une force issue de pays musulmans.
Face à cet obstacle qui apparaît difficilement surmontable dans l’immédiat, l'Onu a annoncé qu’elle se contenterait d'un accord sur la transition politique, quitte à renvoyer à une réunion ultérieure un accord sur la sécurité. D‘autant que l’Iran, l’un des poids lourds de la région, a réitéré jeudi l'opposition de son pays à la présence de forces étrangères en Afghanistan.
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 29/11/2001