Corse
Chevènement : «<i>malentendus ou ordre imbécile</i>»
L’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement a témoigné vendredi à Ajaccio au procès de l’incendie des paillotes. Suggérant que le délit puisse être le fruit de «malentendus», sans exclure l’hypothèse de la «bêtise», il s’est étonné d’être le seul membre du gouvernement de l’époque à être cité comme témoin.
C’est un accueil mouvementé qui attendait Jean-Pierre Chevènement devant le tribunal correctionnel d’Ajaccio. Quelques dizaines de militants indépendantistes l’ont conspué, scandant des slogans hostiles et lançant quelques œufs sur l’ancien ministre de l’Intérieur, connu pour son opposition au processus de Matignon. D’autres manifestants, au contraire, ont exprimé leur enthousiasme à l’égard du candidat à l’Élysée, aux cris de «Chevènement, président ! ».
Appelé à la barre dès le début de l'audience, Jean-Pierre Chevènement a qualifié de «paradoxal» le fait d'être le seul membre du gouvernement de l'époque de l'affaire des paillotes à être cité comme témoin. «Je ne suis pas le seul à pouvoir éclairer le tribunal», a-t-il déclaré, allusion notamment au ministre de la Défense Alain Richard, patron de la gendarmerie. Avant de répondre aux questions du président du tribunal, Dominique Ferrière, il a lu un court texte introductif, affirmant : «le souci de la
dignité de l'Etat et le principe de la séparation des pouvoirs m'interdisent de polémiquer en ces lieux avec d'autres membres du gouvernement».
L'ancien ministre est ensuite revenu sur les conditions de la nomination de Bernard Bonnet comme préfet de Corse en février 1998, après l'assassinat de Claude Erignac. «Il a accepté sa fonction avec courage», ajoutant : «J'assume mes responsabilités pour ce qui me concerne. J'aimerais que chacun en fasse autant».
«L'affaire des paillotes a été démesurément gonflée»
Sur l’incendie proprement dit, «je ne sais pas ce qui a pu se passer», a déclaré l'ancien ministre à la barre. Il a expliqué que le préfet Bonnet lui avait «assuré sur l'honneur», dans une lettre envoyée juste après l'incendie de la paillote Chez Francis, «de ne pas avoir donné cet ordre contraire à la politique gouvernementale». De deux choses l’une, «ou bien, il a donné cet ordre imbécile. Ou bien, il a pu ne pas le donner mais laisser se créer autour de lui, se développer, un climat délétère. Je pencherai pour la seconde hypothèse: un climat, une situation tendue et des interprétations et des malentendus».
S'il n'a pas exclu totalement la thèse d'une manipulation avancée par Bernard Bonnet, il l'a cependant jugée peu vraisemblable. «C'est un cas théorique. Je reconnais que l'hypothèse de la bêtise est bien souvent une hypothèse plus conforme à la réalité», a-t-il dit, prenant quelque distance avec l’ex-préfet. Le candidat à l'élection présidentielle s’est placé ensuite sur un terrain plus politique : «Je ne sais pas ce qui a pu se passer dans cette affaire (...) J'estime que l'affaire des paillotes a été démesurément gonflée, médiatisée, pour justifier un changement de politique en Corse».
Deux proches conseillers de Lionel Jospin, Alain Christnacht et Clotilde Valter étaient également cités vendredi comme témoins dans le cadre de ce procès des paillotes, à la demande des avocats du préfet Bernard Bonnet. Les défenseurs de ce dernier, jugé pour l'incendie en 1999 de deux restaurants de plage illégaux, souhaitaient que les deux collaborateurs du Premier ministre s’expliquent sur les relations existant à l'époque entre la préfecture de Corse et le gouvernement. Les avocats de M. Bonnet avaient également souhaité le témoignage de Lionel Jospin et de trois ministres, mais ceux-ci n'ont pas été appelés par le tribunal.
Appelé à la barre dès le début de l'audience, Jean-Pierre Chevènement a qualifié de «paradoxal» le fait d'être le seul membre du gouvernement de l'époque de l'affaire des paillotes à être cité comme témoin. «Je ne suis pas le seul à pouvoir éclairer le tribunal», a-t-il déclaré, allusion notamment au ministre de la Défense Alain Richard, patron de la gendarmerie. Avant de répondre aux questions du président du tribunal, Dominique Ferrière, il a lu un court texte introductif, affirmant : «le souci de la
dignité de l'Etat et le principe de la séparation des pouvoirs m'interdisent de polémiquer en ces lieux avec d'autres membres du gouvernement».
L'ancien ministre est ensuite revenu sur les conditions de la nomination de Bernard Bonnet comme préfet de Corse en février 1998, après l'assassinat de Claude Erignac. «Il a accepté sa fonction avec courage», ajoutant : «J'assume mes responsabilités pour ce qui me concerne. J'aimerais que chacun en fasse autant».
«L'affaire des paillotes a été démesurément gonflée»
Sur l’incendie proprement dit, «je ne sais pas ce qui a pu se passer», a déclaré l'ancien ministre à la barre. Il a expliqué que le préfet Bonnet lui avait «assuré sur l'honneur», dans une lettre envoyée juste après l'incendie de la paillote Chez Francis, «de ne pas avoir donné cet ordre contraire à la politique gouvernementale». De deux choses l’une, «ou bien, il a donné cet ordre imbécile. Ou bien, il a pu ne pas le donner mais laisser se créer autour de lui, se développer, un climat délétère. Je pencherai pour la seconde hypothèse: un climat, une situation tendue et des interprétations et des malentendus».
S'il n'a pas exclu totalement la thèse d'une manipulation avancée par Bernard Bonnet, il l'a cependant jugée peu vraisemblable. «C'est un cas théorique. Je reconnais que l'hypothèse de la bêtise est bien souvent une hypothèse plus conforme à la réalité», a-t-il dit, prenant quelque distance avec l’ex-préfet. Le candidat à l'élection présidentielle s’est placé ensuite sur un terrain plus politique : «Je ne sais pas ce qui a pu se passer dans cette affaire (...) J'estime que l'affaire des paillotes a été démesurément gonflée, médiatisée, pour justifier un changement de politique en Corse».
Deux proches conseillers de Lionel Jospin, Alain Christnacht et Clotilde Valter étaient également cités vendredi comme témoins dans le cadre de ce procès des paillotes, à la demande des avocats du préfet Bernard Bonnet. Les défenseurs de ce dernier, jugé pour l'incendie en 1999 de deux restaurants de plage illégaux, souhaitaient que les deux collaborateurs du Premier ministre s’expliquent sur les relations existant à l'époque entre la préfecture de Corse et le gouvernement. Les avocats de M. Bonnet avaient également souhaité le témoignage de Lionel Jospin et de trois ministres, mais ceux-ci n'ont pas été appelés par le tribunal.
par Philippe Quillerier-Lesieur (avec AFP)
Article publié le 30/11/2001