Sida
Trois millions de morts en 2001
Première cause de décès en Afrique subsaharienne, quatrième dans le monde, le sida tue de plus en plus. A la veille de la journée mondiale consacrée à cette maladie (1er décembre), le rapport publié par Onusida rappelle que, malgré les ravages déjà occasionnés par l’épidémie, le plus dur est peut-être à venir.
Quarante millions de personnes sont actuellement infectées par le virus du sida dans le monde. Soixante millions l’ont été depuis le début de l’épidémie, il y a vingt ans. En 2001, cinq millions de nouveaux cas de contamination ont été dénombrés. Et trois millions de malades sont décédés durant l’année écoulée.
L’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée par l’épidémie. Elle regroupe 28,1 millions de personnes contaminées avec un taux de prévalence chez les adultes de 8,4 % contre 2,2 % dans les Caraïbes, 0,6 % en Amérique du Nord, en Asie du Sud et du Sud Est. Viennent ensuite l’Amérique Latine, l’Europe orientale et l’Asie Centrale avec 0,5 %, l’Europe occidentale avec 0,3 %, l’Afrique du Nord et le Moyen Orient avec 0,2 %, l’Asie de l’Est, le Pacifique, l’Australie et la Nouvelle-Zélande avec 0,1 %. C’est, par contre, en Europe orientale, et surtout en Russie, que la progression de l’épidémie est aujourd’hui la plus rapide. «Le nombre de nouveaux cas est multiplié par deux chaque année en Russie», selon Michel Caraël, le chef de l’évaluation d’Onusida.
Loin d’être maîtrisée, l’épidémie de sida est de plus en plus meurtrière. «Cinquante personnes sont infectées au moment où je vous parle et demain, 10 000 nouvelles personnes seront contaminées par le virus», explique encore Michel Caraël. Si les pays en développement restent les plus durement touchés, certains signes montrent que les progrès des traitements dont bénéficient les malades des Etats industrialisés n’ont pas tout résolu. Au contraire, cela, ajouté à un affaiblissement du soutien aux associations, a engendré un relâchement au niveau de la prévention et une hausse des comportements à risques très préjudiciables en terme de maîtrise de l’épidémie.
Les jeunes sont frappés de plein fouet
Le sida frappe les jeunes de plein fouet. Un tiers des personnes vivant avec le virus ont entre 15 et 24 ans. Et le risque de sous-évaluation des statistiques est grand. Car, selon Onusida, des millions de personnes ne savent absolument pas qu’elles sont porteuses du virus. Elles ne connaissent pas les risques liés à cette maladie, n’ont jamais fait de test de dépistage ou n’ont pas pris connaissance des résultats. Par crainte ou ignorance.
L’une des clefs de la lutte contre le sida est la prévention. Et dans ce domaine, l’information et l’éducation sont indispensables. De ce point de vue, les jeunes sont une des cibles privilégiées des actions car ils font partie des groupes de population les plus vulnérables au sein desquels il est nécessaire de mettre en œuvre des stratégies pour interrompre la propagation de l’épidémie. Dans de nombreux pays en développement, les jeunes ne «savent pas grand chose ou même rien» du virus. Selon l’Unicef, «50 % des jeunes de 15 à 24 ans dans une douzaine de pays [Bolivie, Bostwana, Côte d’Ivoire, Ouzbékistan…] n’ont jamais entendu parler du sida ou entretiennent de dangereuses idées fausses concernant la transmission du VIH». Mais les programmes d’éducation, quelle que soit leur efficacité, ont besoin d’être relayés par une véritable stratégie nationale qui passe par une implication des responsables. Pour Alexandra Draxler, spécialiste de l’éducation à l’Unesco, «la clef de la lutte contre le sida est l’engagement au plus haut niveau des Etats, l’éducation ne peut remplacer cela».
L’accès aux traitements fait aussi partie des moyens de lutte contre le sida. Mais les pays en développement ne disposent toujours pas des fonds nécessaires pour se procurer les molécules antisida. Malgré la pression internationale qui a incité, depuis deux ans, les firmes pharmaceutiques qui fabriquent les trithérapies à accepter de négocier avec les Etats les plus pauvres, notamment en Afrique, les réductions accordées par rapport aux prix pratiqués dans les Etats industrialisés restent insuffisantes pour les rendre accessibles. Même à un dollar par jour, soit moins de 400 dollars par an, cet investissement dépasse les capacités budgétaires de pays où le Produit intérieur brut (PIB) annuel est parfois de moins de 500 dollars. Devant cette injustice, l’ONU a pris l’initiative en réunissant, en juin 2001, une session extraordinaire de l’Assemblée générale et en incitant la création d’un Fonds international, doté par les pays riches ou des donateurs privés, pour augmenter les moyens mis à la disposition de la lutte contre le sida. Ce Fonds, dont le budget de départ est de 1,7 milliard de dollars, devrait être opérationnel à partir de janvier 2002. L’une de ses principales tâches devrait être d’aider les pays qui en feront la demande à financer l’achat de médicaments. La Banque mondiale prévoit aussi de mettre à la disposition des Etats de nouveaux prêts sans intérêt pour lutter contre le VIH.
Si des solutions ne sont pas rapidement trouvées pour stopper la progression de l’épidémie, les conséquences en terme de développement des pays pauvres et d’espérance de vie vont être terribles. D’ores et déjà, on estime que la croissance annuelle par habitant de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne baisse de 0,5 % à 1,2 % à cause du sida. Un enquête réalisée auprès de 15 entreprises éthiopiennes a montré que, sur 5 ans, 53 % des maladies recensées étaient liées au sida. Le VIH a aussi annihilé tous les progrès en matière d’espérance de vie. En Afrique subsaharienne, la moyenne est aujourd’hui de 47 ans. Sans le sida, elle serait de 62 ans.
L’Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée par l’épidémie. Elle regroupe 28,1 millions de personnes contaminées avec un taux de prévalence chez les adultes de 8,4 % contre 2,2 % dans les Caraïbes, 0,6 % en Amérique du Nord, en Asie du Sud et du Sud Est. Viennent ensuite l’Amérique Latine, l’Europe orientale et l’Asie Centrale avec 0,5 %, l’Europe occidentale avec 0,3 %, l’Afrique du Nord et le Moyen Orient avec 0,2 %, l’Asie de l’Est, le Pacifique, l’Australie et la Nouvelle-Zélande avec 0,1 %. C’est, par contre, en Europe orientale, et surtout en Russie, que la progression de l’épidémie est aujourd’hui la plus rapide. «Le nombre de nouveaux cas est multiplié par deux chaque année en Russie», selon Michel Caraël, le chef de l’évaluation d’Onusida.
Loin d’être maîtrisée, l’épidémie de sida est de plus en plus meurtrière. «Cinquante personnes sont infectées au moment où je vous parle et demain, 10 000 nouvelles personnes seront contaminées par le virus», explique encore Michel Caraël. Si les pays en développement restent les plus durement touchés, certains signes montrent que les progrès des traitements dont bénéficient les malades des Etats industrialisés n’ont pas tout résolu. Au contraire, cela, ajouté à un affaiblissement du soutien aux associations, a engendré un relâchement au niveau de la prévention et une hausse des comportements à risques très préjudiciables en terme de maîtrise de l’épidémie.
Les jeunes sont frappés de plein fouet
Le sida frappe les jeunes de plein fouet. Un tiers des personnes vivant avec le virus ont entre 15 et 24 ans. Et le risque de sous-évaluation des statistiques est grand. Car, selon Onusida, des millions de personnes ne savent absolument pas qu’elles sont porteuses du virus. Elles ne connaissent pas les risques liés à cette maladie, n’ont jamais fait de test de dépistage ou n’ont pas pris connaissance des résultats. Par crainte ou ignorance.
L’une des clefs de la lutte contre le sida est la prévention. Et dans ce domaine, l’information et l’éducation sont indispensables. De ce point de vue, les jeunes sont une des cibles privilégiées des actions car ils font partie des groupes de population les plus vulnérables au sein desquels il est nécessaire de mettre en œuvre des stratégies pour interrompre la propagation de l’épidémie. Dans de nombreux pays en développement, les jeunes ne «savent pas grand chose ou même rien» du virus. Selon l’Unicef, «50 % des jeunes de 15 à 24 ans dans une douzaine de pays [Bolivie, Bostwana, Côte d’Ivoire, Ouzbékistan…] n’ont jamais entendu parler du sida ou entretiennent de dangereuses idées fausses concernant la transmission du VIH». Mais les programmes d’éducation, quelle que soit leur efficacité, ont besoin d’être relayés par une véritable stratégie nationale qui passe par une implication des responsables. Pour Alexandra Draxler, spécialiste de l’éducation à l’Unesco, «la clef de la lutte contre le sida est l’engagement au plus haut niveau des Etats, l’éducation ne peut remplacer cela».
L’accès aux traitements fait aussi partie des moyens de lutte contre le sida. Mais les pays en développement ne disposent toujours pas des fonds nécessaires pour se procurer les molécules antisida. Malgré la pression internationale qui a incité, depuis deux ans, les firmes pharmaceutiques qui fabriquent les trithérapies à accepter de négocier avec les Etats les plus pauvres, notamment en Afrique, les réductions accordées par rapport aux prix pratiqués dans les Etats industrialisés restent insuffisantes pour les rendre accessibles. Même à un dollar par jour, soit moins de 400 dollars par an, cet investissement dépasse les capacités budgétaires de pays où le Produit intérieur brut (PIB) annuel est parfois de moins de 500 dollars. Devant cette injustice, l’ONU a pris l’initiative en réunissant, en juin 2001, une session extraordinaire de l’Assemblée générale et en incitant la création d’un Fonds international, doté par les pays riches ou des donateurs privés, pour augmenter les moyens mis à la disposition de la lutte contre le sida. Ce Fonds, dont le budget de départ est de 1,7 milliard de dollars, devrait être opérationnel à partir de janvier 2002. L’une de ses principales tâches devrait être d’aider les pays qui en feront la demande à financer l’achat de médicaments. La Banque mondiale prévoit aussi de mettre à la disposition des Etats de nouveaux prêts sans intérêt pour lutter contre le VIH.
Si des solutions ne sont pas rapidement trouvées pour stopper la progression de l’épidémie, les conséquences en terme de développement des pays pauvres et d’espérance de vie vont être terribles. D’ores et déjà, on estime que la croissance annuelle par habitant de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne baisse de 0,5 % à 1,2 % à cause du sida. Un enquête réalisée auprès de 15 entreprises éthiopiennes a montré que, sur 5 ans, 53 % des maladies recensées étaient liées au sida. Le VIH a aussi annihilé tous les progrès en matière d’espérance de vie. En Afrique subsaharienne, la moyenne est aujourd’hui de 47 ans. Sans le sida, elle serait de 62 ans.
par Valérie Gas
Article publié le 28/11/2001