Serbie
Rébellion au sein de la police serbe
La rébellion des unités spéciales de la police serbe contre le gouvernement de Serbie a dure plus d'une semaine. Routes bloqués, casernes occupées : les «Bérets rouges» ne voulaient plus procéder à l'arrestation de personnes inculpées par le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye, et réclamaient la démission de Dusan Mihajlovic, le ministre de l'Intérieur, chaud partisan de la coopération de la Serbie avec le TPI.
De notre correspondant dans les Balkans
Longtemps dirigé par le redoutable Frano Simatovic, alias Frenki, les Bérets rouges ont été de toutes les opérations les plus sanglantes du nationalisme serbe, en Croatie, en Bosnie comme au Kosovo. Cette unité spéciale jouissait d'un commandement spécial et n'était soumise que très formellement à l'autorité du ministère de l'Intérieur et de la direction de la police serbe.
Le ministre de l'Intérieur du gouvernement de Serbie, Dusan Mihajlovic, président de la petite formation Nouvelle Démocratie, appartient au camp des réformistes serbes et fait figure d'homme à abattre pour les milieux nationalistes, notamment depuis l'arrestation et le transfert à La Haye de Slobodan Milosevic, au printemps dernier. L'arrestation, le week-end dernier, de deux frère jumeaux accusés d'exactions en Bosnie a servi de prétexte à la rébellion. En fait, de nombreux responsables des Bérets rouges craignent de figurer eux-mêmes sur les listes secrètes de personnes recherchées par la Cour de La Haye.
Très vite, la rébellion des Bérets rouges a pris une tournure politique. Rentré précipitamment de New York, le Premier ministre de Serbie, Zoran Djindjic, a cru pouvoir reprendre la situation en main, en refusant la démission que Dusan Mihajlovic avait proposé. Mercredi soir, il s'adressait à la nation pour annoncer, au contraire, le limogeage du chef de la Sécurité d'Etat û la police secrète. Le Premier ministre ajoutait que les Bérets rouges seraient désormais placés sous la direction du commandement de la police. Dans les milieux proches de Zoran Djindjic, de nombreuses voix s'élevait même pour suggérer une dissolution pure et simple des unités spéciales de la police.
Le soutien aux policiers de Kostunica
Les Bérets rouges ont répondu jeudi en poursuivant le blocage de plusieurs axes routiers et en réaffirmant leur refus de coopérer avec le TPI. Jeudi soir, ils ont reçu un soutien de poids, en la personne du président fédéral Vojislav Kostunica. Celui-ci a estimé que la rébellion était «compréhensible», en rappelant qu'à ses yeux, «toute coopération avec le tribunal de La Haye sans fondements légaux n'était pas une bonne chose», car une loi à ce sujet «est nécessaire non seulement pour la préservation de la souveraineté et de la dignité de notre Etat, mais aussi pour sa stabilité». Depuis des mois, le parlement fédéral yougoslave et le parlement de la République de Serbie doivent adopter une loi définissant les modalités de la coopération avec le TPI, que Vojislav Kostunica estime pour l'instant juridiquement infondé.
La crise s'est momentanément calmée, mais elle a pris l'allure d'un bras de fer ouvert entre le président fédéral yougoslave et le premier Ministre de la République de Serbie, certains observateurs belgradois n'hésitant pas à évoquer une ambiance qui aurait pu a tout moment dégénérer en putsch. Depuis un an, Zoran Djindjic a essayé d'affermir son contrôle sur la puissante et pléthorique police de Serbie, tandis que l'Armée fédérale yougoslave se range naturellement dans le camp de Vojislav Kostunica. Ce sont désormais les unités spéciales de la police de Serbie qui échappent elles aussi ouvertement au contrôle du Premier ministre serbe.
Longtemps dirigé par le redoutable Frano Simatovic, alias Frenki, les Bérets rouges ont été de toutes les opérations les plus sanglantes du nationalisme serbe, en Croatie, en Bosnie comme au Kosovo. Cette unité spéciale jouissait d'un commandement spécial et n'était soumise que très formellement à l'autorité du ministère de l'Intérieur et de la direction de la police serbe.
Le ministre de l'Intérieur du gouvernement de Serbie, Dusan Mihajlovic, président de la petite formation Nouvelle Démocratie, appartient au camp des réformistes serbes et fait figure d'homme à abattre pour les milieux nationalistes, notamment depuis l'arrestation et le transfert à La Haye de Slobodan Milosevic, au printemps dernier. L'arrestation, le week-end dernier, de deux frère jumeaux accusés d'exactions en Bosnie a servi de prétexte à la rébellion. En fait, de nombreux responsables des Bérets rouges craignent de figurer eux-mêmes sur les listes secrètes de personnes recherchées par la Cour de La Haye.
Très vite, la rébellion des Bérets rouges a pris une tournure politique. Rentré précipitamment de New York, le Premier ministre de Serbie, Zoran Djindjic, a cru pouvoir reprendre la situation en main, en refusant la démission que Dusan Mihajlovic avait proposé. Mercredi soir, il s'adressait à la nation pour annoncer, au contraire, le limogeage du chef de la Sécurité d'Etat û la police secrète. Le Premier ministre ajoutait que les Bérets rouges seraient désormais placés sous la direction du commandement de la police. Dans les milieux proches de Zoran Djindjic, de nombreuses voix s'élevait même pour suggérer une dissolution pure et simple des unités spéciales de la police.
Le soutien aux policiers de Kostunica
Les Bérets rouges ont répondu jeudi en poursuivant le blocage de plusieurs axes routiers et en réaffirmant leur refus de coopérer avec le TPI. Jeudi soir, ils ont reçu un soutien de poids, en la personne du président fédéral Vojislav Kostunica. Celui-ci a estimé que la rébellion était «compréhensible», en rappelant qu'à ses yeux, «toute coopération avec le tribunal de La Haye sans fondements légaux n'était pas une bonne chose», car une loi à ce sujet «est nécessaire non seulement pour la préservation de la souveraineté et de la dignité de notre Etat, mais aussi pour sa stabilité». Depuis des mois, le parlement fédéral yougoslave et le parlement de la République de Serbie doivent adopter une loi définissant les modalités de la coopération avec le TPI, que Vojislav Kostunica estime pour l'instant juridiquement infondé.
La crise s'est momentanément calmée, mais elle a pris l'allure d'un bras de fer ouvert entre le président fédéral yougoslave et le premier Ministre de la République de Serbie, certains observateurs belgradois n'hésitant pas à évoquer une ambiance qui aurait pu a tout moment dégénérer en putsch. Depuis un an, Zoran Djindjic a essayé d'affermir son contrôle sur la puissante et pléthorique police de Serbie, tandis que l'Armée fédérale yougoslave se range naturellement dans le camp de Vojislav Kostunica. Ce sont désormais les unités spéciales de la police de Serbie qui échappent elles aussi ouvertement au contrôle du Premier ministre serbe.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 19/11/2001