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Immigration

Lieu de mémoire pour 150 ans d'intégration

Un Centre national de l'histoire et des cultures de l'immigration devrait bientôt voir le jour en France. Le principe d'un lieu témoignant que la France a, depuis 150 ans, intégré les gens les plus divers vient d'être retenu par le gouvernement. Reste à en arrêter l'implantation : Saint-Denis, Paris et Marseille sont candidates.
La création d'un lieu culturel dédié à l'histoire et au rôle de l'immigration en France a pour but de répondre à la question « pourquoi les immigrés sont-ils venus en France, comment ont-ils été accueillis, comment ont-ils été intégrés et que sont-ils devenus ? ». Les défenseurs de cette idée viennent de remettre au Premier ministre Lionel Jospin un rapport tendant à mettre en évidence le rôle de la France comme terre d'immigration depuis 1851, date à laquelle, pour la première fois, un recensement distingue nationaux et étrangers. Ces derniers étaient alors près de 400 000.

La recherche historique sur le thème de l'immigration a fait des progrès notables ces 20 dernières années, signe que les Français, et pas seulement ceux d'origine étrangère, veulent mieux connaître cette partie de leur passé. Le mouvement est d'ailleurs général en Europe où des institutions consacrées à l'histoire de l'immigration existent depuis peu ou sont en projet en Allemagne, Belgique, Luxembourg, Grande-Bretagne, etc.

Intégration républicaine

En revanche, Rémy Schwartz, universitaire et Driss El Yazami vice-président de la Ligue des Droits de l'homme, auteurs du rapport au Premier ministre, précisent bien ce que leur projet n'est pas. Ce n'est pas, tout d'abord, une structure mettant en scène des communautés. Le Centre national qu'ils appellent de leur voeu est dans la droite ligne républicaine d'intégration, sur une base égalitaire, d'étrangers venus de pays, de cultures, de religions et de modes de vie les plus divers appelés pour la plupart à acquérir la nationalité française. Et, sinon eux, leurs enfants.

Le Centre national de l'histoire et des cultures de l'immigration ne se veut pas, non plus, un « musée ». Il sera certes un lieu de mémoire mais aussi de pédagogie, de formation et de recherche, de collecte et d'exploitation des archives, notamment cinématographiques, d'expositions. Mais il sera aussi à l'origine de débats, de rencontres, de festivals, de concerts, en lien avec les questions contemporaines.

Un des aspects qui ne devrait pas être occulté est le caractère douloureux, difficile et complexe de l'immigration qu'elle soit choisie ou forcée, économique ou politique. C'est pourquoi l'analyse de l'histoire migratoire de la France et les processus actuels d'intégration ne pourront faire l'impasse sur le passé colonial. Et, c'est pourquoi ce projet s'écarte de l'option choisie à New York pour le musée d'Ellis Island qui valorise l'arrivée aux Etats-Unis d'immigrés parvenus à une sorte d'Eden.

Le principe de cette création étant confirmé par Lionel Jospin, reste à lui donner une localisation. Le choix entre plusieurs villes candidates, dont Saint-Denis, en banlieue parisienne, ou Marseille, deux villes à forte proportion de population immigrée devrait être tranché dans les prochaines semaines. A moins que Paris ne viennent les mettre d'accord.



par Francine  Quentin

Article publié le 22/11/2001