Commerce mondial
Pertes et profits pour l'Afrique
A l'issue de la conférence de l'OMC l'Afrique peut être satisfaite de l'assouplissement des brevets sur les médicaments et du maintien des dérogations en faveur des pays ACP. En revanche, le continent africain n'a pas obtenu la suppression des subventions agricoles au Nord. Toutefois à Doha, les préoccupations du Sud ont davantage été prises en compte.
De notre envoyé spécial à Doha
Quatre principales revendications apparaissaient dans tous les discours des ministres africains à la tribune de la quatrième conférence de l'Organisation mondiale du commerce. Premièrement, un meilleur accès aux médicaments essentiels génériques grâce à un assouplissement des brevets. Ce qui suppose donc la fin des monopoles des firmes et grands laboratoires des pays développés. Sur ce front, l'Afrique n'était pas seule. Elle avait à ses côtés l'ensemble des pays en développement avec, en tête, l'Inde et le Brésil qui revendiquaient le droit de pouvoir fabriquer, comme ils en ont la capacité, les médicaments de première nécessité pour faire face aux épidémies de sida, paludisme, tuberculose, etc. Soutenue par l'Union européenne, la « coalition contre les brevets » a pu amener ses adversaires (Etats-Unis, Canada, Suisse et Japon) à des concessions de taille comme le droit pour les pays en développement de fabriquer et d'importer des médicaments, en cas de nécessité. Même si des zones d'ombre demeurent dans l'accord obtenu, les Africains parlent de résultat « globalement positif ».
Deuxièmement, une dérogation spéciale pour un accès préférentiel jusqu'en 2007, des produits des 78 Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), sur le marché européen par rapport aux produits des autres régions notamment latino-américaines. Et ce, conformément à l'accord de Cotonou signé en juin 2000 entre les ACP et l'Union européenne. Les pays latino-américains et du sud-est asiatique, qui veulent exporter vers l'Europe dans les mêmes conditions que les ACP, s'y opposaient. De négociations en négociations arbitrées par l'OMC, les ACP ont pu avoir gain de cause.
Des ONG mobilisées
Troisièmement, l'application des précédents accords pris par l'OMC à Singapour en 1996 en faveur des pays en développement. L'Afrique, les PMA et une bonne partie d'autres pays en développement disent n'avoir pas encore bénéficié des avantages qu'était censée leur apporter la mondialisation. La conférence ministérielle de Doha s'est engagée à ce que l'OMC fournisse une assistance technique aux pays en développement les moins avancés pour un renforcement de leurs capacités à tirer profit de l'ouverture de leurs frontières.
Quatrièmement, la suppression des aides directes aux exportations de produits agricoles dans les pays développés et principalement ceux de l'Union européenne. Sur cette question aussi, l'Afrique n'était pas seule dans la bataille. Asiatiques et latino-américains réclamaient, tout autant, l'arrêt des subventions agricoles qui rendent plus compétitifs les produits européens à l'exportation. Mais, face à la fermeté de l'Europe, les Africains ont vite cédé. Et l'entêtement de l'Inde à obtenir une fin des aides aux paysans européens n'a rien changé à la position européenne. La viande et le lait importés d'Europe ont donc encore de beaux jours devant eux sur les marchés des pays sahéliens pourtant traditionnellement producteurs de ces produits. Tout comme les huiles végétales qui continueront d'afficher des prix plus intéressants sur le marché ivoirien ou camerounais que les productions locales.
«On ne peut pas obtenir tout à la fois », se consolait le ministre togolais du commerce. « On peut même dire que l'Afrique est le continent qui a le plus gagné à Doha, soutient le directeur général adjoint de l'OMC, Ablassé Ouédraogo. Pour la première fois, l'Afrique s'est mobilisée, a fait bloc et fait trembler les grands pays sur différentes questions. Elle n'a jamais été autant qu'à Doha au centre des préoccupations et des considérations du monde ». Des égards dus en grande partie à la mobilisation des ONG, très actives dans la capitale qatarie pendant la conférence.
Quatre principales revendications apparaissaient dans tous les discours des ministres africains à la tribune de la quatrième conférence de l'Organisation mondiale du commerce. Premièrement, un meilleur accès aux médicaments essentiels génériques grâce à un assouplissement des brevets. Ce qui suppose donc la fin des monopoles des firmes et grands laboratoires des pays développés. Sur ce front, l'Afrique n'était pas seule. Elle avait à ses côtés l'ensemble des pays en développement avec, en tête, l'Inde et le Brésil qui revendiquaient le droit de pouvoir fabriquer, comme ils en ont la capacité, les médicaments de première nécessité pour faire face aux épidémies de sida, paludisme, tuberculose, etc. Soutenue par l'Union européenne, la « coalition contre les brevets » a pu amener ses adversaires (Etats-Unis, Canada, Suisse et Japon) à des concessions de taille comme le droit pour les pays en développement de fabriquer et d'importer des médicaments, en cas de nécessité. Même si des zones d'ombre demeurent dans l'accord obtenu, les Africains parlent de résultat « globalement positif ».
Deuxièmement, une dérogation spéciale pour un accès préférentiel jusqu'en 2007, des produits des 78 Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), sur le marché européen par rapport aux produits des autres régions notamment latino-américaines. Et ce, conformément à l'accord de Cotonou signé en juin 2000 entre les ACP et l'Union européenne. Les pays latino-américains et du sud-est asiatique, qui veulent exporter vers l'Europe dans les mêmes conditions que les ACP, s'y opposaient. De négociations en négociations arbitrées par l'OMC, les ACP ont pu avoir gain de cause.
Des ONG mobilisées
Troisièmement, l'application des précédents accords pris par l'OMC à Singapour en 1996 en faveur des pays en développement. L'Afrique, les PMA et une bonne partie d'autres pays en développement disent n'avoir pas encore bénéficié des avantages qu'était censée leur apporter la mondialisation. La conférence ministérielle de Doha s'est engagée à ce que l'OMC fournisse une assistance technique aux pays en développement les moins avancés pour un renforcement de leurs capacités à tirer profit de l'ouverture de leurs frontières.
Quatrièmement, la suppression des aides directes aux exportations de produits agricoles dans les pays développés et principalement ceux de l'Union européenne. Sur cette question aussi, l'Afrique n'était pas seule dans la bataille. Asiatiques et latino-américains réclamaient, tout autant, l'arrêt des subventions agricoles qui rendent plus compétitifs les produits européens à l'exportation. Mais, face à la fermeté de l'Europe, les Africains ont vite cédé. Et l'entêtement de l'Inde à obtenir une fin des aides aux paysans européens n'a rien changé à la position européenne. La viande et le lait importés d'Europe ont donc encore de beaux jours devant eux sur les marchés des pays sahéliens pourtant traditionnellement producteurs de ces produits. Tout comme les huiles végétales qui continueront d'afficher des prix plus intéressants sur le marché ivoirien ou camerounais que les productions locales.
«On ne peut pas obtenir tout à la fois », se consolait le ministre togolais du commerce. « On peut même dire que l'Afrique est le continent qui a le plus gagné à Doha, soutient le directeur général adjoint de l'OMC, Ablassé Ouédraogo. Pour la première fois, l'Afrique s'est mobilisée, a fait bloc et fait trembler les grands pays sur différentes questions. Elle n'a jamais été autant qu'à Doha au centre des préoccupations et des considérations du monde ». Des égards dus en grande partie à la mobilisation des ONG, très actives dans la capitale qatarie pendant la conférence.
par Alpha Barry
Article publié le 15/11/2001