Sida
Les communautés haussent le ton
Président du réseau des associations et ONG d’action contre le sida (Wanaso) et porte-parole du réseau africain (Africaso), le malien Cheick Tidiane Tall a surpris tout le monde par son ton très critique lors de la cérémonie d’ouverture. Alors que le thème même de la conférence porte sur l’engagement des communautés, le docteur Tall dénonce la faible implication des réseaux communautaires.
De notre correspondant au Burkina Faso
RFI:Que représente pour vous le thème de cette 12è conférence à savoir «les communautés s’engagent»?
Cheick Tidiane Tall: C’est la deuxième fois que la CISMA retient ce thème. Il a été choisi par reconnaissance de l’effort des communautés dans la lutte contre le sida et surtout pour valoriser et soutenir ces efforts. Ce thème a pour objectif de permettre aux communautés d’être là en grand nombre et de partager ainsi leurs expériences. Selon un rapport publié récemment par l’Onusida, les meilleures pratiques de lutte contre le sida sont celles des communautés. Ce sont en effet les associations et les ONG qui sont actifs au quotidien sur les lieux de travail, avec les jeunes, les femmes pour informer et sensibiliser sur le sida. Donc, un gros travail de prévention est fait. Et selon les dernières enquêtes, dans tous nos pays, plus de 70 % des populations ont une bonne connaissance de l’épidémie du VIH/Sida.
RFI: Les approches communautaires constituent-elles la meilleure solution au problème de la propagation du sida?
C.T.T.: C’est en effet la réponse la mieux adaptée parce que l’enjeu du sida aujourd’hui tourne autour du changement de comportement. Or, pour réussir ce changement, il faut faire un travail de proximité. Mais qui peut venir travailler auprès des populations, si ce n’est des gens crédibles au sein des communautés. Si moi je viens par exemple avec mon association au sein de ma communauté parler d’une question aussi complexe que le sida, j’ai plus de chance de me faire entendre qu’une mission gouvernementale venue de la capitale. Nous avons donc compris que compte tenu de l’ampleur du fléau, il est difficile d’y faire face isolément au niveau individuel et associatif. Et même les gouvernements ne peuvent pas à eux seuls s’occuper du sida. D’où la nécessité de développer des réseaux. Nous, nous sommes donc organisés en réseau au niveau régional, sous régional et à l’échelle nationale.
RFI: Quel est le message du réseau des associations et ONG à cette 12e conférence?
C.T.T.: Nous sommes venus ici avec une plate-forme élaborée en collaboration avec le réseau de personnes vivant avec le VIH et le réseau des femmes contre le sida en Afrique. Cette plate-forme présente, à partir d’études de cas dans quatre pays, ce que nous avons fait ces quinze dernières années dans la lutte contre le sida. Au Mali, nous avons fait une évaluation de la question de la prévention et de l’accès aux soins et aux traitements. Une étude de cas portant sur la mobilisation des ressources a été réalisée au Sénégal. La troisième étude réalisée en Ouganda et en Tunisie porte sur l’implication des personnes vivant avec le VIH et les questions des droits humains. C’est un état des lieux dans ces différents pays et une évaluation de l’impact sur les personnes vivant avec le virus.
Maintenant, c’est vrai que statutairement, nous sommes membres du comité directeur de la conférence qui est censée définir ses orientations. Mais nous remarquons que nous ne sommes pas suffisamment écoutés. Par exemple ici, nous ne croyons pas qu’en tant que co-organisateur nous avons eu la place et le poids nécessaires pour faire passer nos points de vue et nos préoccupations. Nous sommes là à la place des communautés dont nous avons de la peine à faire passer les préoccupations. C’est pourquoi, nous avons dit que nous nous sentons marginalisés. La conférence est prioritairement adressée aux acteurs de la lutte contre le sida. Mais nous avons l’impression qu’elle est réservée aux chercheurs et à l’establishment médical. La recherche est certes indispensable, mais les actions communautaires le sont également. Toutes les parties doivent être considérées avec chacune son importance.
RFI:Est-ce que les associations ou les réseaux disposent de moyens pour travailler?
C.T.T.: Nous faisons un travail bénévole. Certes, nous avons nos compétences et notre bonne volonté. Mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi nous demandons à nos partenaires de nous accorder des moyens pour nous permettre de mieux structurer nos réseaux en payant par exemple un secrétariat ou une expertise. C’est un minimum pour bien travailler. Pour l’instant, nous «trichons» avec d’autres ONG qui nous hébergent ici et là.
RFI:Que représente pour vous le thème de cette 12è conférence à savoir «les communautés s’engagent»?
Cheick Tidiane Tall: C’est la deuxième fois que la CISMA retient ce thème. Il a été choisi par reconnaissance de l’effort des communautés dans la lutte contre le sida et surtout pour valoriser et soutenir ces efforts. Ce thème a pour objectif de permettre aux communautés d’être là en grand nombre et de partager ainsi leurs expériences. Selon un rapport publié récemment par l’Onusida, les meilleures pratiques de lutte contre le sida sont celles des communautés. Ce sont en effet les associations et les ONG qui sont actifs au quotidien sur les lieux de travail, avec les jeunes, les femmes pour informer et sensibiliser sur le sida. Donc, un gros travail de prévention est fait. Et selon les dernières enquêtes, dans tous nos pays, plus de 70 % des populations ont une bonne connaissance de l’épidémie du VIH/Sida.
RFI: Les approches communautaires constituent-elles la meilleure solution au problème de la propagation du sida?
C.T.T.: C’est en effet la réponse la mieux adaptée parce que l’enjeu du sida aujourd’hui tourne autour du changement de comportement. Or, pour réussir ce changement, il faut faire un travail de proximité. Mais qui peut venir travailler auprès des populations, si ce n’est des gens crédibles au sein des communautés. Si moi je viens par exemple avec mon association au sein de ma communauté parler d’une question aussi complexe que le sida, j’ai plus de chance de me faire entendre qu’une mission gouvernementale venue de la capitale. Nous avons donc compris que compte tenu de l’ampleur du fléau, il est difficile d’y faire face isolément au niveau individuel et associatif. Et même les gouvernements ne peuvent pas à eux seuls s’occuper du sida. D’où la nécessité de développer des réseaux. Nous, nous sommes donc organisés en réseau au niveau régional, sous régional et à l’échelle nationale.
RFI: Quel est le message du réseau des associations et ONG à cette 12e conférence?
C.T.T.: Nous sommes venus ici avec une plate-forme élaborée en collaboration avec le réseau de personnes vivant avec le VIH et le réseau des femmes contre le sida en Afrique. Cette plate-forme présente, à partir d’études de cas dans quatre pays, ce que nous avons fait ces quinze dernières années dans la lutte contre le sida. Au Mali, nous avons fait une évaluation de la question de la prévention et de l’accès aux soins et aux traitements. Une étude de cas portant sur la mobilisation des ressources a été réalisée au Sénégal. La troisième étude réalisée en Ouganda et en Tunisie porte sur l’implication des personnes vivant avec le VIH et les questions des droits humains. C’est un état des lieux dans ces différents pays et une évaluation de l’impact sur les personnes vivant avec le virus.
Maintenant, c’est vrai que statutairement, nous sommes membres du comité directeur de la conférence qui est censée définir ses orientations. Mais nous remarquons que nous ne sommes pas suffisamment écoutés. Par exemple ici, nous ne croyons pas qu’en tant que co-organisateur nous avons eu la place et le poids nécessaires pour faire passer nos points de vue et nos préoccupations. Nous sommes là à la place des communautés dont nous avons de la peine à faire passer les préoccupations. C’est pourquoi, nous avons dit que nous nous sentons marginalisés. La conférence est prioritairement adressée aux acteurs de la lutte contre le sida. Mais nous avons l’impression qu’elle est réservée aux chercheurs et à l’establishment médical. La recherche est certes indispensable, mais les actions communautaires le sont également. Toutes les parties doivent être considérées avec chacune son importance.
RFI:Est-ce que les associations ou les réseaux disposent de moyens pour travailler?
C.T.T.: Nous faisons un travail bénévole. Certes, nous avons nos compétences et notre bonne volonté. Mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi nous demandons à nos partenaires de nous accorder des moyens pour nous permettre de mieux structurer nos réseaux en payant par exemple un secrétariat ou une expertise. C’est un minimum pour bien travailler. Pour l’instant, nous «trichons» avec d’autres ONG qui nous hébergent ici et là.
par propos recueillis par Alpha Barry
Article publié le 11/12/2001