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Inde

Escalade au Cachemire

La police indienne accuse le Pakistan d’avoir été au courant par avance de l’attaque contre le parlement de New Delhi jeudi 13 décembre.
Qui, de l’Inde ou du Pakistan, réussira à faire peur à l’autre ? Le Premier ministre indien Atal Behari Vajpayee qui, devant des hommes d’affaires réunis à Calcutta, martèle que «les limites de la tolérance sont désormais atteintes» ? Ou bien le président pakistanais Pervez Musharraf qui, lors d’un entretien télévisé, prévient que «tout aventurisme sera combattu avec force» ?

La police indienne affirme que les cinq assaillants tués lors de l’attaque contre le Parlement étaient des ressortissants pakistanais. Le commissaire chargé de l’enquête a également indiqué que quatre personnes ont été arrêtées et sont actuellement interrogées sur cette affaire. Selon lui, les services secrets pakistanais, l’ISI, étaient informés des préparatifs de l’attentat ce qui, du point de vue des enquêteurs indiens, semble indiquer que le gouvernement pakistanais ne pouvait pas ignorer ce qui se tramait.

Le président Musharraf a pris soin, par deux fois, de condamner l’attaque contre le parlement indien. Mais il a lancé un sévère avertissement à l’adresse de ses puissants voisins, les sommant de fournir les preuves de ce qu’ils avancent et les mettant en garde contre «toute action précipitée». Le chef de l’État pakistanais redoute une action de représailles de l’armée indienne le long de la «ligne de contrôle» (démarcation) qui coupe le territoire du Cachemire en deux parties.

L’Inde se pose en victime du terrorisme

Dans ce jeu dangereux, les Indiens semblent avoir l’avantage. La posture de victime qu’ils occupent depuis le raid de jeudi dernier les fait bénéficier, d’emblée, d’un capital de sympathie à l’étranger. Séparatiste ou non, depuis le 11 septembre, il ne fait pas bon être assimilé à un terroriste islamiste. Les États-Unis, qui jusqu’alors, ont tenté de conserver une prudente neutralité entre les deux puissances nucléaires que sont l’Inde et le Pakistan, ont fait savoir qu’ils suivaient de très près l’évolution de la situation au Cachemire. Les Indiens, qui rappellent en toute occasion, que les combattants séparatistes musulmans du Cachemire ont partagé avec les Taliban et les «Afghans arabes» d’Al Qaïda les mêmes camps d’entraînement trouvent désormais une oreille attentive à Washington.

Pour la première fois, l’ambassadeur des États-Unis à New Delhi vient de qualifier de «terroristes» ces militants. Bien davantage que les propos martiaux du Premier ministre Vajpayee, il y a là de quoi causer bien du souci au président pakistanais Pervez Musharraf qui, dans la situation délicate que connaît aujourd’hui son pays, ne peut absolument pas se permettre de perdre l’appui de la puissante Amérique.



par Sophie  Marsaudon

Article publié le 16/12/2001