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Attentats : la riposte

Ben Laden s'est évanoui dans la nature

Alors que la campagne militaire engagée par les Américains en Afghanistan a permis de renverser le régime des taliban et que Tora Bora, leur dernier refuge, vient de tomber, le principal reste encore à faire pour rassurer l'opinion: trouver et capturer celui par lequel les attentats du 11 septembre sont arrivés, Oussama Ben Laden. Les forces spéciales de l’armée américaine s’y emploient mais pour le moment sans résultat.
Les taliban et les membres du réseau terroriste Al Qaïda, réfugiés dans le massif montagneux de Tora Bora, l’un de leur dernier bastion depuis la chute de Kandahar, ont fini par se rendre. Les bombardements des avions américains et les assauts des forces afghanes ont eu raison de leur acharnement. Mais ni Oussama Ben Laden, ni le mollah Omar ne figuraient parmi la quarantaine de prisonniers ou les cadavres des victimes de cet affrontement. Et pourtant, depuis plusieurs jours, on annonçait que le milliardaire saoudien avait certainement trouvé refuge dans les galeries creusées dans les montagnes de Tora Bora et que l’étau se resserrait sur lui. Selon les responsables américains, des conversations radio de Ben Laden lui-même avaient été interceptées et prouvaient qu’il se trouvait bien dans le secteur.

La libération de l’Afghanistan du joug des taliban, le retour de ce pays dans le giron des nations fréquentables et l’élaboration d’un processus de transition politique ne compensent pas cet échec dans la traque de l’ennemi public numéro un aux Etats-Unis, le responsable des attentats du 11 septembre qui ont fait près de 4 000 victimes. Ce que veulent les Américains, c’est Oussama Ben Laden, mort (tout est prévu pour procéder avec certitude à son identification grâce à des échantillons d’ADN prélevés sur des membres de sa famille) ou vif. Et ils feront tout pour le retrouver. D’ailleurs, la première déception passée, George W. Bush lui-même a tenté de redonner le moral aux troupes et à ses concitoyens. «Il est en fuite. Il croit qu’il peut se cacher mais ce n’est pas vrai. Cela peut arriver demain ou dans un an mais il sera traduit en justice… Nous recevons toute sorte d’informations, qu’il se trouve dans une grotte, qu’il ne se trouve pas dans une grotte, qu’il s’est échappé, qu’il ne s’est pas échappé. Mais quand la poussière se dissipera, nous découvrirons où il se trouve».

Mise à prix: 25 millions de dollars

Les objectifs sont clairs et n’ont pas changé, la traque menée par les Américains n’est pas près de s’arrêter. Si globalement la bataille de Tora Bora a été gagnée, il reste «des poches isolées de combattants d’Al Qaïda», comme l’a indiqué le contre-amiral John Stufflebeem, l’un des porte-parole du Pentagone. Les forces spéciales américaines procèdent donc au ratissage des grottes et des montagnes à la recherche des fuyards qui ont réussi à s’échapper avant la reddition. Combien sont-ils, où se cachent-ils, autant de questions auxquelles il est très difficile de répondre. «C’est un peu comme rechercher des puces sur un chien». Ben Laden est-il encore parmi ces combattants ? Est-il encore en Afghanistan ? A-t-il réussi à passer au Pakistan ou dans les zones tribales qui se situent entre ce pays et l’Afghanistan, ou même a-t-il réussi à s’échapper vers un pays où Al Qaïda dispose encore de relais en Asie centrale, en Afrique ou au Moyen Orient ? «Il y a quelques jours nous pensions qu’il était dans le secteur [Tora Bora] mais nous n’en sommes plus sûrs», a expliqué John Stuffelbeem.

Tous les moyens sont mis en œuvre pour trouver la cachette de Ben Laden. Des tracts ont, par exemple, été largués dans la région. Les Américains promettent ainsi 25 millions de dollars en échange d'informations susceptibles de permettre la capture du chef d'Al Qaïda. Un bon moyen de délier les langues. Les indications que donneront les prisonniers de Tora Bora seront aussi exploitées. Même si les autorités afghanes ont indiqué qu'aucun prisonnier ne serait remis à un «quelconque» pays étranger. Pour les experts, la poursuite du milliardaire terroriste est aujourd’hui devenue surtout l’affaire des services de renseignements.



par Valérie  Gas

Article publié le 18/12/2001