Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Droits de l''enfant

L'exploitation sexuelle en hausse

La deuxième conférence internationale contre l’exploitation sexuelle des enfants s’est ouverte lundi à Yokohama, au Japon. Cinq ans après le congrès de Stockholm, ce sera l’occasion de faire le point sur la lutte contre ces atteintes. Un bilan en demi-teinte.
A l’initiative de l’Unicef, du Japon, et d’associations de défense des droits des enfants dont ECPAT International (End Child Prostitution and Traffiking), les délégués des gouvernements de 119 pays vont faire le point, quatre jours durant, sur les stratégies de lutte mises en place.
Or, cinq ans après le premier congrès de Stockholm (août 1996), initiateur du mouvement antipédophile international, le constat est pessimiste : la prostitution enfantine, les trafics d’enfants et la pédopornographie sont en hausse constante. «Chaque année, des millions d’enfants sont encore achetés et vendus comme des produits frais, des marchandises dans une industrie mondiale du sexe… nous le savons tous!», a ainsi souligné Carol Bellamy, la directrice de l’Unicef. «Ce qui était inacceptable en 1996 l’est encore plus aujourd’hui : on ne peut plus prétendre que l’on ne sait pas», a renchéri pour sa part Joséphine de Linde, présidente d’ECPAT.

Bien sûr, le congrès de Stockholm a permis une large prise de conscience du phénomène. Des textes internationaux ont été adoptés comme une convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui demande l’élimination des «pires formes de travail des enfants» parmi lesquelles la prostitution et la mise en scène de mineurs dans des films pornographiques. Certains pays ont durci leur législation et le secteur privé, notamment l’industrie du tourisme, s’est également mobilisé : aux Philippines, les syndicats ont mis en place pour les employés de l’hôtellerie ou des spectacles une formation destinée à repérer les cas d’agression. Enfin, 17 pays ont mis en place ou renforcé des législations leur permettant de poursuivre et de juger leurs ressortissants pour des actes de pédophilie commis à l’étranger. «Ce qui n’est déjà pas mal dans la mesure où ce sont les pays occidentaux, les principaux pourvoyeurs de touristes sexuels, qui ont adopté ces législations», note Carole Bartoli, chargée de mission à ECPAT France.

Boom de la pornographie enfantine sur Internet

Mais il reste beaucoup de chemin à parcourir. Contrairement au programme d’action défini par le congrès de Stockholm, seuls une cinquantaine de pays (sur 122 participants) ont mis ou vont mettre en place des plans de lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants. En outre, malgré une plus grande vigilance des fournisseurs de service et une répression policière accrue, la pornographie enfantine sur Internet reste florissante. En avril 2001, ECPAT International a dénombré plus de 400.000 résultats après une recherche de sites pédopornographiques sur la toile. Pire encore, ce boom de la pornographie sur Internet n’a pas enterré les supports traditionnels : vidéocassettes et photographies continuent à circuler sous pli discret de par le monde.

Enfin, ainsi que l’a rappelé la ministre japonaise de la justice, Mayumi Moriyama, lors de l’ouverture de la conférence de Yokohama, les pays développés sont également concernés. En France, par exemple, de trois à cinq mille mineurs se prostitueraient. Essentiellement des jeunes filles originaires des pays de l’Est ou de l’Afrique mais également des mineurs français, isolés et sans ressources. «Ces chiffres sont très difficiles à confirmer, note Carole Bartoli, mais ce qui est sûr, c’est qu’on a noté une augmentation depuis un an».

A écouter également:

Gilles Tréhel, responsable de l'association "Aux captifs la libération" fait le point sur la prostitution enfantine à Paris, notamment autour du bois de Boulogne. Il répond à Anne-Laure Marie.

Le Brésil mène campagne contre l'exploitation sexuelle des enfants. Correspondance d'Annie Gasnier.

Margarita Amodeo, responsable de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et centrale. Elle fait le point sur la situation au micro de Christine Muratet.



par Nicolas  Sur

Article publié le 17/12/2001