Burundi
La satisfaction de Pierre Buyoya
Le président burundais achève une mini-tournée européenne sur une note optimiste. Malgré la poursuite des violences dans son pays, Pierre Buyoya a obtenu la promesse d’importants soutiens des bailleurs de fonds.
Pierre Buyoya est satisfait. A l’issue d’une mini-tournée européenne, en Belgique, en Suisse et en France, le chef de l’Etat burundais aura obtenu d’importantes promesses financières des bailleurs de fonds. A l’issue d’une table ronde des donateurs, organisée à Genève sous l’égide du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), il affirme avoir reçu un engagement de 832 millions de dollars des pays occidentaux et de la Banque mondiale pour la période 2002-2004. «C’est un signal fort de soutien», a-t-il déclaré, ce lundi, à l’occasion de son passage à Paris, où il devait rencontrer des officiels français.
Du soutien, le Burundi en a fortement besoin. Après huit années d’une guerre civile qui a fait 250 000 morts, le pays vient enfin d’entamer une étape décisive des accords de paix signés à Arusha en août 2000. Un gouvernement paritairement composé de représentants de partis hutus et tutsis a été installé le 1er novembre dernier, marquant le début d’une transition de trois ans, censée aboutir à une pacification de la vie politique. Quant au président Buyoya, un tutsi, il doit quitter son poste d’ici dix-sept mois, au terme desquels il laissera la place à son vice-président, un hutu, qui achèvera la période transitoire.
«Des perspectives nouvelles»
Pour le numéro un burundais, la mise en place d’un gouvernement de transition «ouvre des perspectives nouvelles». «Nous avons entamé une période de transition, avec des étapes clairement définies. L’accord prévoit des élections locales dans 18 mois, suivies de législatives dans 24 mois et de présidentielles dans 36 mois», précise-t-il. A cela s’ajoute, selon lui, toute une série de mesures prévues par l'accord d’Arusha, concernant notamment le rapatriement des nombreux burundais réfugiés dans les pays voisins, la reconstruction d’un pays dévasté par la guerre et la réforme de plusieurs secteurs, comme la sécurité, la justice et l’administration.
L’optimisme du major Buyoya est cependant tempéré par la multiplication des attaques attribuées au deux principaux mouvements rebelles hutus, le CNDD-FDD* et les FNL**, dans plusieurs régions du pays, ces dernières semaines. Pas plus tard que le week-end dernier, au moins six personnes ont été tuées au cours de deux embuscades de rebelles hutus dans les environs de la capitale, Bujumbura. «La fin de la violence est essentielle pour crédibiliser le processus de paix», reconnaît le président burundais. Mais il voit dans la composition du gouvernement actuel un facteur favorable: «Plusieurs partis qui en sont membres sont, au départ, de la même famille que ceux qui sont dans la rébellion.» Pierre Buyoya admet toutefois que la reprise des négociations avec les groupes armées est l’un des principaux défis à relever. D’autant que la résolution de la crise burundaise est largement liée à celle de la République démocratique du Congo voisine, dont l’immense territoire sert de base arrière aux rebelles burundais et qui est encore loin d’être sortie de la guerre. «La paix est possible au Burundi, sans une fin de crise en RDC», estime le président Buyoya, même s’il avoue que «cela restera une contrainte».
Reste le lourd passif des affrontements meurtriers qui ensanglantent le pays depuis 1993, que d’aucuns qualifient de «génocide au compte goutte». Les accords d’Arusha prévoient la création d’une commission internationale chargée justement de déterminer s’il y a eu ou non des actes de génocide. «Si c’est le cas, ils seront jugés par une Tribunal pénal international», affirme le chef de l’Etat burundais. De même, une Commission vérité réconciliation, sur le modèle sud-africain, doit être prochainement mise en place. «Elle fera un rapport au gouvernement de transition qui devra décider si il faut poursuivre ou non certaines personnes». Sur le papier donc, le règlement du sanglant imbroglio burundais est possible. Pierre Buyoya, qui jure vouloir se retirer pour de bon de la vie politique au terme de son mandat, fait en tous cas mine d’y croire. Mais il le reconnaît lui-même, le processus de paix est loin d’être terminé.
*Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie
**Forces nationales de libération
Du soutien, le Burundi en a fortement besoin. Après huit années d’une guerre civile qui a fait 250 000 morts, le pays vient enfin d’entamer une étape décisive des accords de paix signés à Arusha en août 2000. Un gouvernement paritairement composé de représentants de partis hutus et tutsis a été installé le 1er novembre dernier, marquant le début d’une transition de trois ans, censée aboutir à une pacification de la vie politique. Quant au président Buyoya, un tutsi, il doit quitter son poste d’ici dix-sept mois, au terme desquels il laissera la place à son vice-président, un hutu, qui achèvera la période transitoire.
«Des perspectives nouvelles»
Pour le numéro un burundais, la mise en place d’un gouvernement de transition «ouvre des perspectives nouvelles». «Nous avons entamé une période de transition, avec des étapes clairement définies. L’accord prévoit des élections locales dans 18 mois, suivies de législatives dans 24 mois et de présidentielles dans 36 mois», précise-t-il. A cela s’ajoute, selon lui, toute une série de mesures prévues par l'accord d’Arusha, concernant notamment le rapatriement des nombreux burundais réfugiés dans les pays voisins, la reconstruction d’un pays dévasté par la guerre et la réforme de plusieurs secteurs, comme la sécurité, la justice et l’administration.
L’optimisme du major Buyoya est cependant tempéré par la multiplication des attaques attribuées au deux principaux mouvements rebelles hutus, le CNDD-FDD* et les FNL**, dans plusieurs régions du pays, ces dernières semaines. Pas plus tard que le week-end dernier, au moins six personnes ont été tuées au cours de deux embuscades de rebelles hutus dans les environs de la capitale, Bujumbura. «La fin de la violence est essentielle pour crédibiliser le processus de paix», reconnaît le président burundais. Mais il voit dans la composition du gouvernement actuel un facteur favorable: «Plusieurs partis qui en sont membres sont, au départ, de la même famille que ceux qui sont dans la rébellion.» Pierre Buyoya admet toutefois que la reprise des négociations avec les groupes armées est l’un des principaux défis à relever. D’autant que la résolution de la crise burundaise est largement liée à celle de la République démocratique du Congo voisine, dont l’immense territoire sert de base arrière aux rebelles burundais et qui est encore loin d’être sortie de la guerre. «La paix est possible au Burundi, sans une fin de crise en RDC», estime le président Buyoya, même s’il avoue que «cela restera une contrainte».
Reste le lourd passif des affrontements meurtriers qui ensanglantent le pays depuis 1993, que d’aucuns qualifient de «génocide au compte goutte». Les accords d’Arusha prévoient la création d’une commission internationale chargée justement de déterminer s’il y a eu ou non des actes de génocide. «Si c’est le cas, ils seront jugés par une Tribunal pénal international», affirme le chef de l’Etat burundais. De même, une Commission vérité réconciliation, sur le modèle sud-africain, doit être prochainement mise en place. «Elle fera un rapport au gouvernement de transition qui devra décider si il faut poursuivre ou non certaines personnes». Sur le papier donc, le règlement du sanglant imbroglio burundais est possible. Pierre Buyoya, qui jure vouloir se retirer pour de bon de la vie politique au terme de son mandat, fait en tous cas mine d’y croire. Mais il le reconnaît lui-même, le processus de paix est loin d’être terminé.
*Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie
**Forces nationales de libération
par Christophe Champin
Article publié le 10/12/2001