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Proche-Orient

Doutes sur le <i>Karine A</i>

Un peu trop beau pour être vrai semblent avoir pensé les Américains après l’arraisonnement par les Israéliens d’un cargo chargé de 50 tonnes d’armes destinées, selon eux, à l’Autorité palestinienne. L’arraisonnement par un commando israélien du Karine A, jeudi en Mer Rouge, alors même que l’émissaire américain Anthony Zinni tentait de conclure un cessez-le-feu entre Israéliens et Palestiniens n’a pas convaincu le département d’Etat.
Pour le ministre des Transports israélien, Ephraïm Sneh, l’affaire est claire et de nature à entraîner la conviction «de n’importe quel enfant en bas âge» : le cargo transportant 50 tonnes d’armes en Mer Rouge à 500 km des côtes israéliennes, était bien destiné à l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat ne pouvait qu’être au courant et l’Iran, pays d’embarquement, est «la centrale mondiale du terrorisme». Dès dimanche, le Premier ministre Ariel Sharon accusait l’Autorité palestinienne de «jouer un rôle majeur dans le terrorisme international».

De fait, les Israéliens n’ont pas lésiné sur les moyens d’apporter la preuve du trafic d’armes à destination des Palestiniens. Le capitaine du bateau arraisonné, officier de la police maritime palestinienne, a donné une interview télévisée depuis sa prison d’Ashkelon, sur la côte israélienne, et affirmé qu'il agissait sous les ordres de deux proches du président palestinien Yasser Arafat.

Ni spéculations, ni conclusions

Pourtant, le porte-parole du département d’Etat américain, Richard Boucher, s’est bien gardé d’accréditer telle quelle la version israélienne, à la grande déception du gouvernement israélien. Richard Boucher a jugé urgent de connaître les faits, notamment qui a affrété le navire et le destinataire «avant de commencer à spéculer ou à tirer des conclusions». Il n’a pas non plus accusé l’Iran dans cette affaire et insisté sur la nécessité de poursuivre les tentatives de dialogue entre les deux parties.

Conscient du danger que fait peser cette affaire sur la situation déjà grave en Israël et dans les territoires palestiniens, l’Autorité palestinienne a immédiatement démenti être pour quoi que ce soit dans ce transport d’armes, avant de lancer une commission d’enquête. Le président Arafat s’est engagé à ce que ceux qui seraient impliqués soient punis si des preuves étaient établies. Pour les Palestiniens cette affaire est un «prétexte», tandis que pour la presse égyptienne, mardi, il s’agit tout bonnement d’une «fabrication» israélienne destinée à entraver la mission de Anthony Zinni.



par Francine  Quentin

Article publié le 08/01/2002