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Madagascar

Apaisement des tensions

L’atmosphère va peut être se détendre, puisque Marc Ravalomanana a demandé, ce vendredi, à ses partisans de suspendre le mouvement de contestation. Annonce faite lors d’un grand rassemblement à vocation œcuménique. De son côté, le président de la République s’est exprimé pour la première fois devant les Malgaches, depuis son discours du 31 décembre au soir.
De notre correspondant à Antananarivo.

«Laissons la Haute cour constitutionnelle faire son travail», c’est en substance le message à retenir de ce vendredi. C’était une journée où l’on s’est souhaité beaucoup de choses. La période des vœux bat son plein.

Le président Didier Ratsiraka avait déjà présenté les siens à la Nation, lors d’un discours radio-télévisé, le soir du 31 décembre. Mais depuis, il y a eu la contestation dans les rues, les manifestations en faveur de Marc Ravalomanana, et puis les différents appels adressés à la Haute Cour constitutionnelle pour qu’elle change sa méthode de travail, avant de proclamer les résultats du 1er tour du scrutin. Autant d’événements pour lesquels l’opinion attendait une réaction du chef de l’État.

A Iavoloha, dans son Palais présidentiel, Didier Ratsiraka s’est donc exprimé ce vendredi, à l’occasion de la cérémonie des vœux des corps constitués et du corps diplomatique. Le président s’est montré plus que jamais légaliste. «Nous avons adopté une constitution, un code électoral. Nous avons des lois en vigueur à Madagascar. Qui peut oser aller contre ces lois ?» Une attaque à peine voilée à l’endroit de son adversaire Marc Ravalomanana. Et Didier Ratsiraka de poursuivre : «Je m’en remets, en tant que ce citoyen, à la sagesse de la Haute Cour constitutionnelle, juge électoral par excellence, seule habilitée à proclamer les résultats officiels.» Seul fait nouveau dans la position du président : sa demande à la HCC d’accélérer, «autant que faire se peut», la proclamation des résultats. Tout dépend donc de cette institution. Et visiblement, les militants de Marc Ravalomanana en ont pris leur parti.

Les conseils des Églises chrétiennes

Le maire d’Antananarivo avait invité ses partisans à se rassembler pour la 5ème journée consécutive dans le centre-ville, sur les lieux mêmes des précédentes manifestations, la Place du 13 Mai. Ils étaient près de 100 000, et ensemble, ils ont marché jusqu’au stade municipal de Mahamasina. C’est là qu’était organisé un grand culte œcuménique, présidé par les quatre chefs des Eglises chrétiennes (catholique, réformée, luthérienne et anglicane).

Sur le podium, le cardinal Armand Razafindratandra appelait les fidèles à «suspendre» les manifestations jusqu’à la proclamation officielle des résultats du 1er tour, par la Haute cour constitutionnelle. Un appel qui semait alors le désarroi dans l’assistance. Mais quelques minutes plus tard, le candidat de Tiako i Madagasikara, Marc Ravalomanana, lançait le même appel, applaudi cette fois par la foule. D’après l’AFP, le maire de la capitale aurait suivi les conseils des chefs des Églises chrétiennes, avant de prendre cette décision. Les manifestations sont donc suspendues, mais pas terminées à tenu à rappeler le maire. «Si le résultat [proclamé par la Haute cour, NDLR]n'est pas conforme à nos attentes, nous nous retrouverons à nouveau Place du 13-Mai», a-t-il lancé à ses partisans, avant de quitter le stade. En attendant, Marc Ravalomanana compte se rendre en province pour continuer à mobiliser la population en sa faveur.

En tout cas, le calme semble revenir –au moins provisoirement. Au regard du code électoral, les magistrats de la Haute Cour constitutionnelle ont jusqu’au 28 janvier pour rendre publics les résultats tant attendus.



par Olivier  Péguy

Article publié le 12/01/2002