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Congo démocratique

Panique au pied du volcan

L’éruption du volcan Nyiragongo dans l’est de la RD Congo a enseveli une partie de la ville de Goma et menace maintenant la cité voisine de Gisenyi au Rwanda. Des centaines de milliers de personnes ont fui la zone.
Toute la nuit, le sol a tremblé. Des secousses ressenties à Goma, au pied du volcan, mais aussi à Gisenyi, de l’autre côté de la frontière rwandaise. Des secousses qui témoignent que l’heure du repos n’est pas encore venue pour le volcan Nyiragongo qui vient de connaître son éruption la plus dévastatrice depuis un quart de siècle. Le gouverneur de Gisenyi raconte même que des fissures se sont ouvertes dans le sol de la ville.

Depuis le début de l’éruption, jeudi, plusieurs centaines de milliers de personnes ont fui Goma et sa région, à pied en direction du Rwanda, ou par bateau en direction de Bukavu à travers le lac Kivu. La panique qui s’est emparée des habitants rend la situation désormais critique. Plus de nourriture, les magasins et les marchés sont fermés dans la zone de Gisenyi. L’aide internationale commence seulement à s’organiser et les premières distributions de biscuits énergétiques et d’eau ont eu lieu samedi matin.

Un fleuve de lave d’au moins un kilomètre de large

Durant la nuit, des coups de feu ont été entendus, rapporte la journaliste de RFI présente sur place, Pauline Simonnet. Apparemment, ce sont des pillards qui tentent de profiter de la situation qui auraient été chassés par des hommes en armes.

A Goma, c’est un véritable fleuve de lave large d’au moins un kilomètre qui a traversé la ville, détruisant plusieurs quartiers sur son passage, dans sa longue descente en direction du lac Kivu. Une coulée qui a emporté les habitations, et noyé la ville sous la cendre, la fumée et les effluves de gaz toxiques. Le bilan provisoire fait état de 45 morts mais il pourrait s’alourdir. Sur place, selon les témoins, l’odeur de soufre est partout présente et maintenant la lave encore incandescente déclenche des incendies qui ravagent ce que la coulée n’a pas détruit. Les stocks de kérosène de l’aéroport ont brûlé durant toute la journée de vendredi.

L’inquiétude la plus vive concerne la ville de Gisenyi. La coulée de lave ne se trouve plus qu’à quelques kilomètres des premières habitations. Selon les dernières observations, la coulée aurait ralenti sa course au cours des dernières heures. L’autre danger concerne la santé des sans-abri qui ont tout abandonné pour fuir. Sur place on craint que la diarrhée, le paludisme et le choléra ne fassent leur apparition massive au sein d’un population désormais contrainte de dormir à la belle étoile.

Sur le plan international, Kofi Annan a donné le signal de la mobilisation. Le Secrétaire général de l’ONU vient de dépêcher sur place le coordinateur adjoint pour les situations d’urgence. Les Etats-Unis, de leur côté, vont envoyer une aide d’urgence d’un montant de 500 000 dollars.



par Philippe  Couve

Article publié le 19/01/2002