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Serbie

«<i>La Yougoslavie entend jouer un rôle régional</i>»

Interview avec le ministre des Affaires étrangères de la Fédération yougoslave et chef de l’Alliance civique de Serbie, Goran Svilanovic, proche allié de Zoran Djinjdic est l’un des poids lourds de la nouvelle équipe serbe. Il fait le point sur les perspectives de la diplomatie yougoslave.
RFI: Le procès de Slobodan Milosevic qui va bientôt s’ouvrir à La Haye peut-il contribuer à ce travail de réconciliation?
Goran Svilanovic:
Bien sûr, mais il faut distinguer ce qui relève des relations entre la Yougoslavie et le TPIY (Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie), et des relations entre la Yougoslavie et ses voisins. La coopération avec le TPI nécessite une loi, qui n’a toujours pas pu être adoptée en raison des dissensions au sein de la majorité à laquelle j’appartiens. J’espère qu’elle sera prochainement adoptée. En Yougoslavie même, de plus en plus de gens sont prêts à s’engager dans ce travail de réconciliation.

RFI: Quel bilan tirez-vous des quatorze mois que vous venez de passer à la tête de la diplomatie yougoslave ?
Goran Svilanovic:
Nous avons réussi à remplir une série d’objectifs immédiats, comme la levée des sanctions internationales, le retour de la Yougoslavie dans le concert des nations, et la reprise des relations avec les pays de l’OTAN et nos voisins. Nos objectifs sont maintenant plus clairs et plus ambitieux. Nous voulons intégrer le Conseil de l’Europe, entamer un processus de rapprochement avec l’Union européenne, et avec l’OTAN, dans le cadre du partenariat pour la paix. Notre objectif est d’adhérer un jour à l’Union européenne, mais le processus de rapprochement prendra des années. Pour remplir ces objectifs, plusieurs conditions sont nécessaires, avant tout une normalisation des relations serbo-monténégrines, mais aussi une stabilité politique à l’intérieur même de la Serbie. Les réformes nécessaires doivent être envisagées dans tous leurs aspects, pas seulement économiques. Elles doivent toucher l’ensemble de la société, la police, l’armée, la justice, l’éducation…

RFI: Qu’en est-il des relations serbo-monténégrines ?
Goran Svilanovic:
Aujourd’hui, le problème est moins celui des relations du Monténégro avec la Serbie qu’un débat entre les différentes forces politiques monténégrines. Cependant, l’avenir de la Yougoslavie est la clé essentielle des futures relations régionales. Les autres défis régionaux en dépendent en partie, qu’il s’agisse de l’avenir de la Macédoine, du statut du Kosovo ou du maintien de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine. La Yougoslavie entend jouer un rôle régional, établir des relations équilibrées avec les grandes puissances, mais aussi cultiver ce qui est précieux dans son héritage, comme les relations privilégiées avec les pays du tiers-monde.

RFI: L’opposition démocratique de Serbie (DOS) pourra-t-elle rester unie ?
Goran Svilanovic:
Lors de chute de Slobodan Milosevic, que bien peu d’observateurs étrangers avaient prévu, la DOS recouvrait l’ensemble du spectre politique et social du pays. Il est normal que des dissensions apparaissent peu à peu, et que la vie politique serbe se réorganiser autour de plusieurs pôles.

RFI: Quel rôle peut jouer l’Union européenne ?
Goran Svilanovic:
L’Union européenne est aujourd’hui le grand bailleur de fonds de toute la région. Tous nos pays sont en situation de dépendance par rapport à l’Union, mais mon message est qu’il faudrait qu’elle cesse de n’être qu’un payeur, pour devenir aussi un acteur du jeu politique. L’Union européenne a laissé passé une chance historique d’intervenir positivement dans la région, en 1991-1992. Aujourd’hui, nous espérons qu’elle pourra jouer un rôle constructif.



par Propos recueillis par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 21/01/2002