Congo démocratique
Retour massif des réfugiés
Des centaines de milliers d’habitants sont retournés à Goma depuis samedi, bravant ainsi la colère du Nyiragongo dont la lave continue de se déverser dans le lac Kivu et dans les quartiers. L’électricité et l’eau ont déjà été rétablies. Mais cette eau n’est peut-être pas potable et la population, qui commence à souffrir de déshydratation, se résout souvent à boire l’eau du lac Kivu où continuent de se déverser des tonnes de laves.
De notre envoyé spécial à Goma
Les agences humanitaires sont désorientées. Alors qu’elles s’étaient préparées à distribuer leur aide dans des camps au Rwanda avec la collaboration empressée de Kigali et de son mouvement armé en République Démocratique du Congo, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Goma (RCD-Goma), les réfugiés congolais en ont décidé autrement.
Dimanche, presque tous ceux qui avaient fui au Rwanda voisin depuis jeudi, soit environ 250 000 personnes, sont rentrés à Goma, bravant les tremblements de terre et la colère du Nyiragongo. Une nouvelle irruption s’est en effet déclarée dimanche sur la rive Nord du Volcan, en direction de Rutchuru.
C’est un spectacle impressionnant de voir ces familles retourner dans une ville encore toute fumante et franchir en courant les larges coulées de lave encore chaudes qui séparent désormais Goma en deux, pour retrouver leurs maisons et leur famille. «Dites bien que nous ne voulons pas des Rwandais ni du Rassemblement Congolais pour la Démocratie. Nous avons besoin d’aide de Kinshasa», disent ceux qui reviennent aux journalistes et aux humanitaires qui s’aventurent en ville. «Le Rwanda et le RCD-Goma sont des envahisseurs !», rappellent-ils en cœur.
Ainsi cette nouvelle catastrophe ne fait que confirmer aux yeux des congolais le désarroi dans lequel ils sont tombés depuis la prise de Goma par le Rwanda en 1996, puis 1998. La colère du Nyiragongo a en quelque sorte réveillée celle des habitants de Goma. A en croire les Congolais qui retournent du Rwanda, seuls ceux d’entre eux –environ 6 000 personnes– qui ont accepté de se rendre dans l’un des deux camps de réfugiés proposés par les autorités rwandaises ont reçu depuis jeudi de l’aide humanitaire. Les autres n’ont reçu aucun secours, pas même de l’eau, dénoncent-ils.
Cependant, Goma avait commencé à être pillée, dès jeudi soir, par des militaires du RCD-Goma, révèle la Mission d’Observation des Nations Unies en République Démocratique du Congo. Raison de plus, aux yeux des personnes qui avaient fui au Rwanda, pour retourner rapidement chez eux.
Des lors les agences humanitaires ont dû tourner leur veste. Depuis Kigali elles se déversent sur Goma. Des sites de distribution de vivres et de médicaments ont commencé à être mis en place; avec beaucoup de retard dans plusieurs fusion.
Les pillages ont baissé
Les premières victimes des coulées de laves ont été enregistrées lundi matin : Des dizaines de «Kadhafi» –le surnom donné à Goma aux revendeurs d’essence– tentaient de siphonner une station d’essence épargnée de peu par une coulée de lave et abandonnée dans le centre ville. Selon Azarias Ruberwa, le secrétaire général du RCD Goma de l’essence se serait écoulée jusqu’à la lave. Plus de 60 personnes sont mortes calcinées.
Les pillages ont cependant baissé. Très rapidement la vie reprend ses droits. Les enfants se font peur en courant sur la lave, les familles retrouvent avec joie leurs proches, Le RCD-Goma envisage d’installer tous ceux qui ont perdu leurs maisons à l’extérieur de la ville dans ce qui pourrait devenir bientôt de nouveaux quartiers.
Les sans-abri se comptent par dizaines de milliers. Beaucoup ont absolument tout perdu. «Nous, les Congolais, nous sauront reconstruire nous-même notre maison. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de manger et de boire», souligne Jean-Bosco, un vieil homme s’exprimant dans un français impeccable et à qui il ne reste, comme bien d’autres, qu’une chemise, une culotte, un pantalon.
A écouter :
Gabriel Kahn
Invité de la rédaction de RFI, le 21/01/2002 au micro de Philippe Cergel.
Témoignage d'un jeune habitant de Goma
Il a quitté Gisényi en traversant une coulée de lave pour rejoindre sa ville. Il a laissé sa famille coté Rwanda. Il raconte pourquoi il a fait ce périple dangereux au micro de Gabriel Kahn.
Les agences humanitaires sont désorientées. Alors qu’elles s’étaient préparées à distribuer leur aide dans des camps au Rwanda avec la collaboration empressée de Kigali et de son mouvement armé en République Démocratique du Congo, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Goma (RCD-Goma), les réfugiés congolais en ont décidé autrement.
Dimanche, presque tous ceux qui avaient fui au Rwanda voisin depuis jeudi, soit environ 250 000 personnes, sont rentrés à Goma, bravant les tremblements de terre et la colère du Nyiragongo. Une nouvelle irruption s’est en effet déclarée dimanche sur la rive Nord du Volcan, en direction de Rutchuru.
C’est un spectacle impressionnant de voir ces familles retourner dans une ville encore toute fumante et franchir en courant les larges coulées de lave encore chaudes qui séparent désormais Goma en deux, pour retrouver leurs maisons et leur famille. «Dites bien que nous ne voulons pas des Rwandais ni du Rassemblement Congolais pour la Démocratie. Nous avons besoin d’aide de Kinshasa», disent ceux qui reviennent aux journalistes et aux humanitaires qui s’aventurent en ville. «Le Rwanda et le RCD-Goma sont des envahisseurs !», rappellent-ils en cœur.
Ainsi cette nouvelle catastrophe ne fait que confirmer aux yeux des congolais le désarroi dans lequel ils sont tombés depuis la prise de Goma par le Rwanda en 1996, puis 1998. La colère du Nyiragongo a en quelque sorte réveillée celle des habitants de Goma. A en croire les Congolais qui retournent du Rwanda, seuls ceux d’entre eux –environ 6 000 personnes– qui ont accepté de se rendre dans l’un des deux camps de réfugiés proposés par les autorités rwandaises ont reçu depuis jeudi de l’aide humanitaire. Les autres n’ont reçu aucun secours, pas même de l’eau, dénoncent-ils.
Cependant, Goma avait commencé à être pillée, dès jeudi soir, par des militaires du RCD-Goma, révèle la Mission d’Observation des Nations Unies en République Démocratique du Congo. Raison de plus, aux yeux des personnes qui avaient fui au Rwanda, pour retourner rapidement chez eux.
Des lors les agences humanitaires ont dû tourner leur veste. Depuis Kigali elles se déversent sur Goma. Des sites de distribution de vivres et de médicaments ont commencé à être mis en place; avec beaucoup de retard dans plusieurs fusion.
Les pillages ont baissé
Les premières victimes des coulées de laves ont été enregistrées lundi matin : Des dizaines de «Kadhafi» –le surnom donné à Goma aux revendeurs d’essence– tentaient de siphonner une station d’essence épargnée de peu par une coulée de lave et abandonnée dans le centre ville. Selon Azarias Ruberwa, le secrétaire général du RCD Goma de l’essence se serait écoulée jusqu’à la lave. Plus de 60 personnes sont mortes calcinées.
Les pillages ont cependant baissé. Très rapidement la vie reprend ses droits. Les enfants se font peur en courant sur la lave, les familles retrouvent avec joie leurs proches, Le RCD-Goma envisage d’installer tous ceux qui ont perdu leurs maisons à l’extérieur de la ville dans ce qui pourrait devenir bientôt de nouveaux quartiers.
Les sans-abri se comptent par dizaines de milliers. Beaucoup ont absolument tout perdu. «Nous, les Congolais, nous sauront reconstruire nous-même notre maison. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de manger et de boire», souligne Jean-Bosco, un vieil homme s’exprimant dans un français impeccable et à qui il ne reste, comme bien d’autres, qu’une chemise, une culotte, un pantalon.
A écouter :
Gabriel Kahn
Invité de la rédaction de RFI, le 21/01/2002 au micro de Philippe Cergel.
Témoignage d'un jeune habitant de Goma
Il a quitté Gisényi en traversant une coulée de lave pour rejoindre sa ville. Il a laissé sa famille coté Rwanda. Il raconte pourquoi il a fait ce périple dangereux au micro de Gabriel Kahn.
par Gabriel Kahn
Article publié le 21/01/2002