Argent sale
Le Luxembourg, paradis bancaire et judiciaire
Luxembourg, son palais Grand Ducal, sa cathédrale, son paradis fiscal et bancaire prospère. La mission parlementaire française sur le blanchiment des capitaux en Europe dénonce le Luxembourg pour son manque d’ardeur dans la lutte contre l’argent sale.
Le Grand-Duché du Luxembourg, place financière de premier rang en Europe est aussi, selon Arnaud Montebourg, rapporteur de la mission parlementaire, un paradis fiscal, un paradis financier et bancaire et, aggravant son cas, un paradis judiciaire. Après Monaco, le Liechtenstein, la Suisse et le Royaume-Uni, les parlementaires français dressent un tableau peu élogieux de la place financière luxembourgeoise.
Des «affaires» récentes, telles les révélations sur les sociétés financières Clearstream ou PanEurolife ont mis en lumière les opportunités du système financier luxembourgeois dans la fraude fiscale ou le blanchiment d’argent sale. Pour François d’Aubert, membre de la mission, le Luxembourg ne doit qu’à son appartenance à l’Union européenne de ne pas se retrouver sur la liste noire stigmatisant les pays accueillants au blanchiment. Certes, relativise le président Vincent Peillon, des progrès ont été accomplis sous la pression internationale, mais ils sont notoirement insuffisants au regard de la politique européenne de lutte contre les pratiques financières délictueuses.
Des banquiers peu soupçonneux
Paradis fiscal, le Grand-Duché l’est de toute évidence par sa législation conçue pour attirer les capitaux. D’ailleurs ce pays résiste dans les instances européennes à l’harmonisation de la fiscalité de l’épargne. La croissance exceptionnelle du PIB, de l’ordre de 7% par an, essentiellement due à la prospérité du secteur financier y est probablement pour beaucoup. Quant aux 12 000 holdings qui y sont domiciliées, elles sont, pour Arnaud Montebourg, des sociétés-écrans, sans contrôle, engageant ainsi la responsabilité du gouvernement.
De plus, les pratiques bancaires au Luxembourg tournent ou ignorent les lois qui favoriseraient la lutte contre le blanchiment. Le secret bancaire y est particulièrement bien organisé et les banquiers «peu enclins», c’est un euphémisme, aux déclarations de soupçons de transactions frauduleuses. Le Gafi, groupe d’action financière contre le blanchiment des capitaux, a condamné, déjà, l’attitude du Luxembourg en ce domaine.
Enfin, le Grand-Duché serait aussi un paradis judiciaire en ce que les autorités judiciaires luxembourgeoises refusent de coopérer avec les autres pays dans la répression contre l’argent sale. Les magistrats et les policiers européens se plaignent du manque de collaboration, voire de la mauvaise volonté évidente de leurs homologues luxembourgeois. Et, on ne compte plus les commissions rogatoires internationales non exécutées, ni les voies de recours interminables. En ce qui concerne Clearstream, Vincent Peillon a la conviction que « les autorités judiciaires n’ont pas tout fait pour parvenir à la vérité ». La situation est telle que les membres de la mission se sont entendus dire par un témoin : «Le Luxembourg, c’est les îles Caïman, moins le soleil».
Ecoutez également:
Denis Robert, journaliste, a enquêté sur la société Clearstream, au Luxembourg (22/01/02, 8'50")
Des «affaires» récentes, telles les révélations sur les sociétés financières Clearstream ou PanEurolife ont mis en lumière les opportunités du système financier luxembourgeois dans la fraude fiscale ou le blanchiment d’argent sale. Pour François d’Aubert, membre de la mission, le Luxembourg ne doit qu’à son appartenance à l’Union européenne de ne pas se retrouver sur la liste noire stigmatisant les pays accueillants au blanchiment. Certes, relativise le président Vincent Peillon, des progrès ont été accomplis sous la pression internationale, mais ils sont notoirement insuffisants au regard de la politique européenne de lutte contre les pratiques financières délictueuses.
Des banquiers peu soupçonneux
Paradis fiscal, le Grand-Duché l’est de toute évidence par sa législation conçue pour attirer les capitaux. D’ailleurs ce pays résiste dans les instances européennes à l’harmonisation de la fiscalité de l’épargne. La croissance exceptionnelle du PIB, de l’ordre de 7% par an, essentiellement due à la prospérité du secteur financier y est probablement pour beaucoup. Quant aux 12 000 holdings qui y sont domiciliées, elles sont, pour Arnaud Montebourg, des sociétés-écrans, sans contrôle, engageant ainsi la responsabilité du gouvernement.
De plus, les pratiques bancaires au Luxembourg tournent ou ignorent les lois qui favoriseraient la lutte contre le blanchiment. Le secret bancaire y est particulièrement bien organisé et les banquiers «peu enclins», c’est un euphémisme, aux déclarations de soupçons de transactions frauduleuses. Le Gafi, groupe d’action financière contre le blanchiment des capitaux, a condamné, déjà, l’attitude du Luxembourg en ce domaine.
Enfin, le Grand-Duché serait aussi un paradis judiciaire en ce que les autorités judiciaires luxembourgeoises refusent de coopérer avec les autres pays dans la répression contre l’argent sale. Les magistrats et les policiers européens se plaignent du manque de collaboration, voire de la mauvaise volonté évidente de leurs homologues luxembourgeois. Et, on ne compte plus les commissions rogatoires internationales non exécutées, ni les voies de recours interminables. En ce qui concerne Clearstream, Vincent Peillon a la conviction que « les autorités judiciaires n’ont pas tout fait pour parvenir à la vérité ». La situation est telle que les membres de la mission se sont entendus dire par un témoin : «Le Luxembourg, c’est les îles Caïman, moins le soleil».
Ecoutez également:
Denis Robert, journaliste, a enquêté sur la société Clearstream, au Luxembourg (22/01/02, 8'50")
par Francine Quentin
Article publié le 22/01/2002