Etats-Unis
Bush: «notre guerre ne fait que commencer»
Dans son premier discours sur l’état de l’Union, le président américain a promis de gagner la guerre contre le terrorisme, protéger la patrie, et relancer l’économie. Il s’est montré menaçant à l’égard d’un «axe de la terreur» comprenant l’Irak, la Corée du Nord et l’Iran, accusés de se doter d’armes de destruction massives.
De notre correspondant à New York
Dès les premiers mots, George Bush a insufflé un sentiment d’urgence. «Alors que nous nous réunissons ce soir, notre nation est en guerre, notre économie est en récession, et le monde civilisé fait face à des dangers sans précédent» a averti le président. Son discours sur l’état de l’Union, un rendez-vous traditionnel de la politique américaine, se voulait combatif sur tous ces fronts, à commencer par celui du terrorisme. George Bush a promis de pourchasser à travers le monde les dizaines de milliers de terroristes qui continuent à menacer les Etats-Unis, tels des «bombes à retardement, programmées pour exploser sans crier gare». Selon lui, l’armée américaine a mis la main sur des plans sur lesquels figurent des centrales nucléaires américaines, des réserves d’eau, ainsi que des plans pour fabriquer des armes chimiques.
George Bush s’adressait à la nation depuis le Capitole, souvent interrompu par des tonnerres d’applaudissement. Il s’était pour l’occasion entouré de la First Lady Laura, du chef du gouvernement intérimaire afghan, Hamid Karzaï, et de quelques Américains censés incarner cet esprit patriotique dont il a chanté les louanges: la veuve de Johnny Spann, un agent de la CIA tué en Afghanistan, ainsi que Christina Jones et Hermis Moutardier, les hôtesses de l’air qui ont sauvé l'équipage du vol Paris-Miami du 22 décembre, alors que Richard Reid tentait de faire exploser ses chaussures piégées.
«L’axe du mal: Iran, Irak, Corée du Nord»
«Notre guerre contre le terrorisme ne fait que commencer», a averti le président, avant d’employer des termes particulièrement virulents pour mettre en garde trois pays en particulier: l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord. Les accusants d’appartenir à un «axe du mal», le président a promis de ne pas les laisser se doter des armes de destruction massive que ces pays tentent selon lui de mettre au point: «Les Etats-Unis ne permettront pas aux régimes les plus dangereux du monde de nous menacer avec les armes les plus dangereuses du monde». S’agissait-il de préparer l’opinion mondiale à de nouvelles opérations militaires contre ces pays? La réponse ne devrait pas tarder. «Le temps ne joue pas en notre faveur», a expliqué George Bush, promettant de «ne pas rester là sans rien faire, alors que les dangers ne cessent de se rapprocher».
Pour preuve, il a tenu à rappeler que les troupes américaines avaient pris pied aux Philippines pour aider le gouvernement dans sa lutte contre les terroristes. De même, a-t-il souligné, l’US Navy patrouille les eaux au large de la Somalie à la recherche de bateaux transportant des armes ou des terroristes en quête de refuge. George Bush a aussi promis de mettre au jour les réseaux terroristes et les camps d’entraînement dans une douzaine de pays, dont la Bosnie et la Somalie. Les Etats-Unis sont prêts à aider ces pays à se débarasser du terrorisme, a-t-il dit, mais «s’ils n’agissent pas, l’Amérique le fera». «Nous n’avons pas l’intention d’imposer notre culture» a assuré George Bush, soucieux de jeter les bases de l’idéologie qui guide son action à l’extérieur, tout en affirmant des valeurs selon lui universelles comme le respect de la loi, des femmes, de la propriété, de la liberté d’expression, d’une justice équitable ou de la tolérance religieuse.
Le grand absent de ce discours sur le terrorisme est Oussama Ben Laden, dont pas une fois le nom n’a été prononcé. Le fait que les services de renseignement américains n’aient aucune idée de ce qu’est devenu l’instigateur supposé des attentats du 11 septembre est une source de frustration pour les membres du Congrès. Sur un autre dossier gênant pour son administration, le président est resté très allusif. Il n’a pas prononcé le nom d’Enron, géant de l’énergie ayant déclaré la plus grave faillite de l’histoire américaine après des irrégularités comptables qui ont coûté aux employés leur travail et souvent leur retraite. Le patron d’Enron étant un ami personnel et un généreux financier, George Bush s’est contenté de proposer une révision des systèmes de retraite et d’appeler à des contrôles plus stricts en matière d’audits financiers.
«Nous allons remporter la guerre, et nous allons battre cette récession» a affirmé George Bush, se rappelant peut-être que son père, pourtant au plus haut dans les sondages après la guerre contre l’Irak, avait perdu les élections sur le dossier économique. Bush junior n’est pourtant pas allé beaucoup plus loin sur cette voie, se contentant de promettre des emplois sans expliquer comment les créer. Sur le dossier de la baisse des impôts, Bush persiste. «Pour le bien de la croissance à long terme, et pour aider les américains à planifier leur futur, rendont ces réductions d’impôts permanentes», a demandé le président au Congrès. Il a également appelé de nouveau à considérablement augmenter les budgets de l’armée. Inspiré par l’élan civique né de la guerre contre le terrorisme, le président a également encouragé chaque américain à consacrer deux ans de sa vie ou 4 000 heures de travail à des activités de volontariat. «Nous pouvons triompher du mal en faisant encore plus le bien», a-t-il assuré.
Comme c’est la tradition, la réponse des Démocrates a suivi l’allocution présidentielle de quelques minutes. Le leader de l’oppositon à la chambre des représentants Dick Gephardt s’est attaché à manifester sa différence sur les dossiers de politique intérieure. Il s’est en revanche rallié au président sur le thème de la guerre contre le terrorisme, quitte à curieusement le parodier par cette mise en garde adressée aux terroristes: «Ne vous y trompez pas. Nous allons vous pourchasser et vous faire payer». Sa façon a lui de célébrer l’unité de l’Union.
Dès les premiers mots, George Bush a insufflé un sentiment d’urgence. «Alors que nous nous réunissons ce soir, notre nation est en guerre, notre économie est en récession, et le monde civilisé fait face à des dangers sans précédent» a averti le président. Son discours sur l’état de l’Union, un rendez-vous traditionnel de la politique américaine, se voulait combatif sur tous ces fronts, à commencer par celui du terrorisme. George Bush a promis de pourchasser à travers le monde les dizaines de milliers de terroristes qui continuent à menacer les Etats-Unis, tels des «bombes à retardement, programmées pour exploser sans crier gare». Selon lui, l’armée américaine a mis la main sur des plans sur lesquels figurent des centrales nucléaires américaines, des réserves d’eau, ainsi que des plans pour fabriquer des armes chimiques.
George Bush s’adressait à la nation depuis le Capitole, souvent interrompu par des tonnerres d’applaudissement. Il s’était pour l’occasion entouré de la First Lady Laura, du chef du gouvernement intérimaire afghan, Hamid Karzaï, et de quelques Américains censés incarner cet esprit patriotique dont il a chanté les louanges: la veuve de Johnny Spann, un agent de la CIA tué en Afghanistan, ainsi que Christina Jones et Hermis Moutardier, les hôtesses de l’air qui ont sauvé l'équipage du vol Paris-Miami du 22 décembre, alors que Richard Reid tentait de faire exploser ses chaussures piégées.
«L’axe du mal: Iran, Irak, Corée du Nord»
«Notre guerre contre le terrorisme ne fait que commencer», a averti le président, avant d’employer des termes particulièrement virulents pour mettre en garde trois pays en particulier: l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord. Les accusants d’appartenir à un «axe du mal», le président a promis de ne pas les laisser se doter des armes de destruction massive que ces pays tentent selon lui de mettre au point: «Les Etats-Unis ne permettront pas aux régimes les plus dangereux du monde de nous menacer avec les armes les plus dangereuses du monde». S’agissait-il de préparer l’opinion mondiale à de nouvelles opérations militaires contre ces pays? La réponse ne devrait pas tarder. «Le temps ne joue pas en notre faveur», a expliqué George Bush, promettant de «ne pas rester là sans rien faire, alors que les dangers ne cessent de se rapprocher».
Pour preuve, il a tenu à rappeler que les troupes américaines avaient pris pied aux Philippines pour aider le gouvernement dans sa lutte contre les terroristes. De même, a-t-il souligné, l’US Navy patrouille les eaux au large de la Somalie à la recherche de bateaux transportant des armes ou des terroristes en quête de refuge. George Bush a aussi promis de mettre au jour les réseaux terroristes et les camps d’entraînement dans une douzaine de pays, dont la Bosnie et la Somalie. Les Etats-Unis sont prêts à aider ces pays à se débarasser du terrorisme, a-t-il dit, mais «s’ils n’agissent pas, l’Amérique le fera». «Nous n’avons pas l’intention d’imposer notre culture» a assuré George Bush, soucieux de jeter les bases de l’idéologie qui guide son action à l’extérieur, tout en affirmant des valeurs selon lui universelles comme le respect de la loi, des femmes, de la propriété, de la liberté d’expression, d’une justice équitable ou de la tolérance religieuse.
Le grand absent de ce discours sur le terrorisme est Oussama Ben Laden, dont pas une fois le nom n’a été prononcé. Le fait que les services de renseignement américains n’aient aucune idée de ce qu’est devenu l’instigateur supposé des attentats du 11 septembre est une source de frustration pour les membres du Congrès. Sur un autre dossier gênant pour son administration, le président est resté très allusif. Il n’a pas prononcé le nom d’Enron, géant de l’énergie ayant déclaré la plus grave faillite de l’histoire américaine après des irrégularités comptables qui ont coûté aux employés leur travail et souvent leur retraite. Le patron d’Enron étant un ami personnel et un généreux financier, George Bush s’est contenté de proposer une révision des systèmes de retraite et d’appeler à des contrôles plus stricts en matière d’audits financiers.
«Nous allons remporter la guerre, et nous allons battre cette récession» a affirmé George Bush, se rappelant peut-être que son père, pourtant au plus haut dans les sondages après la guerre contre l’Irak, avait perdu les élections sur le dossier économique. Bush junior n’est pourtant pas allé beaucoup plus loin sur cette voie, se contentant de promettre des emplois sans expliquer comment les créer. Sur le dossier de la baisse des impôts, Bush persiste. «Pour le bien de la croissance à long terme, et pour aider les américains à planifier leur futur, rendont ces réductions d’impôts permanentes», a demandé le président au Congrès. Il a également appelé de nouveau à considérablement augmenter les budgets de l’armée. Inspiré par l’élan civique né de la guerre contre le terrorisme, le président a également encouragé chaque américain à consacrer deux ans de sa vie ou 4 000 heures de travail à des activités de volontariat. «Nous pouvons triompher du mal en faisant encore plus le bien», a-t-il assuré.
Comme c’est la tradition, la réponse des Démocrates a suivi l’allocution présidentielle de quelques minutes. Le leader de l’oppositon à la chambre des représentants Dick Gephardt s’est attaché à manifester sa différence sur les dossiers de politique intérieure. Il s’est en revanche rallié au président sur le thème de la guerre contre le terrorisme, quitte à curieusement le parodier par cette mise en garde adressée aux terroristes: «Ne vous y trompez pas. Nous allons vous pourchasser et vous faire payer». Sa façon a lui de célébrer l’unité de l’Union.
par Philippe Bolopion
Article publié le 30/01/2002