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Eglise catholique

Le train du Pape

Jean-Paul II, qui préside ce jeudi la rencontre interreligieuse d’Assise, s’y rend en train. Embarquement en gare du Vatican.
De notre correspondante à Rome

Peu de gens le savent mais le Vatican possède sa propre gare depuis les accords de Latran (11 février 1929) qui régissent les relations entre l’État italien et le Saint-Siège. Située entre la place Saint -Marthe et le Palais du gouvernement, cette petite gare qui est entree en fonction en 1934 compte parmi ses caractéristiques un grand portail en fer pesant plus de 35 tonnes qui ne s’ouvre que pour laisser passer les trains, l’intérieur projeté par l’architecte Giuseppe Momo fut conçu pour faire de cette gare avant tout un lieu de représentation, comme le prouve le grand salon décoré avec faste.

A l’époque, on pensait en effet que cette gare serait utilisée par une multitude d’illustres voyageurs en particulier durant les jubilés et à l’occasion de grandes ceremonies religieuses et que ce serait le premier lieu de rencontre entre le souverain pontife et ses prestigieux invités. En réalité cette gare n'a jamais vraiment rempli cette fonction. Et l’on compte sur les doigts d’une main le nombre de fois ou un pape l’a utilisée pour un voyage en train.

Si l’on excepte le transport de la depouille de Pie X à Venise, en 1959, la première fois que la gare vaticane a servi pour un voyage papal fut le 4 octobre 1962 lorsque Jean XXIII se rendit en pèlerinage à Assise en Ombrie, et à Lorette en Calabre, la seconde fut pour transporter Jean-Paul II en février 1986 de Naples au Vatican. Cette année-là, l’Italie était paralysée par des tempêtes de neige et l’avion papal en provenance d’Inde avait dû atterrir d’urgence à Naples, l’aéroport de Fiumicino étant ferme pour cause d’intempéries. L’autoroute Naples Rome étant impraticable, il ne restait plus que le train.

Seize ans plus tard, Jean-Paul II a decidé de voyager à nouveau en train, pour se rendre à Assise, la ville de Saint François devenue la capitale du dialogue interreligieux où il a convoqué une journée mondiale de prière pour la paix – la premiere s’était tenue le 27 octobre 1986 – qui rénira des responsables religieux du monde entier, mais il faut savoir que ce train papal est mis à disposition par le gouvernement italien et qu’il n’a rien d’exceptionnel : c’est un intercity composé de sept wagons première classe, qui portent tous les enseignes du Saint-Siege, sans wagon-restaurant selon les souhaits de Jean-Paul II qui a voulu préserver le caractère sobre de son voyage à Assise, un train qui roulera à une vitesse moyenne de 120 km/h.

Un pèlerinage à travers le Latium et l’Ombrie

Rien à voir donc avec le luxueux train présidentiel qui avait été mis à dispostion de Jean XXIII par le gouvernement italien pour son pèlerinage à Assise et Lorette. Ce train était doté d’un salon de representantion de deux chambres à coucher d’un petit bureau transformé en oratoire, de deux salles de bains et d’un wagon transformé en restaurant. Les seuls petits changements qui ont été apportés, comme l’installation de vitres fumées, sont lies aux mesures de securité, assez imposantes puisque le pape et les religieux qui l’accompagneront seront protégés par une trentaine de policiers tandis qu’un helicoptère survolera le train tout au long du trajet (environ 200 km) dès son depart en gare du Vatican.

Cette gare sert essentiellement au transport de marchandises à destination de l’État du Vatican lequel possède, sa propre poste, son propre surpermarché, sa propre pharmacie. Jean-Paul II, explique le vaticaniste Marco Politi, a toujours préféré voyager en avion ou en hélicoptère - le Vatican possède également son propre héliport- hélicoptère qu’il utilise même pour se rendre dans la résidence d'été papale de Castelgandolfo, à 30 km de Rome, et qui est mis à disposition du Saint-Siège, par l'armée de l'air italienne.

Mais cette fois-ci son choix a été guidé par le fait que le souverain pontife voulait être dès le départ aux côtés de ses frères chrétiens ou d’autres religions – bouddhiste, juive, musulmane, shintoïste, sikh, zoroastrienne – et donner à son voyage le caractère d’un lent pèlerinage à travers la campagne du Latium et de l’Ombrie.

Ecouter également
Le cardinal Roger Etchegaray, membre de la curie romaine, c'est à dire au gouvernement de l'église catholique du Vatican.
(L'Invité du matin, Arnaud Pontus, 24/01/2002, 7'30")



par Anne  Le Nir

Article publié le 23/01/2002