Congo démocratique
Le dialogue des belligérants à Genève
Le 25 février prochain à Sun City en Afrique du sud, les Congolais de tous bords se retrouveront pour parler de leur pays et peut-être pour mettre fin à la guerre qui divise le pays depuis six ans maintenant. En attendant, le gouvernement de Kinshasa invite à Genève les rébellions armées pour des négociations préliminaires.
Le dialogue inter-congolais préconisé par les Accords de Lusaka de 1999, n’a encore jamais pu se tenir comme prévu. En revanche de capitale en capitale des réunions préliminaires se tiennent. On y discute de ce qu’on doit se dire. Le «facilitateur» désigné, l’ancien président du Botswana, Ketumile Masire, pense néanmoins qu’il tient aujourd’hui le bon bout. La rencontre de Sun City devrait être un aboutissement. Addis-Abeba, Gaborone, Cotonou, Abuja et bien d’autres métropoles africaines ont accueilli les Congolais qui voulaient se parler sur des terrains neutres. Il s’agissait essentiellement de fixer le nombre des participants, ou tout simplement de se faire reconnaître comme interlocuteur ayant son mot à dire pour l’avenir de la République démocratique du Congo. Toutes ces rencontres ont connu des fortunes diverses, qualifiées de succès ou d’échecs par les uns et les autres.
Les capitales européennes ont également été sollicitées pour accueillir les Congolais dans leur soif de dialogue. A Bruxelles, capitale de l'ex-puissance coloniale, la Belgique, les Congolais s’y sont rendus tout simplement parce qu’elle est le siège de l’Union européenne. Toutes les initiatives prises par le gouvernement belge sont soupçonnées de cacher un jeu qui ne profiterait qu’à la seule ex-puissance coloniale. Il n’empêche que de nombreux Congolais y vivent, et que d’un point de vue pratique, Bruxelles peut être un centre de rencontre pour les Congolais vivant en Europe. C’est d’ailleurs à Bruxelles que l’opposition extérieure non armée, ou encore des représentants de la diaspora congolaise se sont donnés rendez-vous les 2 et 3 février pour désigner leurs représentant qui occuperont les cinq sièges qui leur ont été accordés par les belligérants «armés».
Dialogue et légitimité
«Nous sommes sous-représentés» disent les Congolais de la diaspora, surtout vivant en Europe et ailleurs dans le monde. Ils s’insurgent également contre «la loi de ceux qui ont pris les armes et qui tuent le peuple». Dans leur rang on discute déjà de la période transitoire et de l’institution du «Président de la république». Mais pour d’autres contestataires, cette attitude revient à mettre la charrue avant les bœufs. Preuve s’il en est, selon eux, que ce traitement du dossier congolais porte en lui les germes de son échec. Kadima wa Kadima Luse du Forum des démocrates pour le renouveau, groupe d’opposants vivant en France et en Europe, défend, pour sa part une ligne selon laquelle «ceux qui se battent et qui se sont répartis des portions du pays, doivent d’abord se mettre d’accord entre eux avant que ceux qui n’ont pas d’armes à feu à exhiber se mêlent au jeu».
Aussi, nombreux sont les Congolais de la diaspora qui se satisfont de la rencontre de Genève, qui débute le 4 février pour une durée de quatre jours, entre les belligérants. Cette rencontre, à l’initiative du gouvernement de Kinshasa, a reçu l’accord de participation des rébellions armées. Elles se sont rendues à Genève, mais avec la ferme intention de ne rien faire qui pourrait être assimilé à un processus parallèle à celui de Lusaka. Pour Kinkiey Mulumba, du RCD-Goma (Rassemblement congolais pour la démocratie), «la rencontre de Genève, n’a aucune raison d’être, mais nous avons comme principe de ne jamais décliner une invitation. Il est heureux que des Congolais se parlent». En revanche la délégation du RCD, comme toutes les autres se refuse à engager des discussions sur des questions de fond, parce que tout projet pour le Congo doit émaner du dialogue inter-congolais, prévu par les Accords de Lusaka et qui se tiendra le 25 février à Sun City en Afrique du sud. Il apparaît désormais évident pour toutes les parties prenantes dans le conflit congolais que toute légitimité en République démocratique du Congo ne peut sortir aujourd’hui que du dialogue inter-congolais. Or pour certains groupes et mouvements politiques «l’heure est au débat constructif». Cette stratégie consiste à définir avant le dialogue, un consensus qui tiendra lieu de programme commun à défendre, pour éviter l’émiettement et la récupération par les «gros bras» que sont , le gouvernement de Kinshasa, le MLC (Mouvement de libération du Congo) et le RCD.
C’est aussi pour prévenir un éventuel échec du dialogue inter-congolais que les ministres des Affaires étrangères français et britannique, Hubert Védrine et Jack Straw, ont récemment mené une mission commune dans les pays des Grands lacs, engagés dans le conflit congolais. Ils ont surtout cherché à montrer l’intérêt que porte l’Europe à cette partie du continent africain en proie à une instabilité militaire. Pour les Congolais ce geste constitue une reconnaissance de l’occupation de leur pays et le pillage dont il fait l’objet. Cette diplomatie active a relégué au second plan les démarches politiques de la Belgique, pourtant ancienne puissance coloniale de la république démocratique du Congo, du Rwanda et du Burundi. Louis Michel, le ministre belge des Affaires étrangères, cherchant à reprendre l’initiative, s’est rendu en RDC, multipliant les rencontres. Un regain d’intérêt que le gouvernement congolais apprécie, mais qui réunit tous les autres mouvements politiques et d’opposition dans un rejet unanime.
Les capitales européennes ont également été sollicitées pour accueillir les Congolais dans leur soif de dialogue. A Bruxelles, capitale de l'ex-puissance coloniale, la Belgique, les Congolais s’y sont rendus tout simplement parce qu’elle est le siège de l’Union européenne. Toutes les initiatives prises par le gouvernement belge sont soupçonnées de cacher un jeu qui ne profiterait qu’à la seule ex-puissance coloniale. Il n’empêche que de nombreux Congolais y vivent, et que d’un point de vue pratique, Bruxelles peut être un centre de rencontre pour les Congolais vivant en Europe. C’est d’ailleurs à Bruxelles que l’opposition extérieure non armée, ou encore des représentants de la diaspora congolaise se sont donnés rendez-vous les 2 et 3 février pour désigner leurs représentant qui occuperont les cinq sièges qui leur ont été accordés par les belligérants «armés».
Dialogue et légitimité
«Nous sommes sous-représentés» disent les Congolais de la diaspora, surtout vivant en Europe et ailleurs dans le monde. Ils s’insurgent également contre «la loi de ceux qui ont pris les armes et qui tuent le peuple». Dans leur rang on discute déjà de la période transitoire et de l’institution du «Président de la république». Mais pour d’autres contestataires, cette attitude revient à mettre la charrue avant les bœufs. Preuve s’il en est, selon eux, que ce traitement du dossier congolais porte en lui les germes de son échec. Kadima wa Kadima Luse du Forum des démocrates pour le renouveau, groupe d’opposants vivant en France et en Europe, défend, pour sa part une ligne selon laquelle «ceux qui se battent et qui se sont répartis des portions du pays, doivent d’abord se mettre d’accord entre eux avant que ceux qui n’ont pas d’armes à feu à exhiber se mêlent au jeu».
Aussi, nombreux sont les Congolais de la diaspora qui se satisfont de la rencontre de Genève, qui débute le 4 février pour une durée de quatre jours, entre les belligérants. Cette rencontre, à l’initiative du gouvernement de Kinshasa, a reçu l’accord de participation des rébellions armées. Elles se sont rendues à Genève, mais avec la ferme intention de ne rien faire qui pourrait être assimilé à un processus parallèle à celui de Lusaka. Pour Kinkiey Mulumba, du RCD-Goma (Rassemblement congolais pour la démocratie), «la rencontre de Genève, n’a aucune raison d’être, mais nous avons comme principe de ne jamais décliner une invitation. Il est heureux que des Congolais se parlent». En revanche la délégation du RCD, comme toutes les autres se refuse à engager des discussions sur des questions de fond, parce que tout projet pour le Congo doit émaner du dialogue inter-congolais, prévu par les Accords de Lusaka et qui se tiendra le 25 février à Sun City en Afrique du sud. Il apparaît désormais évident pour toutes les parties prenantes dans le conflit congolais que toute légitimité en République démocratique du Congo ne peut sortir aujourd’hui que du dialogue inter-congolais. Or pour certains groupes et mouvements politiques «l’heure est au débat constructif». Cette stratégie consiste à définir avant le dialogue, un consensus qui tiendra lieu de programme commun à défendre, pour éviter l’émiettement et la récupération par les «gros bras» que sont , le gouvernement de Kinshasa, le MLC (Mouvement de libération du Congo) et le RCD.
C’est aussi pour prévenir un éventuel échec du dialogue inter-congolais que les ministres des Affaires étrangères français et britannique, Hubert Védrine et Jack Straw, ont récemment mené une mission commune dans les pays des Grands lacs, engagés dans le conflit congolais. Ils ont surtout cherché à montrer l’intérêt que porte l’Europe à cette partie du continent africain en proie à une instabilité militaire. Pour les Congolais ce geste constitue une reconnaissance de l’occupation de leur pays et le pillage dont il fait l’objet. Cette diplomatie active a relégué au second plan les démarches politiques de la Belgique, pourtant ancienne puissance coloniale de la république démocratique du Congo, du Rwanda et du Burundi. Louis Michel, le ministre belge des Affaires étrangères, cherchant à reprendre l’initiative, s’est rendu en RDC, multipliant les rencontres. Un regain d’intérêt que le gouvernement congolais apprécie, mais qui réunit tous les autres mouvements politiques et d’opposition dans un rejet unanime.
par Didier Samson
Article publié le 04/02/2002