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France: présidentielle 2002

Le candidat Chirac «<i>animé par la passion</i>»

De retour de son voyage à Avignon, le 11 février, où il a officiellement annoncé sa candidature, Jacques Chirac, invité de la chaîne privée TF1, a précisé qu’il souhaitait mettre son «enthousiasme» et sa «détermination» au service de la France. C’est la quatrième fois qu’il se lance dans la course à l’Elysée.
Le président sortant, qui a annoncé ce lundi, son intention de briguer un deuxième mandat s’est présenté comme le «candidat de la passion, de la France, du renouvellement et du rassemblement» tout en défendant un bilan dont il est «fier». Invité du journal de 20h de TF1, Jacques Chirac s’est pour la première fois exprimé officiellement en tant que candidat. Tous les sujets ont été abordés même ceux qui fâchent : la dissolution de 1997, le retour précipité de Didier Schuller - ancien conseiller général RPR des Hauts-de-Seine soupçonné d’être impliqué dans l’affaire de l’office HLM du département -, la rencontre supposée avec Jean-Marie Le Pen en 1995 entre les deux tours de la présidentielle, les affaires politico-financières…etc.

Pour le président-candidat, les affaires liées au financement des partis politiques «ne sont pas le cœur du débat» et «tous les partis» ont été concernés par ces pratiques, remontant à «une quinzaine d’années». Sans jamais s’en prendre directement à la personne du Premier ministre, Lionel Jospin, qu’il a affirmé «respecter», il n’en a pas moins critiqué son bilan. «Nous avons mangé notre blé en herbe» a-t-il dit. Peu après, il a énuméré les réalisation à mettre à son crédit, notamment le contrat initiative emploi, le prêt logement à taux zéro, la réforme de la sécurité sociale, la réforme de la défense et la suppression d’un «service militaire obsolète». Président de la cohabitation depuis 1997, Jacques Chirac s’est également prévalu d’avoir porté haut «la voix de la France dans le monde», défendu ses intérêts économiques et lutté au niveau international pour la protection de l’environnement. A la fin de sa prestation télévisée, il a toutefois souligné qu’il éviterait les attaques personnelles lors de la campagne électorale. «Je peux critiquer une politique, je peux critiquer des mesures, je n’ai aucune intention de critiquer un homme», a-t-il conclut.

Après toutes ces mises au point, le candidat du RPR a rappelé ses priorités pour l’avenir : restaurer l’autorité de l’Etat, lutter contre l’insécurité, réhabiliter la solidarité, donner les moyens à la justice et rendre à la France sa compétitivité et son attractivité sur la scène internationale. Il n’a pas dévoilé des mesures concrètes en matière économique mais a estimé que les pouvoirs publics étaient «dans l’obligation impérieuse de donner aux Français un signal clair que les charges diminueront». En précipitant l’annonce de sa candidature, Jacques Chirac a donc indéniablement pris de court Lionel Jospin, pour le moment candidat «probable» et «disponible». Ce dernier ne devrait pas changé sa stratégie, à savoir : se déclarer après la fin de la session parlementaire, c’est-à-dire après le 22 février prochain.

Une avalanche de réactions

A gauche comme à droite, on a suivi avec beaucoup d’attention l’intervention télévisée du chef de l’Etat désormais candidat. Et les réactions n’ont pas tardé. La déclaration de Jacques Chirac, qui est intervenue après une période de flottement dans son camp en raison d’un reflux dans les sondages, a été accueillie avec enthousiasme et soulagement par ses partisans. «La décision de Jacques Chirac m’inspire du respect et de la joie», a déclaré Alain Juppé, ancien Premier ministre du président sortant de 1995 à 1997. «L’heure de la mobilisation est arrivée (…) Les députés gaulliste seront les principaux architectes du rassemblement des Français autour de Jacques Chirac et ses idées qu’il défend» a, pour sa part, estimé Jean-Louis Debré, président du groupe RPR à l’Assemblée nationale. A gauche, les sentiments n’étaient pas les mêmes. Ainsi Vincent Peillon, porte-parole du PS a souligné que cette entrée en campagne était «laborieuse». François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, a ironisé : «Candidat toujours, on le sait, mais candidat pour quoi faire ?».


Du côté des candidats, les réactions ont été aussi très rapides. A droite, Alain Madelin, candidat DL, a déclaré qu’il attendait «maintenant de pouvoir débattre publiquement avec Jacques Chirac de l’avenir de la France, projet contre projet». François Bayrou, candidat UDF, a estimé que cette candidature posait aux Français «la véritable question de cette élection : avec qui vont-ils écrire leur avenir?». Le président et candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen a jugé que «redevenant un citoyen comme les autres», Jacques Chirac devait désormais «rendre des comptes sur son bilan et sur toute son action politique». Quant à Bruno Mégret, candidat du MNR, il a estimé que les propos de Jacques Chirac «sont condamnables, non par ce qu’il a déclaré, mais par ce qu’il a passé sous silence». A gauche, Robert Hue, candidat communiste a désiré que «l’important désormais, c’est que s’engage enfin, véritablement, le débat démocratique que les Françaises et les Français souhaitent, et dont ils sont frustrés depuis plusieurs semaines». Une position que partage Jean-Pierre Chevènement, candidat du Mouvement des Citoyens (MDC), qui attend que le candidat du RPR «expose ses idées sur ses projets» pour enfin débattre. «C’est un non-événement» a, pour sa part, raillé Noël Mamère, candidat des Verts tout comme Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).


Lire également :
Chirac, les premiers pas d'un candidat
(L’éditorial politique de Geneviève Goëtzinger)

Ecouter aussi :
Serge Lepeltier, secrétaire général du RPR
(invité de Pierre Ganz 12/02/2002, 7'40")



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 12/02/2002