Madagascar
Le défi de Ravalomanana
L’opposant Marc Ravalomanana promet qu’il sera investi président, ce vendredi, après l’échec des négociations sur les conditions de la tenue du second tour. Bluff ou de coup de force annoncé ? La journée du 22 février s’annonce en tous cas à haut risque à Madagascar.
Le centre d’Antanarivo a, une fois encore, été envahi par des partisans de l’opposant Marc Ravalomanana, ce jeudi matin. Défilant comme il le font quasiment chaque jour depuis plusieurs semaines, sur l’avenue de l’indépendance et la place du 13 mai, les manifestants ont salué leur champion qui a annoncé sa prise de pouvoir ce vendredi.
Mercredi, devant des milliers de personnes, Marc Ravalomanana, qui assure avoir remporté le premier tour de l’élection, a déclaré qu’il se ferait investir à la présidence de la République le 22 février au stade municipal Mahamasina, dans la capitale. Le choix du lieu n’est pas fortuit, a fait remarquer l’opposant, puisque les nouveaux présidents s’y rendent traditionnellement pour s’y faire acclamer par la foule.
«Vous, les bailleurs de fonds et la communauté internationale, sachez que nous avons fait tout ce qui était possible. Nous voulions tous passer par le processus démocratique, nous avions même accepté la prolongation des négociations mais il n’y a pas eu de résultats», a-t-il expliqué.
La veille, les négociations menées depuis une dizaine de jours sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine (OUA)avaient abouti à un accord entre le candidat de l’opposition et le camp du président sortant Didier Ratsiraka, sur le report du second tour initialement prévu pour le 24 février. Le délai, qui reste à fixer, devait permettre de mettre en place une série de garde-fous pour en assurer la transparence, avec notamment l’envoi d’observateurs internationaux dans la Grande Ile.
Inquiétude de l’OUA
En réalité, des divergences profondes subsistent entre les deux parties. Marc Ravalomanana, qui affirme avoir été élu avec 52,15% des voix, réclame toujours la confrontation entre les procès verbaux du premier tour. Les résultats officiels le créditent en effet de 46,21% contre 40,89% à son adversaire. Le camp de l’opposant exige, par ailleurs, la formation d’un gouvernement de transition où il serait largement représenté, de même qu’une recomposition de la Haute cour de justice, seule habilitée à proclamer les résultats, et un aménagement du Conseil national électoral (CNE). Autant de points rejetés par le camp présidentiel.
Dans les milieux diplomatiques, on s’interroge sur les objectifs le maire de la capitale. S’agit-il de faire pression sur un pouvoir restant sourd à ses réclamations ou bien d’un choix délibéré de faire fi du second tour ? Le secrétaire général de l’OUA, Amara Essy, qui n’a pas ménagé sa peine pour calmer le jeu à Madagascar, se dit «inquiet» de la décision de Marc Ravalomanana. Dans un communiqué diffusé ce jeudi, l’organisation panafricaine considère que son investiture en dehors des procédures prévues par la constitution de son pays violerait les principes de l’OUA qui prévoient la possibilité d’isoler un régime arrivé au pouvoir de manière inconstitutionnelle.
Pour sa part, le gouvernement a, logiquement, condamné l’initiative de l’opposant et a indiqué que «la rigueur de la loi sera appliquée pour sauvegarder la souveraineté nationale et la sécurité publique». Autant dire que l’attitude de l’armée va s’avérer cruciale. Mercredi, le ministre de la Défense, Marc Ranjevo, a assuré devant la presse et les généraux de «la neutralité, du légalisme et de la loyauté de l’armée». «La crise est politique, l’issue de la crise doit être politique», a-t-il ajouté. Que feront les militaires si la foule s’approche du palais présidentiel, à une quinzaine de kilomètres du centre ville, où est retranché le président Ratsiraka ? «L’armée prendra ses responsabilités, mais j’espère qu’on en arrivera pas jusque-là», affirme un proche du chef de l’Etat.
La journée du 22 février s’annonce donc à haut risque à Madagascar. A moins que Marc Ravalomanana ne revienne sur sa décision. S’exprimant jeudi devant ses militants, il a maintenu le rendez-vous, mais il s’est fait plus évasif en affirmant qu’il fallait «réfléchir calmement» et penser «à la sécurité et à l’avenir». Quelques minutes plus tôt, les quatre candidats malheureux du premier tour, parmi lesquels le pasteur Daniel Rajakoba et l’ancien président Albert Zafy, l’avaient appelé à reporter son projet à mardi afin de prendre le temps de trouver une autre solution. Ces «candidats sont nos pères, il faut les respecter. Il faut bien réfléchir à ce que l’on va faire», leur a-t-il répondu.
Mercredi, devant des milliers de personnes, Marc Ravalomanana, qui assure avoir remporté le premier tour de l’élection, a déclaré qu’il se ferait investir à la présidence de la République le 22 février au stade municipal Mahamasina, dans la capitale. Le choix du lieu n’est pas fortuit, a fait remarquer l’opposant, puisque les nouveaux présidents s’y rendent traditionnellement pour s’y faire acclamer par la foule.
«Vous, les bailleurs de fonds et la communauté internationale, sachez que nous avons fait tout ce qui était possible. Nous voulions tous passer par le processus démocratique, nous avions même accepté la prolongation des négociations mais il n’y a pas eu de résultats», a-t-il expliqué.
La veille, les négociations menées depuis une dizaine de jours sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine (OUA)avaient abouti à un accord entre le candidat de l’opposition et le camp du président sortant Didier Ratsiraka, sur le report du second tour initialement prévu pour le 24 février. Le délai, qui reste à fixer, devait permettre de mettre en place une série de garde-fous pour en assurer la transparence, avec notamment l’envoi d’observateurs internationaux dans la Grande Ile.
Inquiétude de l’OUA
En réalité, des divergences profondes subsistent entre les deux parties. Marc Ravalomanana, qui affirme avoir été élu avec 52,15% des voix, réclame toujours la confrontation entre les procès verbaux du premier tour. Les résultats officiels le créditent en effet de 46,21% contre 40,89% à son adversaire. Le camp de l’opposant exige, par ailleurs, la formation d’un gouvernement de transition où il serait largement représenté, de même qu’une recomposition de la Haute cour de justice, seule habilitée à proclamer les résultats, et un aménagement du Conseil national électoral (CNE). Autant de points rejetés par le camp présidentiel.
Dans les milieux diplomatiques, on s’interroge sur les objectifs le maire de la capitale. S’agit-il de faire pression sur un pouvoir restant sourd à ses réclamations ou bien d’un choix délibéré de faire fi du second tour ? Le secrétaire général de l’OUA, Amara Essy, qui n’a pas ménagé sa peine pour calmer le jeu à Madagascar, se dit «inquiet» de la décision de Marc Ravalomanana. Dans un communiqué diffusé ce jeudi, l’organisation panafricaine considère que son investiture en dehors des procédures prévues par la constitution de son pays violerait les principes de l’OUA qui prévoient la possibilité d’isoler un régime arrivé au pouvoir de manière inconstitutionnelle.
Pour sa part, le gouvernement a, logiquement, condamné l’initiative de l’opposant et a indiqué que «la rigueur de la loi sera appliquée pour sauvegarder la souveraineté nationale et la sécurité publique». Autant dire que l’attitude de l’armée va s’avérer cruciale. Mercredi, le ministre de la Défense, Marc Ranjevo, a assuré devant la presse et les généraux de «la neutralité, du légalisme et de la loyauté de l’armée». «La crise est politique, l’issue de la crise doit être politique», a-t-il ajouté. Que feront les militaires si la foule s’approche du palais présidentiel, à une quinzaine de kilomètres du centre ville, où est retranché le président Ratsiraka ? «L’armée prendra ses responsabilités, mais j’espère qu’on en arrivera pas jusque-là», affirme un proche du chef de l’Etat.
La journée du 22 février s’annonce donc à haut risque à Madagascar. A moins que Marc Ravalomanana ne revienne sur sa décision. S’exprimant jeudi devant ses militants, il a maintenu le rendez-vous, mais il s’est fait plus évasif en affirmant qu’il fallait «réfléchir calmement» et penser «à la sécurité et à l’avenir». Quelques minutes plus tôt, les quatre candidats malheureux du premier tour, parmi lesquels le pasteur Daniel Rajakoba et l’ancien président Albert Zafy, l’avaient appelé à reporter son projet à mardi afin de prendre le temps de trouver une autre solution. Ces «candidats sont nos pères, il faut les respecter. Il faut bien réfléchir à ce que l’on va faire», leur a-t-il répondu.
par Christophe Champin avec AFP
Article publié le 21/02/2002