Madagascar
Ravalomanana s’autoproclame président
L'opposant Marc Ravalomanana s'est auto-proclamé président de la République, vendredi à Madagascar, devant quelque 100.000 partisans réunis au stade municipal d'Antananarivo. Le défi du maire de la capitale est plutôt mal accueilli à l’étranger.
Le maire de la capitale malgache a tenu parole. Devant des milliers de partisans réunis au stade Mahamasina, Marc Ravalomanana, grand rival du sortant Didier Ratsiraka, a finalement prêté serment ce vendredi matin, en tant que chef de l’Etat. Quelques minutes plus tôt, l’ancien secrétaire général de la Haute cour constitutionnelle (HCC) avait proclamé sa victoire au premier tour de la présidentielle du 16 décembre dernier, avec 52,15% contre 35,67% à son adversaire. «Nous proclamons officiellement Marc Ravalomanana président de la République à partir d'aujourd'hui», a ajouté solennellement le magistrat, après lui avoir remis l’écharpe aux couleurs nationales, rouge verte et blanche. S’exprimant en malgache, l’opposant a ensuite déclaré : «devant Dieu et devant le peuple, j’accepte la charge de président de la République, et je m’engage à donner toutes mes forces et ma sagesse pour l’unité nationale et les droits de l’Homme». Puis, selon notre correspondant sur place, Marc Ravalomanana a terminé : «je fais appel à tous les Malgaches pour qu’ensemble nous construisions un Madagascar nouveau. Que Dieu nous aide je vais remettre à chacun sa part de sacré».
Un peu plus tôt, le président autoproclamé était arrivé à bord d’une voiture blindée, encerclée par une cinquantaine de gardes du corps. Dans le stade, les chefs des églises catholique, anglicane, calviniste réformée et luthérienne s’étaient installés sur le podium, avec une dizaine de hauts magistrats, devant 100 000 personnes massées sur les gradins et la pelouse.
Silence au palais présidentiel
Une fois la cérémonie achevée, vers 12 h30 (T.U), le stade s’est vidé sans incidents notables, en l’absence des forces de l’ordre, qui se contentaient de stationner ou patrouiller dans un centre ville, où la circulation était réduite au minimum. A la mi-journée aucun mouvement particulier n’était d’ailleurs perceptible côté policier ou militaire. Après une réception à l’Hôtel de Ville, Marc Ravalomanana a entamé un tour de la capitale, accompagné de quelques collaborateurs, sous les acclamations de ses partisans.
En l’absence de réaction du chef de l’Etat sortant, c’est le président du Sénat Honoré Rakotomanana qui a déclaré «illégale» l’auto-investiture du maire d’Antananarivo, au cours d’une intervention à la radio-télévision publique. «On ne peut pas prendre le pouvoir par la rue. Le peuple fait confiance au gouvernement pour faire appliquer la loi et pour organiser le second tour», a-t-il ajouté.
Dans une interview à l’AFP, Marc Ravalomanana lui a en quelque sorte répondu en affirmant qu’il allait «commencer à travailler», ce vendredi soir «à la formation d’un gouvernement». Son représentant en Europe, Mamy Andriamasomanana a enfoncé le clou en appelant le président sortant à se retirer «avec les honneurs», en demandant à la communauté internationale de «faire pression» pour qu’il quitte le pouvoir.
Le défi de Marc Ravalomanana au régime sortant est mal accueilli à l’extérieur. Le secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), qui s’était fortement impliqué dans la recherche d’une solution négociée à l'imbroglio malgache, condamne «fermement» l’initiative. Pour Amara Essy, il s’agit d’«une violation flagrante» des principes affichés par le forum panafricain depuis 1999. Il a saisi le président en exercice de l’OUA, le Zambien Levy Mwanawasa, et doit convoquer, ce samedi, une réunion d’urgence de l’organe central du mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, afin d’examiner le cas de Madagascar. Pour sa part, la France s’aligne sur la position de l’organisation panafricaine, en estimant que «cette tentative de coup de force, en violation des règles constitutionnelles du pays et des principes de l’ONU et de l’OUA ne saurait résoudre la crise politique actuelle». Dans l’entourage de Marc Ravalomanana, on espère manifestement obtenir un infléchissement de la position française, mais Paris s’en tient, pour l’instant, à une attitude légaliste conforme à sa nouvelle doctrine de «ni indifférence, ni ingérence» à l’égard du continent africain.
Ecoutez également :
Le récit d'Olivier Péguy, correspondant de RFI à Madagascar
L'analyse de Jean-Jacques Louarn, de RFI
Un peu plus tôt, le président autoproclamé était arrivé à bord d’une voiture blindée, encerclée par une cinquantaine de gardes du corps. Dans le stade, les chefs des églises catholique, anglicane, calviniste réformée et luthérienne s’étaient installés sur le podium, avec une dizaine de hauts magistrats, devant 100 000 personnes massées sur les gradins et la pelouse.
Silence au palais présidentiel
Une fois la cérémonie achevée, vers 12 h30 (T.U), le stade s’est vidé sans incidents notables, en l’absence des forces de l’ordre, qui se contentaient de stationner ou patrouiller dans un centre ville, où la circulation était réduite au minimum. A la mi-journée aucun mouvement particulier n’était d’ailleurs perceptible côté policier ou militaire. Après une réception à l’Hôtel de Ville, Marc Ravalomanana a entamé un tour de la capitale, accompagné de quelques collaborateurs, sous les acclamations de ses partisans.
En l’absence de réaction du chef de l’Etat sortant, c’est le président du Sénat Honoré Rakotomanana qui a déclaré «illégale» l’auto-investiture du maire d’Antananarivo, au cours d’une intervention à la radio-télévision publique. «On ne peut pas prendre le pouvoir par la rue. Le peuple fait confiance au gouvernement pour faire appliquer la loi et pour organiser le second tour», a-t-il ajouté.
Dans une interview à l’AFP, Marc Ravalomanana lui a en quelque sorte répondu en affirmant qu’il allait «commencer à travailler», ce vendredi soir «à la formation d’un gouvernement». Son représentant en Europe, Mamy Andriamasomanana a enfoncé le clou en appelant le président sortant à se retirer «avec les honneurs», en demandant à la communauté internationale de «faire pression» pour qu’il quitte le pouvoir.
Le défi de Marc Ravalomanana au régime sortant est mal accueilli à l’extérieur. Le secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), qui s’était fortement impliqué dans la recherche d’une solution négociée à l'imbroglio malgache, condamne «fermement» l’initiative. Pour Amara Essy, il s’agit d’«une violation flagrante» des principes affichés par le forum panafricain depuis 1999. Il a saisi le président en exercice de l’OUA, le Zambien Levy Mwanawasa, et doit convoquer, ce samedi, une réunion d’urgence de l’organe central du mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, afin d’examiner le cas de Madagascar. Pour sa part, la France s’aligne sur la position de l’organisation panafricaine, en estimant que «cette tentative de coup de force, en violation des règles constitutionnelles du pays et des principes de l’ONU et de l’OUA ne saurait résoudre la crise politique actuelle». Dans l’entourage de Marc Ravalomanana, on espère manifestement obtenir un infléchissement de la position française, mais Paris s’en tient, pour l’instant, à une attitude légaliste conforme à sa nouvelle doctrine de «ni indifférence, ni ingérence» à l’égard du continent africain.
Ecoutez également :
Le récit d'Olivier Péguy, correspondant de RFI à Madagascar
L'analyse de Jean-Jacques Louarn, de RFI
par Christophe Champin
Article publié le 22/02/2002