Zimbabwe
L’UE sanctionne Mugabe
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont finalement opté pour des sanctions ciblées contre le régime de Robert Mugabe et ont décidé de retirer leurs observateurs électoraux. Deux décisions plutôt mal accueillies en Afrique.
L’Union européenne a finalement mis ses menaces à exécution. Après l’expulsion, samedi, du Suédois Pierre Schori, chef de la mission d’observateurs européens chargés de surveiller l’élection présidentielle des 9 et 10 mars prochain, les ministres des Affaires étrangères des Quinze ont décidé d’imposer des sanctions à l’encontre de Harare. Conçues pour «ne pas causer du tort aux citoyens ordinaires du Zimbabwe», elles visent essentiellement ses dirigeants. Le président Mugabe et dix-neuf de ses ministres verront ainsi leurs avoirs gelés dans l’Union européenne où ils n’auront désormais plus le droit de se rendre. L’UE a par ailleurs décidé un embargo sur la fourniture d’armes et de matériel militaire à Harare.
Les chefs de la diplomatie des Quinze ont pris leur décision à l’unanimité, après le sombre tableau que Pierre Schori leur a dressé de la situation au Zimbabwe. «Je suis arrivé à la conclusion que nous ne pouvions pas travailler efficacement sur place», a-t-il déclaré, assurant que la trentaine d’observateurs européens déjà présents dans le pays ont fait l’objet d’intimidations. En conséquence, ces derniers devaient quitter le territoire, ce mardi.
Accueil mitigé en Afrique
Au pouvoir depuis 22 ans, Robert Mugabe compte bien rempiler et semble décidé à tout mettre en œuvre pour parvenir à ses fins. Depuis deux ans, au moins 90 militants du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), le principal parti opposition, ont été assassinés, au cours d’une campagne de violences orchestrée par le pouvoir. Ce lundi, le centre de la capitale Harare a été investi par des anciens combattants de l’indépendance, armés de bâtons, de pierres, de pioches, de pelles et vêtus pour certains de tee-shirts portant le sigle du parti dirigeant. Ils se sont attaqués à des locaux du MDC et ont investi la mairie où les candidats de ce mouvement à l’élection municipale partielle, prévue en même temps que la présidentielle, venaient faire acte de candidature.
Au Zimbabwe, la décision de l’Union européenne ne satisfait personne, à commencer bien sûr par le pouvoir. Dans l’entourage du chef de l’Etat, on y voit un encouragement à poursuivre dans la même voie. «Aucune action hostile, que ce soit par des sanctions ou par d’autres moyens, ne nous fera dévier de notre principe qui est de défendre notre indépendance et notre souveraineté», a déclaré le ministre de l’Information Jonathan Moyo au quotidien gouvernemental The Herald. Pour sa part, le MDC est déçu de la faiblesse de la réaction des Quinze. Tendai Biti, son responsable des Affaires étrangères, n’y voit qu’un «simple carton jaune» adressé aux autorités de Harare, même s’il estime qu’il était «grand temps» que l’Union agisse pour rappeler à Robert Mugabe, «qui lui a continuellement craché à la figure», ses obligations internationales.
Dans le reste de l’Afrique australe, les sanctions européennes sont également mal accueillies. Poids lourd de la région, l’Afrique du Sud déplore l’initiative des Quinze, en particulier le choix de retirer leur équipe de surveillance du scrutin. «S’il y a des allégations selon lesquelles cette élection ne serait pas libre et honnête, alors il est important de faire en sorte que des observateurs neutres objectifs et impartiaux soient sur place», estime le vice-ministre des Affaires étrangères, Aziz Pahad. Du reste, les pays membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont toujours été opposés aux sanctions contre le régime de Robert Mugabe. Ce dernier a reçu, en outre, l'appui du président nigérian. «Je ne dirai pas qu'une élection n'est pas libre et équitable parce qu'il n'y a pas d'observateurs européens», a déclaré Olusegun Obasanjo.
Ces derniers jours, les pays de l’Union européenne n’étaient, en fait, pas tous d’accord sur la marche à suivre. Le ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, avait notamment estimé «plus pertinent d’attendre le déroulement des élections», en faisant remarquer que les pays africains n’étaient pas favorables aux sanctions. Mais une majorité d’Etats s’étant ralliés à la position de la Grande Bretagne, partisane de la fermeté, Paris a préféré jouer la solidarité avec ses partenaires.
Robert Mugabe ne s’y était cependant pas trompé. Il y a quelques semaines, il avait accepté d’inviter les observateurs européens, à l’exception des pays qualifiés d’«hostiles», le Royaume Uni, ainsi que l’Allemagne, les Pays Bas, la Suède, la Finlande et le Danemark accusés de soutenir sa position. Quant à Pierre Schori, il était déjà dans le collimateur des autorités zimbabwéennes pour avoir dénoncé le mauvais déroulement des élections législatives de juin 2000, auxquelles il avait assisté en tant qu’observateur. La présidentielle se déroulera donc sans témoins européens. En revanche, l’Afrique du Sud, la SADC, l’Organisation de l’unité africaine et plusieurs pays membres du groupe Afrique Caraïbes Pacifique (ACP) ont maintenu leur choix d’envoyer des représentants.
Les chefs de la diplomatie des Quinze ont pris leur décision à l’unanimité, après le sombre tableau que Pierre Schori leur a dressé de la situation au Zimbabwe. «Je suis arrivé à la conclusion que nous ne pouvions pas travailler efficacement sur place», a-t-il déclaré, assurant que la trentaine d’observateurs européens déjà présents dans le pays ont fait l’objet d’intimidations. En conséquence, ces derniers devaient quitter le territoire, ce mardi.
Accueil mitigé en Afrique
Au pouvoir depuis 22 ans, Robert Mugabe compte bien rempiler et semble décidé à tout mettre en œuvre pour parvenir à ses fins. Depuis deux ans, au moins 90 militants du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), le principal parti opposition, ont été assassinés, au cours d’une campagne de violences orchestrée par le pouvoir. Ce lundi, le centre de la capitale Harare a été investi par des anciens combattants de l’indépendance, armés de bâtons, de pierres, de pioches, de pelles et vêtus pour certains de tee-shirts portant le sigle du parti dirigeant. Ils se sont attaqués à des locaux du MDC et ont investi la mairie où les candidats de ce mouvement à l’élection municipale partielle, prévue en même temps que la présidentielle, venaient faire acte de candidature.
Au Zimbabwe, la décision de l’Union européenne ne satisfait personne, à commencer bien sûr par le pouvoir. Dans l’entourage du chef de l’Etat, on y voit un encouragement à poursuivre dans la même voie. «Aucune action hostile, que ce soit par des sanctions ou par d’autres moyens, ne nous fera dévier de notre principe qui est de défendre notre indépendance et notre souveraineté», a déclaré le ministre de l’Information Jonathan Moyo au quotidien gouvernemental The Herald. Pour sa part, le MDC est déçu de la faiblesse de la réaction des Quinze. Tendai Biti, son responsable des Affaires étrangères, n’y voit qu’un «simple carton jaune» adressé aux autorités de Harare, même s’il estime qu’il était «grand temps» que l’Union agisse pour rappeler à Robert Mugabe, «qui lui a continuellement craché à la figure», ses obligations internationales.
Dans le reste de l’Afrique australe, les sanctions européennes sont également mal accueillies. Poids lourd de la région, l’Afrique du Sud déplore l’initiative des Quinze, en particulier le choix de retirer leur équipe de surveillance du scrutin. «S’il y a des allégations selon lesquelles cette élection ne serait pas libre et honnête, alors il est important de faire en sorte que des observateurs neutres objectifs et impartiaux soient sur place», estime le vice-ministre des Affaires étrangères, Aziz Pahad. Du reste, les pays membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont toujours été opposés aux sanctions contre le régime de Robert Mugabe. Ce dernier a reçu, en outre, l'appui du président nigérian. «Je ne dirai pas qu'une élection n'est pas libre et équitable parce qu'il n'y a pas d'observateurs européens», a déclaré Olusegun Obasanjo.
Ces derniers jours, les pays de l’Union européenne n’étaient, en fait, pas tous d’accord sur la marche à suivre. Le ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, avait notamment estimé «plus pertinent d’attendre le déroulement des élections», en faisant remarquer que les pays africains n’étaient pas favorables aux sanctions. Mais une majorité d’Etats s’étant ralliés à la position de la Grande Bretagne, partisane de la fermeté, Paris a préféré jouer la solidarité avec ses partenaires.
Robert Mugabe ne s’y était cependant pas trompé. Il y a quelques semaines, il avait accepté d’inviter les observateurs européens, à l’exception des pays qualifiés d’«hostiles», le Royaume Uni, ainsi que l’Allemagne, les Pays Bas, la Suède, la Finlande et le Danemark accusés de soutenir sa position. Quant à Pierre Schori, il était déjà dans le collimateur des autorités zimbabwéennes pour avoir dénoncé le mauvais déroulement des élections législatives de juin 2000, auxquelles il avait assisté en tant qu’observateur. La présidentielle se déroulera donc sans témoins européens. En revanche, l’Afrique du Sud, la SADC, l’Organisation de l’unité africaine et plusieurs pays membres du groupe Afrique Caraïbes Pacifique (ACP) ont maintenu leur choix d’envoyer des représentants.
par Christophe Champin
Article publié le 19/02/2002