Proche-Orient
Katsav invite Abdallah à Jérusalem
Initiative inattendue, le président israélien Moshe Katsav a invité lundi le prince héritier saoudien Abdallah à venir à Jérusalem, pour y présenter son plan de paix. Tandis que les incidents armés se poursuivaient lundi 25 en Cisjordanie, faisant deux morts côté palestinien et un blessé israélien, le plan saoudien a été accueilli favorablement en Israël. Yasser Arafat est toujours assigné à résidence à Ramallah, mais le président de l’Autorité palestinienne peut désormais circuler dans la ville.
Israël et l’Arabie Saoudite n’entretiennent aucune relation diplomatique. Ryad ne reconnaît pas l’État hébreu. Autant dire que l’invitation faite par le président israélien au prince héritier saoudien de venir à Jérusalem est spectaculaire. Une réponse positive le serait davantage encore. Moshe Katsav se dit prêt à se rendre lui-même à Ryad pour y discuter avec le prince Abdallah de la récente proposition de paix saoudienne.
S’agit-il d’un réel espoir de sortir de l’impasse diplomatique et de la spirale de la violence au Proche-Orient ? Il faut attendre les réactions des autorités saoudiennes mais aussi du gouvernement israélien, ce dernier détenant le véritable pouvoir en Israël. La classe politique israélienne exprime, en tout cas, un intérêt croissant à l'égard de l'offre de paix du prince héritier saoudien Abdallah ben Abdel Aziz. Celui-ci a proposé, dans une interview au New York Times, une normalisation complète des relations du monde arabe avec Israël en échange d'un retrait complet des territoires palestiniens, «en accord avec les résolutions de l'ONU, y compris à Jérusalem». Le prince pourrait officialiser son plan lors de la réunion de la Ligue arabe, les 27 et 28 mars à Beyrouth.
Mis à part quelques réactions sceptiques ici ou là, les responsables gouvernementaux israéliens et des dirigeants de partis de gauche comme de droite ont d’ores et déjà exprimé des sentiments positifs à l’égard de cette initiative inédite, venant de Ryad. La réaction la plus favorable est venue lundi du chef de la diplomatie israélienne Shimon Peres, pour qui «ces propos sont nouveaux, intéressants et passionnants, et méritent d'être étudiés». Le Premier ministre israélien lui-même n’y serait pas insensible. Selon des proches de Shimon Peres cités par la radio publique israélienne, «Ariel Sharon cherche à nouer des contacts avec les responsables saoudiens pour connaître le détail des propositions du prince héritier et expliquer la position d'Israël».
Le journal Haaretz affirme même que le chef du gouvernement a indiqué dimanche à son cabinet avoir «fait plusieurs démarches» en direction des Saoudiens. Un proche d’Ariel Sharon a été jusqu’à déclarer au journal Maariv, sous condition d'anonymat, que «le plan saoudien est d'autant plus intéressant qu'il envisage des rectifications de frontières qui permettraient de résoudre le problème des colonies juives» dans les territoires occupés.
Même intérêt de la part du ministre travailliste de la Défense Binyamin Ben Eliezer. «S'il s'agit d'un nouveau processus qui peut changer le Proche-Orient, nous ne pouvons pas dire non. Nous devons d'abord dire oui et accepter d'écouter». Yaïr Peretz, chef du groupe parlementaire du parti orthodoxe Shass, incontournable avec ses 17 élus, applaudit ouvertement à l'initiative.
Ryad a besoin de redorer son image après le 11 septembre
Pourquoi cette offre saoudienne ? Selon un expert israélien, Ryad a besoin de redorer son blason après les attentats du 11 septembre aux États-Unis, dans lesquels sont impliqués certains de ses ressortissants. Henry Siegman, ex-président du Congrès juif américain, proche de la gauche israélienne et de la famille royale saoudienne, a affirmé à la télévision publique israélienne que «les Etats-Unis ont pressé les Saoudiens de soumettre leur plan lors du prochain sommet de la Ligue arabe (...) Les Saoudiens ne pensent pas que le gouvernement de M. Sharon peut accepter leur plan, mais espèrent insuffler l'espoir au sein de l'opinion israélienne qu'une issue diplomatique est possible avec les Palestiniens». Cet homme influent s'est entretenu dimanche de l'initiative saoudienne avec Shimon Peres et Dore Gold, conseiller d’Ariel Sharon, ainsi qu'avec l'émissaire européen au Proche-Orient, Miguel Angel Moratinos.
Henry Siegman devait aussi rencontrer lundi le président palestinien Yasser Arafat. Ce dernier est toujours confiné à Ramallah, en Cisjordanie, même si le cabinet israélien a décidé dimanche de desserrer l’étau militaire autour de ses bureaux, en lui permettant de circuler dans la ville autonome. Après une rencontre lundi à Jérusalem avec Shimon Peres, Javier Solana, le haut représentant pour les relations extérieures de l'Union européenne a désapprouvé cette demi-mesure, estimant qu’«Arafat doit avoir une liberté de mouvement, une totale liberté. Je ne crois pas qu'il soit sage de le placer dans un régime de semi-liberté».
De son côté, Jacques Chirac a réaffirmé lundi «l'engagement déterminé de la France en faveur de la reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens». Commentant indirectement l’initiative saoudienne, le président français, qui doit recevoir mardi à Paris Shimon Peres, a insisté sur «l'inanité du recours à la force, à la violence, au terrorisme (...) Les principes d'un règlement juste, durable, global, sont sur la table: l'échange de la terre contre la paix».
Philippe QUILLERIER-LESIEUR
A écouter aussi :
Yasser Arafat
à Ramallah répond à l'envoyée spéciale de RFI, Dominique Roch, le 23/02/2002.
Dominique Roch
, l'envoyée spéciale de RFI raconte sa rencontre avec Arafat, le 23/02/2002.
S’agit-il d’un réel espoir de sortir de l’impasse diplomatique et de la spirale de la violence au Proche-Orient ? Il faut attendre les réactions des autorités saoudiennes mais aussi du gouvernement israélien, ce dernier détenant le véritable pouvoir en Israël. La classe politique israélienne exprime, en tout cas, un intérêt croissant à l'égard de l'offre de paix du prince héritier saoudien Abdallah ben Abdel Aziz. Celui-ci a proposé, dans une interview au New York Times, une normalisation complète des relations du monde arabe avec Israël en échange d'un retrait complet des territoires palestiniens, «en accord avec les résolutions de l'ONU, y compris à Jérusalem». Le prince pourrait officialiser son plan lors de la réunion de la Ligue arabe, les 27 et 28 mars à Beyrouth.
Mis à part quelques réactions sceptiques ici ou là, les responsables gouvernementaux israéliens et des dirigeants de partis de gauche comme de droite ont d’ores et déjà exprimé des sentiments positifs à l’égard de cette initiative inédite, venant de Ryad. La réaction la plus favorable est venue lundi du chef de la diplomatie israélienne Shimon Peres, pour qui «ces propos sont nouveaux, intéressants et passionnants, et méritent d'être étudiés». Le Premier ministre israélien lui-même n’y serait pas insensible. Selon des proches de Shimon Peres cités par la radio publique israélienne, «Ariel Sharon cherche à nouer des contacts avec les responsables saoudiens pour connaître le détail des propositions du prince héritier et expliquer la position d'Israël».
Le journal Haaretz affirme même que le chef du gouvernement a indiqué dimanche à son cabinet avoir «fait plusieurs démarches» en direction des Saoudiens. Un proche d’Ariel Sharon a été jusqu’à déclarer au journal Maariv, sous condition d'anonymat, que «le plan saoudien est d'autant plus intéressant qu'il envisage des rectifications de frontières qui permettraient de résoudre le problème des colonies juives» dans les territoires occupés.
Même intérêt de la part du ministre travailliste de la Défense Binyamin Ben Eliezer. «S'il s'agit d'un nouveau processus qui peut changer le Proche-Orient, nous ne pouvons pas dire non. Nous devons d'abord dire oui et accepter d'écouter». Yaïr Peretz, chef du groupe parlementaire du parti orthodoxe Shass, incontournable avec ses 17 élus, applaudit ouvertement à l'initiative.
Ryad a besoin de redorer son image après le 11 septembre
Pourquoi cette offre saoudienne ? Selon un expert israélien, Ryad a besoin de redorer son blason après les attentats du 11 septembre aux États-Unis, dans lesquels sont impliqués certains de ses ressortissants. Henry Siegman, ex-président du Congrès juif américain, proche de la gauche israélienne et de la famille royale saoudienne, a affirmé à la télévision publique israélienne que «les Etats-Unis ont pressé les Saoudiens de soumettre leur plan lors du prochain sommet de la Ligue arabe (...) Les Saoudiens ne pensent pas que le gouvernement de M. Sharon peut accepter leur plan, mais espèrent insuffler l'espoir au sein de l'opinion israélienne qu'une issue diplomatique est possible avec les Palestiniens». Cet homme influent s'est entretenu dimanche de l'initiative saoudienne avec Shimon Peres et Dore Gold, conseiller d’Ariel Sharon, ainsi qu'avec l'émissaire européen au Proche-Orient, Miguel Angel Moratinos.
Henry Siegman devait aussi rencontrer lundi le président palestinien Yasser Arafat. Ce dernier est toujours confiné à Ramallah, en Cisjordanie, même si le cabinet israélien a décidé dimanche de desserrer l’étau militaire autour de ses bureaux, en lui permettant de circuler dans la ville autonome. Après une rencontre lundi à Jérusalem avec Shimon Peres, Javier Solana, le haut représentant pour les relations extérieures de l'Union européenne a désapprouvé cette demi-mesure, estimant qu’«Arafat doit avoir une liberté de mouvement, une totale liberté. Je ne crois pas qu'il soit sage de le placer dans un régime de semi-liberté».
De son côté, Jacques Chirac a réaffirmé lundi «l'engagement déterminé de la France en faveur de la reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens». Commentant indirectement l’initiative saoudienne, le président français, qui doit recevoir mardi à Paris Shimon Peres, a insisté sur «l'inanité du recours à la force, à la violence, au terrorisme (...) Les principes d'un règlement juste, durable, global, sont sur la table: l'échange de la terre contre la paix».
Philippe QUILLERIER-LESIEUR
A écouter aussi :
Yasser Arafat
à Ramallah répond à l'envoyée spéciale de RFI, Dominique Roch, le 23/02/2002.
Dominique Roch
, l'envoyée spéciale de RFI raconte sa rencontre avec Arafat, le 23/02/2002.
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 25/02/2002