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Proche-Orient

Plan saoudien cherche soutien arabe

Transformer le plan de paix saoudien en initiative du monde arabe : c’est l’ambition du prince héritier Abdallah ben Abdel Aziz. Depuis l’interview qu’il a donnée dans les colonnes du New York Times le 17 février dernier, en plein enlisement de la crise au Proche-Orient, tous les regards sont tournés vers l’Arabie Saoudite. Le prince Abdallah, qui dirige de facto le royaume saoudien depuis 1995 en raison de la maladie du roi Fahd, fait une entrée remarquée sur la scène diplomatique.
En proposant la reconnaissance d’Israël par l’ensemble du monde arabe en échange du retrait israélien des territoires occupés depuis 1967, dont la rive occidentale et la bande de Gaza et Jérusalem-est compris, ainsi que le retour des réfugiés palestiniens, l’Arabie Saoudite soulève des questions majeures et douloureuses restées sans solution à ce jour. Pourtant, aucun document n’a été finalisé pour détailler ces propositions dont le cadre reste à définir.

L’Arabie Saoudite qui abrite les lieux saints de l’Islam, revient ainsi au devant de la scène alors que l’Intifada piétine, au rythme de sanglantes représailles et de ripostes sans fin. Soupçonnée par les Etats-Unis d’héberger les cerveaux d’Al Qaïda au lendemain des attentats du 11 septembre, Riyad fait non seulement amende honorable en revendiquant des intentions pacifiques mais s’érige en porte-voix du monde arabe. Car aujourd’hui, seuls trois Etats parmi les 22 membres de la Ligue arabe entretiennent des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu : l’Egypte, la Jordanie et la Mauritanie. Tous trois soutiennent l’offre saoudienne, tout comme Bahreïn, les Emirats arabes unis et Yasser Arafat, le chef de l’Autorité Palestinienne.

Même si celui-ci y voit une «initiative historique très importante» il en appelle au soutien des Etats-Unis. «La réussite éventuelle de ce plan dépend sans aucun doute des Américains», estime Yasser Arafat, soulignant qu’elle passe aussi par le soutien des «Européens et des Russes».

Fédérer le monde arabe autour du plan saoudien

Jeudi, le président égyptien Hosni Moubarak a affirmé qu’il n’était pas question de «compromis» concernant le plan saoudien qui doit être développé lors du prochain sommet de la Ligue arabe à Beyrouth les 27 et 28 mars prochains. Pour Le Caire, ce plan confirme «un choix stratégique» effectué par les dirigeants arabes. En revanche, nombre d’Etats de la région n’ont toujours pas réagi, comme la Libye, l’Algérie, l’Irak, et la Syrie.

De son côté, Javier Solana, le haut représentant de l’Union européenne pour les relations extérieures, poursuit sa tournée et multiplie les contacts dans la région. Mercredi, à l’issue d’une rencontre d’une heure à Djeddah avec le prince saoudien, il s’est félicité de cette idée. «L’important c’est de créer une dynamique nouvelle qui doit pousser les gens vers la paix». Le prince «aimerait contacter tous les dirigeants arabes pour voir si ses idées, peuvent devenir celles du monde arabe et non seulement de l’Arabie saoudite», a-t-il dit.

Jeudi, le programme du diplomate européen était chargé : le matin il devait voir Hosni Moubarak au Caire avant de se rendre en Jordanie. Javier Solana est également attendu à Washington lundi et mardi prochains. «La période qui s’annonce va être mouvementée et nous aimerions coopérer le plus possible pour faire avancer le processus de paix», a-t-il affirmé.

Il faut dire que l’idée saoudienne sonne comme l’ultime chance de renouer le dialogue entre l’Etat hébreu et le monde arabe. Si son contexte reste verbal et encore flou, il sera vraisemblablement affiné au fil des jours précédant le sommet de la Ligue arabe. Et toute la difficulté sera de transformer cette idée en initiative et cette initiative en véritable plan. Il faudra pour cela que le monde arabe parle d’une seule voix.



par Nicole  Bernheim

Article publié le 28/02/2002