Madagascar
Ratsiraka décrète la loi martiale
Didier Ratsiraka a décrété la loi martiale à Antananarivo. Et une question domine : Quelle sera l'attitude des militaires?
Tout paraît calme à Antananarivo en ce jour où les fonctionnaires sont allés faire acte de présence sur leur lieu de travail «pour toucher leur paye». La situation de blocage des institutions du pays, donne l’impression que chaque partie attend la faute de l’autre. La présidence de la république avait annoncé une intervention imminente de Didier Ratsiraka, le 28 février, à la radio et à la télévision sans préciser l’heure de cette allocution à la nation.
Du coup le «Premier ministre», Jacques Sylla, nommé par Marc Ravalomanana, qui avait promis la désignation rapide d’un nouveau gouvernement s’accorde un peu plus de temps pour poursuivre ses consultations. Mais le président Ratsiraka décide de rompre le silence et comme dans un jeu de cartes, reprend la main. Au lieu d’une déclaration radio et à la télévision, il a préféré convoquer la presse pour une conférence au palais présidentiel au cours de laquelle il a annoncé que la loi martiale est décrétée dans la capitale, à compter du 1er mars.
Après l’instauration de «l’Etat de nécessité nationale», lui conférant des pouvoirs exceptionnels, le président Ratsiraka est monté d’un cran dans la fermeté qu’il veut opposer aux initiatives de son adversaire. Lors de cette conférence de presse, il a également annoncé avoir transféré par décret «tous les pouvoirs détenus par le président de la république au gouverneur militaire de la ville d’Antananarivo». Ce poste qui n’existait pas vient d’être créé pour la circonstance et confié au général Léon-Claude Raveloarison.
Que vont faire les militaires?
La spécificité du poste de gouverneur militaire de la ville d’Antananarivo et le champ restreint de l’application de la loi martiale, uniquement sur la capitale, montre bien l’épreuve de force engagée par le président sortant contre son adversaire, Marc Ravolomanana, maire d’Antananarivo et qui comptait jusque là sur le soutien indéfectible de ses administrés, environ quatre millions d’habitants. Par ailleurs, le rassemblement quotidien sur la place du 13 mai, des pro-Ravalomanana, s’est maintenu avec autant d’assiduité que les jours précédents. En revanche les pro-Ratsiraka qui avaient pourtant promis de maintenir aussi un rassemblement quotidien sur la place Anosy, à un kilomètre de leurs adversaires, n’ont pas tenu parole. Selon quelques habitants de Tana, joints par téléphone, «désormais tout ce qui sera dit et fait» déterminera l’avenir de la grande île.
La question centrale est désormais de savoir comment se traduira dans les faits l’application des nouvelles dispositions prises par le pouvoir? C’est la grande question que se pose tout monde, au soir des manifestations sans heurts du 28 février. Quelle position adoptera l’armée? Elle qui a été silencieuse durant cette crise, et aujourd’hui associée, au règlement des problèmes. Les observateurs politiques avaient assimilé son mutisme à un parti pris en faveur de l’opposition qui s’est proclamée vainqueur des élections. Les partisans de Marc Ravalomanana qui s’étaient amusés du couvre-feu instauré dans la capitale, déclarent que «l’amiral Didier Ratsiraka, réfléchit en tant que militaire et apporte des solutions militaires» à un problème politique. Néanmoins le président Ratsiraka, après avoir planté son décor se dit «ouvert au dialogue».
Ecoutez également :
Didier Ratsiraka, au micro de Stanislas Ndayishimiye, affirme avoir instauré la loi martiale pour aider Ravalomanana à se faire obéir de ses militants. (01/03/2002, 0'50")
Norbert Ratsirahoun, ancien Premier ministre et proche de Marc Ravalomanana: «Je ne pense pas que c'est en prenant des mesures de ce genre que Madagascar sortira de la crise». (01/03/2002, 0'41")
Du coup le «Premier ministre», Jacques Sylla, nommé par Marc Ravalomanana, qui avait promis la désignation rapide d’un nouveau gouvernement s’accorde un peu plus de temps pour poursuivre ses consultations. Mais le président Ratsiraka décide de rompre le silence et comme dans un jeu de cartes, reprend la main. Au lieu d’une déclaration radio et à la télévision, il a préféré convoquer la presse pour une conférence au palais présidentiel au cours de laquelle il a annoncé que la loi martiale est décrétée dans la capitale, à compter du 1er mars.
Après l’instauration de «l’Etat de nécessité nationale», lui conférant des pouvoirs exceptionnels, le président Ratsiraka est monté d’un cran dans la fermeté qu’il veut opposer aux initiatives de son adversaire. Lors de cette conférence de presse, il a également annoncé avoir transféré par décret «tous les pouvoirs détenus par le président de la république au gouverneur militaire de la ville d’Antananarivo». Ce poste qui n’existait pas vient d’être créé pour la circonstance et confié au général Léon-Claude Raveloarison.
Que vont faire les militaires?
La spécificité du poste de gouverneur militaire de la ville d’Antananarivo et le champ restreint de l’application de la loi martiale, uniquement sur la capitale, montre bien l’épreuve de force engagée par le président sortant contre son adversaire, Marc Ravolomanana, maire d’Antananarivo et qui comptait jusque là sur le soutien indéfectible de ses administrés, environ quatre millions d’habitants. Par ailleurs, le rassemblement quotidien sur la place du 13 mai, des pro-Ravalomanana, s’est maintenu avec autant d’assiduité que les jours précédents. En revanche les pro-Ratsiraka qui avaient pourtant promis de maintenir aussi un rassemblement quotidien sur la place Anosy, à un kilomètre de leurs adversaires, n’ont pas tenu parole. Selon quelques habitants de Tana, joints par téléphone, «désormais tout ce qui sera dit et fait» déterminera l’avenir de la grande île.
La question centrale est désormais de savoir comment se traduira dans les faits l’application des nouvelles dispositions prises par le pouvoir? C’est la grande question que se pose tout monde, au soir des manifestations sans heurts du 28 février. Quelle position adoptera l’armée? Elle qui a été silencieuse durant cette crise, et aujourd’hui associée, au règlement des problèmes. Les observateurs politiques avaient assimilé son mutisme à un parti pris en faveur de l’opposition qui s’est proclamée vainqueur des élections. Les partisans de Marc Ravalomanana qui s’étaient amusés du couvre-feu instauré dans la capitale, déclarent que «l’amiral Didier Ratsiraka, réfléchit en tant que militaire et apporte des solutions militaires» à un problème politique. Néanmoins le président Ratsiraka, après avoir planté son décor se dit «ouvert au dialogue».
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Norbert Ratsirahoun, ancien Premier ministre et proche de Marc Ravalomanana: «Je ne pense pas que c'est en prenant des mesures de ce genre que Madagascar sortira de la crise». (01/03/2002, 0'41")
par Didier Samson
Article publié le 28/02/2002