Liberia
Face-à face historique à Rabat
Les présidents libérien, guinéen et sierra-léonais se sont rencontrés pour une première réunion au sommet à Rabat, au Maroc, les 26 et 27 février. Engagement est pris de mettre fin aux affrontements à leurs frontières. Mais il sera difficile à faire appliquer.
Va-t-on vers un apaisement entre le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone ? C’est en tous cas le message qu’ont voulu faire passer les trois chefs d’Etats membres de l’Union du fleuve Mano, au terme d’une réunion de deux jours, organisée à Rabat, sous les auspices du Maroc. Charles Taylor, Lansana Conté et Ahmed Tejan Kabbah se sont engagés à mettre fin aux affrontements qui se déroulent à leurs frontières communes depuis deux ans et ont provoqué d’importants déplacements de populations. Dans le communiqué final, il est question d'apaiser les tensions et, surtout, de neutraliser les groupes armés qui opèrent dans cette zone.
En revanche, les trois dirigeants ont évité les sujets qui fâchent, à savoir les accusations réciproques de soutien à des rébellions. Menacé par les hommes du LURD (Libériens unis pour la reconstruction et la démocratie), qui ont, tout récemment, lancé des attaques à 60 km seulement de la capitale, Charles Taylor n’a eu de cesse de pointer du doigt son voisin Lansana Conté, soupçonné de leur apporter son soutien. En retour, ce dernier a maintes fois affirmé que le Liberia apportait son aide à des groupes lui étant hostiles. «Nous avons tourné la page», a assuré le ministre guinéen des Affaires étrangères Mahwa Bangoura, en marge de la rencontre de Rabat.
Des engagements difficiles à concrétiser
Le face-à-face Taylor, est en tous cas un événement en soi. Dire que les deux hommes se vouent une hostilité respective est un euphémisme. Leur inimitié remonte à la guerre civile libérienne, entre 1989 et 1997. En 1990, Taylor lance une offensive avec son mouvement, le Front national patriotique du Libéria (NPLF), contre le régime du président Samuel Doe. Ses hommes sont bientôt aux portes de Monrovia, mais il est stoppé par la force ouest-africaine d'interposition (ECOMOG). Dominée par les troupes nigérianes, cette dernière est intervenue in extremis, en partie sur l'insistance du président Lansana Conté. Par la suite, la Guinée va choisir de soutenir et d'armer l'ULIMO, un mouvement armé favorable à Doe, puis, après une scission interne, l'ULIMO-K, faction dirigée par Alhaji Kromah, dont des éléments combattent actuellement dans les rangs du LURD. Autant dire que réunir les dirigeants libérien et guinéen à Rabat relevait de l’exploit.
Reste, bien sûr, à concrétiser des engagements, déjà pris l’année dernière lors de réunions des ministres des affaires étrangères de l’Union du fleuve Mano, à Monrovia, puis à Conakry. Des représentants des trois gouvernements doivent se revoir la semaine prochaine pour en parler. Parallèlement, le Nigeria a proposé d’accueillir des discussions sur la sécurité régionale dans le cadre de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
Pour Charles Taylor, le sommet de Rabat tombe à pic. Soumis à des sanctions de l’ONU depuis un an, pour son soutien aux rebelles du RUF, ce dernier est de plus en plus isolé internationalement. Honni par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qui le considèrent comme le principal fauteur de troubles de la région, l’homme fort de Monrovia doit faire face aux attaques du LURD, dont il assure qu’il reçoivent une aide de Washington et de Londres. L’arrestation du trafiquant d’armes et de diamants Sanjivan Ruprah, début février en Belgique, n’arrange pas non plus les affaires Taylor. Ce Kenyan d’origine indienne, ancien «Commissaire adjoint aux Affaires maritimes» au Liberia, intéresse beaucoup les Américains, pour ses liens étroits avec le trafiquant russe Victor Bout qu’ils soupçonnent d’avoir vendu des armes au régime Taliban afghan et au mouvement Al Qaïda. En clair le numéro un libérien, qui ne compte plus guère de soutiens extérieurs, attend plus que d’autres les retombées de la rencontre de cette semaine.
En revanche, les trois dirigeants ont évité les sujets qui fâchent, à savoir les accusations réciproques de soutien à des rébellions. Menacé par les hommes du LURD (Libériens unis pour la reconstruction et la démocratie), qui ont, tout récemment, lancé des attaques à 60 km seulement de la capitale, Charles Taylor n’a eu de cesse de pointer du doigt son voisin Lansana Conté, soupçonné de leur apporter son soutien. En retour, ce dernier a maintes fois affirmé que le Liberia apportait son aide à des groupes lui étant hostiles. «Nous avons tourné la page», a assuré le ministre guinéen des Affaires étrangères Mahwa Bangoura, en marge de la rencontre de Rabat.
Des engagements difficiles à concrétiser
Le face-à-face Taylor, est en tous cas un événement en soi. Dire que les deux hommes se vouent une hostilité respective est un euphémisme. Leur inimitié remonte à la guerre civile libérienne, entre 1989 et 1997. En 1990, Taylor lance une offensive avec son mouvement, le Front national patriotique du Libéria (NPLF), contre le régime du président Samuel Doe. Ses hommes sont bientôt aux portes de Monrovia, mais il est stoppé par la force ouest-africaine d'interposition (ECOMOG). Dominée par les troupes nigérianes, cette dernière est intervenue in extremis, en partie sur l'insistance du président Lansana Conté. Par la suite, la Guinée va choisir de soutenir et d'armer l'ULIMO, un mouvement armé favorable à Doe, puis, après une scission interne, l'ULIMO-K, faction dirigée par Alhaji Kromah, dont des éléments combattent actuellement dans les rangs du LURD. Autant dire que réunir les dirigeants libérien et guinéen à Rabat relevait de l’exploit.
Reste, bien sûr, à concrétiser des engagements, déjà pris l’année dernière lors de réunions des ministres des affaires étrangères de l’Union du fleuve Mano, à Monrovia, puis à Conakry. Des représentants des trois gouvernements doivent se revoir la semaine prochaine pour en parler. Parallèlement, le Nigeria a proposé d’accueillir des discussions sur la sécurité régionale dans le cadre de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
Pour Charles Taylor, le sommet de Rabat tombe à pic. Soumis à des sanctions de l’ONU depuis un an, pour son soutien aux rebelles du RUF, ce dernier est de plus en plus isolé internationalement. Honni par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qui le considèrent comme le principal fauteur de troubles de la région, l’homme fort de Monrovia doit faire face aux attaques du LURD, dont il assure qu’il reçoivent une aide de Washington et de Londres. L’arrestation du trafiquant d’armes et de diamants Sanjivan Ruprah, début février en Belgique, n’arrange pas non plus les affaires Taylor. Ce Kenyan d’origine indienne, ancien «Commissaire adjoint aux Affaires maritimes» au Liberia, intéresse beaucoup les Américains, pour ses liens étroits avec le trafiquant russe Victor Bout qu’ils soupçonnent d’avoir vendu des armes au régime Taliban afghan et au mouvement Al Qaïda. En clair le numéro un libérien, qui ne compte plus guère de soutiens extérieurs, attend plus que d’autres les retombées de la rencontre de cette semaine.
par Christophe Champin
Article publié le 28/02/2002