Congo démocratique
Un dialogue incertain
Le dialogue intercongolais, censé déterminer l'avenir politique du Congo démocratique, s'ouvre, ce lundi, à Sun City, en Afrique du Sud. L'issue de négociations, qui doivent durer 45 jours, s'annonce incertaine.
En Afrique du Sud, Sun City, évoque davantage les jeux de hasard ou les événements du show-biz international, que la politique. C'est pourtant dans ce cadre étrange que débutent, ce lundi, des négociations cruciales pour l'avenir de la République démocratique du Congo (RDC). Plus de 300 représentants du gouvernement, de l'opposition non-armée, des rebelles en lutte contre Kinshasa et de la société civile doivent s'y retrouver pour participer au dialogue intercongolais censé poser les bases d'un nouvel ordre politique pour le pays.
Prévu pour durer quarante-cinq jours, il constitue un volet clé du processus de paix visant à mettre fin au conflit qui divise le pays depuis août 1998. Depuis les accords de Lusaka, de juillet-août 1999, signés par les belligérants et leurs alliés respectifs (Rwanda, Ouganda, Zimbabwe, Angola, Namibie), des progrès ont été enregistrés, avec le redéploiement de leurs troupes, en mai 2001, de part et d'autre d'une ligne de front qui traverse le territoire du nord au sud. Près de 3000 soldats de la Mission d'observation des Nations unies pour le Congo (MONUC) ont, en outre, pris leurs quartiers dans les principales villes du pays. Mais le territoire est toujours partiellement occupé par le Rwanda, à l'Est, qui soutient les rebelles du RCD-Goma (Rassemblement congolais pour la démocratie), alors que le Mouvement de libération du Congo (MLC), de Jean-Pierre Bemba tient la partie Nord-Est du territoire.
Chacun campe sur ses positions
Sur le papier, c'est donc à la paix et au début d'une véritable normalisation politique, avec l'organisation des premières élections libres depuis quatre décennies, que doivent aboutir les discussions. En réalité, la plupart des observateurs avouent leur scepticisme quant aux résultats à attendre. Les réunions et médiations se sont multipliées, ces derniers mois, à Addis-Abeba, où une première tentative de tenir le dialogue intercongolais avait échoué en octobre 2001, Abuja, Bruxelles ou Genève. La France, la Grande Bretagne et surtout la Belgique ont également mis leur poids dans la balance pour rapprocher les points de vue. Mais au moment où s'ouvrent les discussions, chacun campe sur ses positions.
De passage en Europe la semaine dernière, le leader du MLC avait annoncé, avant de revenir sur sa décision, qu'il ne se rendrait pas à Sun City. Il contestait la composition de la délégation de l'opposition non-armée et le rôle de l'équipe du facilitateur, le Botswanais Ketumile Masire. Et sur ce point, il n'est pas le seul. Parmi les adversaires "civils" de Joseph Kabila, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), d'Etienne Tshisekedi, et les Forces novatrices pour l’union et la solidarité (FONUS), de Joseph Olenghankoy, critiquent également la manière dont les membres de la délégation de 55 membres ont été choisis. A leurs yeux, plusieurs des partis sélectionnés par le bureau du facilitateur sont des "sous-marins" de Joseph Kabila.
"Les vrais points de blocage ce sont les conditions de la transition, explique nénmoins un diplomate occidental. Jean-Pierre Bemba ne veut pas reconnaître la légimité de Kabila. Il estime qu'ils sont trois personnalités légitimes, lui-même, Kabila, et le leader du RCD-Goma Adolphe Onusumba." Certains évoquent déjà la possibilité d'un compromis à la burundaise qui verrait chacun des trois leaders présider à tour de rôle un gouvernement de transition. Une solution à l'évidence rejetée par l'opposition traditionnelle, puisqu'elle en serait exclue, et que refuse, pour l'instant, un Joseph Kabila manifestement désireux de rester à la tête du pays, jusqu'aux futures élections.
Pour sa part, le RCD-Goma a choisi de participer aux discussions. Mais il entend bien défendre son point de vue, calqué sur celui de son encombrant allié Rwandais, pour qui tout retrait de ses soldats du territoire congolais doit être assorti d'une neutralisation des anciens miliciens extrémistes hutus et militaires de l'ancien régime génocidaire qui opèrent toujours dans la zone qu'il contrôle. Cette question est d'ailleurs au cœur de nombreux échanges entre la France, d'une part, et la Grande Bretagne et les Etats-Unis, plus proches de Kigali. Paris estime que le régime de Paul Kagame exagère le danger à ses frontières pour justifier la présence de ses troupes à l'Est du Congo, et tente de convaincre Londres et Washington de rallier son point de vue en faisant pression sur le Rwanda.
Pour l'heure la France, la Grande Bretagne, les Etats-Unis et l'Union européenne ont appelé tous les acteurs de la crise à se rendre à Sun City, pour ce qu'ils considèrent comme le passage obligé vers un règlement de la crise. Il y a quelques jours, Ketumile Masire s'est déclaré déterminé à conduire le dialogue "à marche forcée", estimant que "les conditions requises pour un dialogue significatif sont assurées" et que les moyens financiers sont réunis grâce aux importantes contributions de l'Afrique du Sud et de l'Union européenne. L'ancien dirigeant botswanais à néanmoins ajouté que "le succès de la réunion dépendrait largement des Congolais eux-mêmes". Le pari est plus que délicat.
Prévu pour durer quarante-cinq jours, il constitue un volet clé du processus de paix visant à mettre fin au conflit qui divise le pays depuis août 1998. Depuis les accords de Lusaka, de juillet-août 1999, signés par les belligérants et leurs alliés respectifs (Rwanda, Ouganda, Zimbabwe, Angola, Namibie), des progrès ont été enregistrés, avec le redéploiement de leurs troupes, en mai 2001, de part et d'autre d'une ligne de front qui traverse le territoire du nord au sud. Près de 3000 soldats de la Mission d'observation des Nations unies pour le Congo (MONUC) ont, en outre, pris leurs quartiers dans les principales villes du pays. Mais le territoire est toujours partiellement occupé par le Rwanda, à l'Est, qui soutient les rebelles du RCD-Goma (Rassemblement congolais pour la démocratie), alors que le Mouvement de libération du Congo (MLC), de Jean-Pierre Bemba tient la partie Nord-Est du territoire.
Chacun campe sur ses positions
Sur le papier, c'est donc à la paix et au début d'une véritable normalisation politique, avec l'organisation des premières élections libres depuis quatre décennies, que doivent aboutir les discussions. En réalité, la plupart des observateurs avouent leur scepticisme quant aux résultats à attendre. Les réunions et médiations se sont multipliées, ces derniers mois, à Addis-Abeba, où une première tentative de tenir le dialogue intercongolais avait échoué en octobre 2001, Abuja, Bruxelles ou Genève. La France, la Grande Bretagne et surtout la Belgique ont également mis leur poids dans la balance pour rapprocher les points de vue. Mais au moment où s'ouvrent les discussions, chacun campe sur ses positions.
De passage en Europe la semaine dernière, le leader du MLC avait annoncé, avant de revenir sur sa décision, qu'il ne se rendrait pas à Sun City. Il contestait la composition de la délégation de l'opposition non-armée et le rôle de l'équipe du facilitateur, le Botswanais Ketumile Masire. Et sur ce point, il n'est pas le seul. Parmi les adversaires "civils" de Joseph Kabila, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), d'Etienne Tshisekedi, et les Forces novatrices pour l’union et la solidarité (FONUS), de Joseph Olenghankoy, critiquent également la manière dont les membres de la délégation de 55 membres ont été choisis. A leurs yeux, plusieurs des partis sélectionnés par le bureau du facilitateur sont des "sous-marins" de Joseph Kabila.
"Les vrais points de blocage ce sont les conditions de la transition, explique nénmoins un diplomate occidental. Jean-Pierre Bemba ne veut pas reconnaître la légimité de Kabila. Il estime qu'ils sont trois personnalités légitimes, lui-même, Kabila, et le leader du RCD-Goma Adolphe Onusumba." Certains évoquent déjà la possibilité d'un compromis à la burundaise qui verrait chacun des trois leaders présider à tour de rôle un gouvernement de transition. Une solution à l'évidence rejetée par l'opposition traditionnelle, puisqu'elle en serait exclue, et que refuse, pour l'instant, un Joseph Kabila manifestement désireux de rester à la tête du pays, jusqu'aux futures élections.
Pour sa part, le RCD-Goma a choisi de participer aux discussions. Mais il entend bien défendre son point de vue, calqué sur celui de son encombrant allié Rwandais, pour qui tout retrait de ses soldats du territoire congolais doit être assorti d'une neutralisation des anciens miliciens extrémistes hutus et militaires de l'ancien régime génocidaire qui opèrent toujours dans la zone qu'il contrôle. Cette question est d'ailleurs au cœur de nombreux échanges entre la France, d'une part, et la Grande Bretagne et les Etats-Unis, plus proches de Kigali. Paris estime que le régime de Paul Kagame exagère le danger à ses frontières pour justifier la présence de ses troupes à l'Est du Congo, et tente de convaincre Londres et Washington de rallier son point de vue en faisant pression sur le Rwanda.
Pour l'heure la France, la Grande Bretagne, les Etats-Unis et l'Union européenne ont appelé tous les acteurs de la crise à se rendre à Sun City, pour ce qu'ils considèrent comme le passage obligé vers un règlement de la crise. Il y a quelques jours, Ketumile Masire s'est déclaré déterminé à conduire le dialogue "à marche forcée", estimant que "les conditions requises pour un dialogue significatif sont assurées" et que les moyens financiers sont réunis grâce aux importantes contributions de l'Afrique du Sud et de l'Union européenne. L'ancien dirigeant botswanais à néanmoins ajouté que "le succès de la réunion dépendrait largement des Congolais eux-mêmes". Le pari est plus que délicat.
par Christophe Champin
Article publié le 24/02/2002