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Algérie

Fin de Antar Zouabri, fin des GIA ?

La mort du chef mythique du GIA met-elle un terme aux violences islamistes ? Les Algériens le souhaitent, mais peinent à s’en convaincre
De notre correspondant en Algérie

Tristement célèbre pour sa cruauté et les nombreux massacres commis par ses hommes, Antar Zouabri est tombé vendredi 8 février 2001 après une dizaine d’années d’activisme dans les régions du centre sud et à l’ouest de l’Algerois. Fin 1997, sa tête a été mise à prix par les forces de sécurité. Sa photo, alors qu’il avait juste une vingtaine d’années, était placardée dans les rues. Personne ne pouvait jusque là assurer qu’il était encore en vie. Il avait été donné pour mort à plusieurs reprises par la presse locale (Le Matin, El Watan...) et française (L’Humanité du 25 juillet 1997). Cette fois, son élimination physique a été officiellement confirmée par le chef de la 1ère région militaire le général major Fodhil Chérif, ancien chef de la lutte anti-terroriste auprès l’état-major de l’armée.

Chef présumé du GIA, Antar Zouabri, 31 ans, a été surpris à Boufarik, sa ville natale, alors qu’il se trouvait au domicile d’un repenti surnommé Sindbad, en compagnie d’un autre repenti. Encerclés dans cette maison située au centre ville, à côté du stade municipal, les trois hommes ont résisté pendant trois heures aux assauts d’un commando du Groupe d’intervention spécial (GIS, structure relevant du contre-espionnage) et de policiers spécialisés, avant d’être abattus. Cette opération anti-terroriste a été menée sur des renseignements recueillis environ 48 heures auparavant, a indiqué en substance le général major Fodhil Chérif. D’autres sources informées indiquent que la présence de Antar Zouabri dans cette planque était totalement fortuite. Elles étayent leur affirmation par le fait que le chef présumé du GIA n’a été identifié qu’une dizaine d’heures après l’opération.

Sa mise hors d’état de nuire tourne une page d’horreur et de sang sans pour autant lever, vraiment, le voile sur toutes les tueries imputées au GIA depuis juillet 1996 année ou, dans des circonstances violentes, Antar Zouabri a pris la succession de l’émir Djamel Zitouni. Ainsi, on attribue aux hordes sauvages de Antar Zouabri, plusieurs dizaines de viols, d’attentats, de faux barrages et de massacres collectifs dont ceux de de Bentalha et Rais, dans la proche banlieue d’Alger durant l’automne 1997. La soeur de Antar Zouabri, Aïcha, capturée par les services de sécurité, avait alors raconté dans des aveux télévisés comment elle dépouillait, de leur or et biens, les cadavres des femmes de Bentalha et Raïs. Aïcha est morte lors d’une tentative d’évasion, a révélé El Watan (10 février 2002) sans autre précision. La funeste saga des Zouabri s’achève ainsi, apparemment sans qu’il y ait le moindre survivant au sein de ce clan terroriste.
La relève
Au lendemain de la mise hors d’état de nuire de Antar Zouabri, un groupe armé a mitraillé un groupe de jeunes prés d’une salle de billard à Bougara, localité située à une vingtaine de kilomètres de Boufarik. Est-ce une vengeance des partisans de Zouabri ? Rien ne permet de l’assurer, tout comme absolument rien ne permet de soutenir qu’avec la fin de Antar Zouabri, c’est la fin du GIA. Ce groupe terroriste ne compterait plus qu’une quarantaine d’individus, a déclaré le général major Fodhil Chérif. Quelques mois auparavant, des sources gouvernementales citées par la presse locale avançaient le chiffre de 5 à 800 individus armés et dangereux, disséminés sur tout le territoire.

Sachant que les maquis ne sont pas complètement dégarnis, l’élimination de Antar Zouabri n’est qu’une victoire d’étape. Ses partisans pourraient rallier le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de Hassan Hattab, implanté notamment dans l’est algérien, estiment quelques observateurs. Par ailleurs, si les GIA fonctionnent avec un minimum d’organisation, ils pourraient se choisir assez rapidement un nouveau chef. Dans ce cas, des spécialistes locaux de la lutte anti-terroriste avancent que la relève pourrait être confiée à Miloud Bechghoul alias «Khaled el Fermèche».

Ce successeur potentiel de Antar Zouabri, originaire de Bou ismail sur le littoral à l’ouest de la capitale, sévit depuis des années dans cette région qui va jusqu’aux monts de Ténès. Quelle que soit l’évolution organisationnelle du terrorisme local, tous les observateurs à Alger convergent pour dire que la violence va continuer. Depuis le début de l’année 2002, les attentats à l’explosif ont repris et, selon un décompte de presse, plus de 150 civils ont été assassinés.




par Belkacem  Kolli

Article publié le 11/02/2002