Turquie
Un séisme fait 45 morts et près de 200 blessés
Trois ans après le tremblement de terre qui a fait plus de 20 000 morts, la Turquie a été secouée par un violent séisme, heureusement beaucoup moins meurtrier.
De notre correspondant en Turquie
«Je revenais du marché, après le petit déjeuner. Je marchais dans la rue quand la terre a grondé, ça montait des profondeurs, j'ai failli tomber. Quand j'ai vu les gens sortir en courant de leurs maisons, j'ai eu peur pour ma famille, et je me suis précipité chez moi, où, Dieu merci, tout le monde était sain et sauf. J'ai eu l'impression que la terre tremblait pendant dix minutes, mais c'étaient peut-être juste mes jambes. En tous cas, nous allons rester dehors! Même si elle est restée solide, pas question de dormir à l'intérieur!» Recep, fonctionnaire de 39 ans résidant à Bolvadin, épicentre du séisme de 6 degrés sur l'échelle ouverte de Richter qui a frappé l'ouest de la Turquie dimanche, en est quitte pour une grosse frayeur.
Une nouvelle fois, la terre s'est fâchée en Turquie, pays parcouru par d'innombrables zones de fracture sismique particulièrement actives, comme la célèbre et meurtrière faille nord-anatolienne qui tua par deux fois en 1999; 20 000 personnes le 17 août, puis un millier le 12 novembre. La faille qui s'est déchirée sur 30 kilomètres, dimanche matin à 9h11, est «indépendante», mais pas plus endormie: 400 morts en 1914, 4 morts en 1925, 96 morts en 1995, et 45 en ce début de troisième millénaire, selon un bilan officiel en fin de journée. Bilan probablement définitif puisque, selon les autorités qui ont annoncé la fin des recherches de sauvetage à la nuit tombée, plus personne ne demeurait enseveli sous les décombres, décédé ou encore en vie.
La nuit aura été longue et éprouvante pour des dizaines de milliers de personnes qui, suivant les conseils de prudence des responsables gouvernementaux et aussi leur peur, sont restées dehors, autour de feux improvisés, ou sous des tentes, distribuées en un temps record. Car il gèle toujours dans cette région encore blanche de neige, à plus de 1 000 mètres d'altitude au milieu du plateau anatolien. Beaucoup de bâtiments industriels se sont effondrés, mais aussi des maisons d'habitation, basses et souvent faites de torchis ou de pisé, qui n'ont pas résisté. Celles qui restent debout sont souvent lézardées et risquent de ne pas résister aux répliquent qui rappellent continuellement le danger. Le ministre de l'Habitat et des Travaux Publics Abdülkadir Akçan a promis que le gouvernement aiderait les gens à se reloger au mieux.
«Un grand désastre a été évité», a estimé M. Akçan sur place, et c'est vrai que, malgré un bilan trop lourd et des maisons, parfois de petits immeubles, effondrés sur elles-mêmes, la région ne présentait pas ce spectacle de fin du monde qui hante les esprits de la population turque depuis la terrible année 1999. L'image rassurante, sans doute, des hommes en orange de la Sécurité civile turque arrivés sur les zones sinistrées en une heure à peine, investissant les ruines et prenant en main les travaux de déblayage et de fouille y est pour beaucoup. L'armée également s'est montrée dès le matin, tournant en hélicoptère pour évaluer les dégâts et les besoins, puis aidant le soir à monter les tentes.
La leçon de 1999 a été retenue par l’État
Les responsables politiques, enfin, ont fait ce que l'on est en droit d'attendre d'eux en pareille circonstance: venir sur place, rassurer, et prendre les mesures qui aident à supporter la peur, la douleur, et à ne pas se sentir seuls. «Nous avons pris toutes les précautions pour l'après-séisme», a déclaré le Premier ministre Bülent Ecevit, dès le matin, au milieu des sinistrés. Il devait être suivi par le ministre de l'Emploi et de la Sécurité Sociale, Yasar Okuyan, qui soulignait à son tour la mobilisation en nombre du personnel des institutions de l'État, et la bonne coordination des services. De quoi - presque - effacer la formidable faillite des services publics en 1999...
«Il ne faut pas relâcher son attention», a pourtant rappelé Ahmet Mete Isikara, directeur du centre de sismologie Kandilli de l'Université du Bosphore, à Istanbul. «Ce tremblement de terre était attendu, comme le grand séisme qui frappera la région de la mer de Marmara [baignant Istanbul et Izmir, épicentre de la forte secousse de 1999], et il nous faut être prêts à cela», a-t-il rappelé avec insistance. Constatant avec satisfaction que les secours avaient gagné en efficacité, il a cependant regretté que le manque de précautions, ou de mesures constrictives légales, était encore patent, et n'aurait pas dû coûter «20 000 vies et 12 milliards de dollars» lors du drame de 1999. En cela, il est vrai, les actes du gouvernement se font toujours attendre.
«Je revenais du marché, après le petit déjeuner. Je marchais dans la rue quand la terre a grondé, ça montait des profondeurs, j'ai failli tomber. Quand j'ai vu les gens sortir en courant de leurs maisons, j'ai eu peur pour ma famille, et je me suis précipité chez moi, où, Dieu merci, tout le monde était sain et sauf. J'ai eu l'impression que la terre tremblait pendant dix minutes, mais c'étaient peut-être juste mes jambes. En tous cas, nous allons rester dehors! Même si elle est restée solide, pas question de dormir à l'intérieur!» Recep, fonctionnaire de 39 ans résidant à Bolvadin, épicentre du séisme de 6 degrés sur l'échelle ouverte de Richter qui a frappé l'ouest de la Turquie dimanche, en est quitte pour une grosse frayeur.
Une nouvelle fois, la terre s'est fâchée en Turquie, pays parcouru par d'innombrables zones de fracture sismique particulièrement actives, comme la célèbre et meurtrière faille nord-anatolienne qui tua par deux fois en 1999; 20 000 personnes le 17 août, puis un millier le 12 novembre. La faille qui s'est déchirée sur 30 kilomètres, dimanche matin à 9h11, est «indépendante», mais pas plus endormie: 400 morts en 1914, 4 morts en 1925, 96 morts en 1995, et 45 en ce début de troisième millénaire, selon un bilan officiel en fin de journée. Bilan probablement définitif puisque, selon les autorités qui ont annoncé la fin des recherches de sauvetage à la nuit tombée, plus personne ne demeurait enseveli sous les décombres, décédé ou encore en vie.
La nuit aura été longue et éprouvante pour des dizaines de milliers de personnes qui, suivant les conseils de prudence des responsables gouvernementaux et aussi leur peur, sont restées dehors, autour de feux improvisés, ou sous des tentes, distribuées en un temps record. Car il gèle toujours dans cette région encore blanche de neige, à plus de 1 000 mètres d'altitude au milieu du plateau anatolien. Beaucoup de bâtiments industriels se sont effondrés, mais aussi des maisons d'habitation, basses et souvent faites de torchis ou de pisé, qui n'ont pas résisté. Celles qui restent debout sont souvent lézardées et risquent de ne pas résister aux répliquent qui rappellent continuellement le danger. Le ministre de l'Habitat et des Travaux Publics Abdülkadir Akçan a promis que le gouvernement aiderait les gens à se reloger au mieux.
«Un grand désastre a été évité», a estimé M. Akçan sur place, et c'est vrai que, malgré un bilan trop lourd et des maisons, parfois de petits immeubles, effondrés sur elles-mêmes, la région ne présentait pas ce spectacle de fin du monde qui hante les esprits de la population turque depuis la terrible année 1999. L'image rassurante, sans doute, des hommes en orange de la Sécurité civile turque arrivés sur les zones sinistrées en une heure à peine, investissant les ruines et prenant en main les travaux de déblayage et de fouille y est pour beaucoup. L'armée également s'est montrée dès le matin, tournant en hélicoptère pour évaluer les dégâts et les besoins, puis aidant le soir à monter les tentes.
La leçon de 1999 a été retenue par l’État
Les responsables politiques, enfin, ont fait ce que l'on est en droit d'attendre d'eux en pareille circonstance: venir sur place, rassurer, et prendre les mesures qui aident à supporter la peur, la douleur, et à ne pas se sentir seuls. «Nous avons pris toutes les précautions pour l'après-séisme», a déclaré le Premier ministre Bülent Ecevit, dès le matin, au milieu des sinistrés. Il devait être suivi par le ministre de l'Emploi et de la Sécurité Sociale, Yasar Okuyan, qui soulignait à son tour la mobilisation en nombre du personnel des institutions de l'État, et la bonne coordination des services. De quoi - presque - effacer la formidable faillite des services publics en 1999...
«Il ne faut pas relâcher son attention», a pourtant rappelé Ahmet Mete Isikara, directeur du centre de sismologie Kandilli de l'Université du Bosphore, à Istanbul. «Ce tremblement de terre était attendu, comme le grand séisme qui frappera la région de la mer de Marmara [baignant Istanbul et Izmir, épicentre de la forte secousse de 1999], et il nous faut être prêts à cela», a-t-il rappelé avec insistance. Constatant avec satisfaction que les secours avaient gagné en efficacité, il a cependant regretté que le manque de précautions, ou de mesures constrictives légales, était encore patent, et n'aurait pas dû coûter «20 000 vies et 12 milliards de dollars» lors du drame de 1999. En cela, il est vrai, les actes du gouvernement se font toujours attendre.
par Jérôme Bastion
Article publié le 04/02/2002