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Proche-Orient

Bain de sang en Israël

L’engrenage sanglant du conflit israélo-palestinien s’est accéléré de façon dramatique depuis le 2 mars au soir: attaques palestiniennes en Cisjordanie et à Gaza en représailles aux opérations israéliennes et attentat suicide à Jérusalem-ouest qui ont fait au mois 21 morts dont sept soldats, côté israélien.
Œil pour œil, dent pour dent: tel semble être le nouveau credo, depuis quelques jours, au Proche-Orient. Au cours de deux raids successifs, des avions F16 israéliens ont survolé et frappé, ce dimanche matin, des objectifs palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie tandis que des chars tiraient deux obus, sans faire de blessé, contre un bâtiment de la police palestinienne, situé à quelques centaines de mètres du QG de Yasser Arafat. D’autre part, au nord de Naplouse, un Palestinien serait mort et quatre autres blessés suite à des tirs d’obus israéliens. Ce carnage intervient alors qu’une vingtaine d’Israéliens sont décédés durant les dernières 24 heures. De plus, ce dimanche matin, les Palestiniens ont ouvert le feu contre un barrage routier de l’armée israélienne à Ofra, à l’est de Ramallah, faisant sept morts et 5 blessés, côté israélien. Peu après, un soldat Israélien a succombé à ses blessures et 3 autres ont été grièvement blessés, suite à une attaque à l’arme automatique près du barrage routier de Kissoufim, entre la bande de Gaza et Israël.

Ces attaques sont intervenues au lendemain d’un attentat suicide à l’explosif, perpétré dans un quartier religieux de Jérusalem-ouest, et qui a tué neuf Israéliens, dont au moins quatre enfants, ainsi que le kamikaze palestinien. Une cinquantaine de personnes ont été blessées, pour la plupart légèrement. Cet attentat s’est déroulé alors que les fidèles sortaient des synagogues après le jour de repos hebdomadaire juif de Shabbat. Les Brigades des Martyrs d’al-Aqsa, un groupe issu du Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, ont revendiqué l’attentat suicide, de samedi soir, à Jérusalem. Ce groupe est devenu, ces dernières semaines, le fer de lance de l’Intifada, au point de supplanter le Hamas et le Jihad islamique. L’armée israélienne a répliqué à cet attentat par un raid d’hélicoptères, dans la nuit de samedi à dimanche, contre des bâtiments de l’Autorité palestinienne à Bethléem, ville du sud de la Cisjordanie d’où venait le kamikaze.

Condamnation de l’Europe

Cette intensification des attaques palestiniennes s’est produite alors que l’armée israélienne menait, depuis le 28 février, une opération de grande envergure dans les camps de réfugiés palestiniens de Balata et de Jénine, en Cisjordanie. Une opération qui a fait au moins 23 morts, 21 Palestiniens et deux soldats israéliens.

«Arafat a donné son feu vert aux organisations palestiniennes pour qu’elles déclenchent une offensive terroriste contre Israël» a déclaré Arié Meckel, porte-parole du gouvernement israélien. «Il n’y a plus de différence entre les organisations palestiniennes. Elles ont toutes opté pour la stratégie du terrorisme avec l’approbation d’Arafat, et nous devons apporter une réponse à cette guerre de terrorisme pour assurer la sécurité de nos citoyens et de nos militaires» a-t-il ajouté. Côté palestinien, le discours est tout autre : «Sharon a commencé une sale guerre contre le peuple palestinien (…) qui a le droit de se défendre» a estimé le secrétaire général du gouvernement palestinien, Ahmad Abdelrahmane. Pour sa part, un conseiller de Yasser Arafat, Nabil Abou Roudeina, a demandé au gouvernement israélien de «retirer ses troupes des territoires palestiniens et de commencer immédiatement des négociations sérieuses pour arrêter la guerre». Dans un discours à la nation, le 21 février dernier, Ariel Sharon s’était engagé à tout faire pour éviter «une guerre totale» avec les Palestiniens mais le Premier ministre israélien avait exigé avant toute négociation politique, un arrêt total des violences.

En Europe, le gouvernement allemand a condamné «avec la plus grande fermeté» l’attentat de samedi soir, appelant Israël et les Palestiniens à reprendre le dialogue «sans condition préalable». La France a, quant à elle, exprimer «son horreur et sa révulsion» ajoutant que «tout doit être entrepris pour que de telles tragédies prennent fin».Le Pape, Jean-Paul II, a renouvelé son appel au cessez-le-feu entre les deux parties et dit sa «profonde tristesse» devant l’escalade des violences poussant vers «le désespoir et la haine».



par Clarisse  VERNHES (avec AFP)

Article publié le 03/03/2002