Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France: présidentielle 2002

Lionel Jospin attaque Jacques Chirac

De retour d’un voyage éclair à La Réunion, Lionel Jospin s’en est pris avec vigueur à Jacques Chirac. Il a affirmé que le président sortant avait «perdu beaucoup de son énergie et de sa force», était «fatigué, vieilli, victime d’une certaine usure». «Il est temps», sous-entendu qu’il parte, a assuré le Premier ministre. Jacques Chirac, de son côté, a dénoncé, dans Le Figaro du 11 mars, des méthodes «de tous les extrémismes et de tous les fascismes».
Le duel entre les deux hommes s’est brutalement envenimé pendant le week-end dernier avec les confidences du Premier ministre candidat sur son principal adversaire, jugé «fatigué et vieilli». «Il a perdu beaucoup de son énergie et de sa force (…) il est victime d’une certaine usure» a-t-il dit. Lionel Jospin s’est laissé aller à quelques confidences devant des journalistes, dans l’avion du retour de la Réunion, dans la nuit de samedi à dimanche dernier.

A six semaines du premier tour de l’élection présidentielle, le candidat socialiste s’est défendu de mener des attaques personnelles, comme l’en ont accusé les chiraquiens. S’il «concentre» le tir sur le président sortant, c’est parce qu’il est son «adversaire principal» explique-t-on dans l’entourage de Lionel Jospin. La riposte chiraquienne ne s’est pas fait attendre. Pour Roselyne Bachelot, porte-parole de Jacques Chirac, «Lionel Jospin perd le contrôle de lui-même. Quelle confiance peut-on faire à quelqu’un qui, à l’évidence, ne se maîtrise pas». «Il montre son vrai visage» a-t-elle ajouté. Patrick Devedjian, conseiller politique du RPR a affirmé que le Premier ministre «entretient une sorte de climat de guerre civile». «Etre président, c’est représenter tous les Français, y compris ceux qui n’ont pas voté pour vous, c’est avoir de la tolérance» a déclaré le député des Hauts-de-Seine. A gauche, Bernard Kouchner, ministre délégué à la Santé, s’est dit surpris, ne reconnaissant «pas très bien» Lionel Jospin dans ses propos vigoureux. «Ce n’est pas son style. Je l’ai entendu très différent». Du côté des candidats, seuls Alain Madelin et François Bayrou, ont réagi aux propos acerbes du Premier ministre candidat. Le président et candidat de Démocratie libérale a déploré «le pugilat sordide des petites phrases (…) C’est le niveau zéro d’une campagne électorale». Quant au candidat UDF, il a déclaré que Lionel Jospin avait «fondu un plomb». «Cet échange d’injures publiques entre deux camps et deux chefs de camp hystériques l’un comme l’autre, ce n’est pas du tout ce que les Français attendent» a-t-il tenu à souligner.

«La campagne s’annonce rude»

Jacques Chirac a, quant à lui, dénoncé dans un entretien accordé au Figaro, les «campagnes haineuses» et le «mépris». Sur les affaires, le président sortant a fustigé des «méthodes qui sont celles de tous les extrémismes et de tous les fascismes». «Cela fait des mois que l’on voit resurgir de vieilles méthodes qui consistent à salir un homme à des fins politiques, à défaut d’être capable de le battre autrement» a-t-il dit en évoquant notamment l’affaire Schuller.

Mais il a aussi répondu plus directement au Premier ministre, en constatant que «certains candidats privilégient l’agressivité, l’arrogance et le mépris sur la proposition et la réflexion». «J’invite chacun à garder son sang-froid» a-t-il déclaré. Sans qualifier la campagne «d’ordurière», comme a pu le faire son épouse, Bernadette Chirac, le président a estimé qu’en tout les «cas, elle s’annonce rude».

Ces passes d'armes se déroulent alors que, selon un récent sondage, une large majorité de Français, 59% se disent encore «peu» ou «pas du tout» intéressé par la campagne pour l'élection dont le premier tour aura lieu le 21 avril et à laquelle se présentent une trentaine de candidats. Pour autant, toujours en charge de la conduite des affaires de l'Etat, Jacques Chirac et Lionel Jospin se retrouveront côte à côte à la fin de la semaine à Barcelone, en Espagne, pour représenter la France au sommet européen.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 11/03/2002